Crevettes
Un article de Encyclo-ecolo.com.
(9 révisions intermédiaires masquées) |
Version actuelle
L'empreinte écologique des crevettes
L'aquaculture des crevettes
- Dans la série des objets du quotidien qui peuvent avoir un impact méconnu et peu favorable à l'environnement, voici la crevette mondialisée. Les crevettes sont un excellent exemple du partage du travail dans l’économie mondialisée où chaque pays se spécialise sur telle ou telle tâche. Les 3/4 de la production de crevettes proviennent d'Asie (Indonésie, Thaïlande, Philippines, etc.), là où les conditions climatiques permettent une croissance rapide (plus la température de l’eau est élevée plus la crevette grandit vite). Le quart de la production de crevettes restant provient d'Amérique latine.
- Les élevages de crevettes ont explosé dans les années 1970, grâce à la demande des consommateurs aux États-Unis, en Europe de l'ouest et au Japon. Au total, plus de 4 millions de tonnes de crevettes sont vendues chaque année dans le monde.
- D’immenses surfaces de mangroves ont été défrichées pour installer des élevages de crevettes, ce qui a perturbé de nombreux écosysètmes très fragiles et causé une érosion importante des sols et, partant, un moindre protection naturelle contre les crues.
Les étangs d’élevage de crevettes sont abandonnés au bout de 3 à 5 ans car il se forme des dépôts importants de boue toxique au fond des bassins (mélange d’excréments et de produits chimiques) foramnt ainsi une zone inexploitable.
La consommation de crevettes et la santé
- La consommation de crevettes n'est pas dangereuse : toutefois, les crevettes commercialisées contiennent parfois des additifs chimiques pour améliorer leur durée de conservation. D'autres substances sont autorisés en quantité limitée et s'y retrouvent par fois (à la condition d'être mentionnées sur l'étiquette : benzoates, sorbates, sulfites
- Comme pour les autres produits de la mer, les crevettes peuvent parfois contenir des traces de divers polluants : métaux lourds (cadnium, mercure, plomb,) particules de plastique, hydrocarbures, ...
La pêche des crevettes est dévastatrice
- La pêche à la crevette est l'une des pires forme de pêche pour les ressources halieutiques.
- Les 3/4 de la pêche des crevettes sauvages se font avec des filets coniques tirés par les navires de pêche, souvent dans les baies et les estuaires, ce qui a pour effet de racler et d'endommager les fonds marins.
- Par ailleurs, on estime que, pour 1 kilo de crevettes pêchées, il faudrait pêcher involontairement jusqu’à 20 kg de poissons selon la FAO). Cela est du à la taille des crevettes et des filets de pêche : plus la crevette est petite, plus il faut utiliser des filets à petites mailles Ces filets à petites mailles capturent évidemment beaucoup de poissons - en plus des crevettes - Ce poisson est rejeté et n'est pas utilisé par l'industrie agro-alimentaire comme on aurait pu s'y attendre (pour faire des filets ou des croquettes de poisson par exemple).
Les prises mondiales de crevettes
Selon la FAO; la production mondiale de crevettes, à la fois de capture et d’élevage, s’établit à quelque 6 millions de tonnes, dont environ 60% destinées au marché international. Les prises mondiales de crevettes sont d’environ 3,4 millions de tonnes par an. L’Asie est la première région de pêche de crevettes. La Chine, avec quatre autres pays asiatiques, représente 55% des prises mondiales.
Le rapport préconise de promouvoir des plans d’aménagement durables des pêches de crevettes, de réduire la capacité de pêche et d’affronter la question de l’accès libre. « Dans les régimes d’accès limité avec des droits sûrs, il existe une relation durable entre les pêcheurs et la ressource, ce qui crée un levier formidable pour la conservation des ressources ”, souligne M. Turner.
Le rapport cite les pêcheries de crevettes de l’Australie et certaines pêcheries de crevettes d’eaux froides parmi les mieux gérées au monde, car elles sont fondées sur la participation des pêcheurs, la gestion des prises accessoires, la réduction des rejets et l’utilisation de droits de propriété dans l’aménagement.
Les pêches de crevettes engendrent des recettes économiques considérables, en particulier pour de nombreux pays en développement. Cependant, l’importance économique des crevettes doit être conciliée avec les préoccupations liées aux impacts environnementaux de leur pêche, souligne le rapport.
La surpêche, par exemple, est un problème très diffus, même si les ressources ne se sont pas encore épuisées malgré la forte pression exercée par la pêche. La pêche crevettière, et en particulier le chalutage dans les régions tropicales, produit de grandes quantités de prises accessoires qui sont, soit rejetées à la mer, soit gardées à bord.
Ces prises peuvent constituer un grave problème si les ressources biologiques sont gaspillées, les populations d’espèces rares et en péril sont menacées et de nouveaux prélèvements sont effectués dans les stocks halieutiques déjà abondamment exploités.
Les prises accessoires comprennent souvent des juvéniles d’espèces de poissons importantes sur le plan commercial (morue, rascasse, vivaneau rouge, maigre, thazard, thazard atlantique et truite de mer) ainsi que de tortues de mer.
La FAO estime que les pêcheries chalutières de crevettes sont la plus grande source individuelle de rejets. Si réduire les prises accessoires dans les petites pêches crevettières est une gageure, leur réduction future devrait être largement axée sur les grandes et moyennes pêcheries.
C’est dans ces dernières pêcheries que l’on a déjà obtenu des résultats remarquables en appliquant des modifications aux engins de pêche, aux quotas de pêche, aux interdictions de rejets et aux améliorations de la manutention et commercialisation des prises accidentelles, selon le rapport.
Dans de nombreux pays, des organismes de pêche faibles, le manque d’une volonté politique et une base juridique inappropriée sont à l’origine de dysfonctionnements, indique le rapport.
Source : FAO in .biodir.com/blogue/2009/02/19/il-faut-une-gestion-globale-de-la-peche-aux-crevettes/
Le parcours des crevettes jusqu'au consommateur
Comme un jean qui peut parcourir au total 27 000 km avant de trouver votre garde-robe, les crevettes illustrent l’intensité du commerce européen. Chaque jour pour chaque Européen, ce sont 70 kg de marchandises qui sont mises sur la route, ce qui correspond à 2,5 tonnes par an. Les crevettes surgelées que nous trouvons dans nos assiettes ont une histoire assez incroyable. </p>
Peu caloriques, riches en protéines, vitamines et sels minéraux, ces charmants invertébrés sont un mets de choix. Elles sont pêchées en Scandinavie, en Norvège ou en Suède, par des bateaux de pêche. Puis elles sont expédiées par camion et traversent douze frontières jusqu’au Maroc où elles sont lavées, épluchées par des ouvrières payées, en Dirhams, beaucoup moins cher qu’en Scandinavie.
Elles repartent ensuite en camion vers ….la Scandinavie. De là, elles sont réexportées vers toutes l’Europe. Pour chaque tonne de crevettes ainsi traitée, on dépense 150 litres de gasoil pour parcourir 10 000 kilomètres avant d’atterrir dans votre assiette. L'exemple des crevettes est valable pour d'autres produits. Chaque jour sont acheminées par la route 70 kg de marchandises par européen, soit 25 tonnes par an ! Privilégions une alimentation locale et de saison !
réduire sa consommation de crevettes
Les crevettees d’Asie n’offrent pas de garantie sur les conditions de leur pêche ou élevage. Seloon l’ONG américaine Center for a New American Dream si 1000 personnes d’arrêtent de consommer des crevettes, plus de 5,4 tonnes de produits de la mer sont épargnés / an. Faute de label précis et si vous ne pouvez pas faire sans crevettes, préférez les toutes petites crevettes roses pâles (souvent utilisées pour les cocktails avec avocat ou pamplemousse), issues des eaux froides, aux gambas ou grosses crevettes type « géantes tigrées » et « king prawns » qui sont sombres lorsqu’elles sont crues et viennent des eaux plus chaudes des pays tropicaux. La pêche aux toutes petites crevettes présente aussi des risques de prises annexes, mais si vous choisissez des crevettes d’Islande, vous avez plus de chances que les techniques de pêche ou d’élevage soient respectueuses de l’environnement. Enfin et surtout, préférez les crevettes biologiques (en provenance par exemple des élevages situés en Equateur ou au Vietnam), issues de Madagascar (où beaucoup d’efforts sont actuellement déployés pour rendre les pêcheries plus respectueuses de l’environnement , comme expliqué plus haut) ou encore d’Islande (de nouvelles techniques de pêches évitant les prises annexes y sont en cours de déploiement) . Et sensibilisez votre poissonnier en le questionnant sur l’origine des produits qu’il vend et en lui demandant des crevettes portant le Label Rouge ou le label AB: elles seront certes un peu plus chères mais comme vous en achèterez moins souvent
L'alimentation des crevettes
D'après le rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur la " situation mondiale des pêches et de l'aquaculture " en 2008, cet essor a fini par placer les crevettes de mer en tête des espèces consommatrices de farines de poisson (les crustacés d'eau douce arrivent en sixième position) et au quatrième rang pour la consommation d'huiles.
Cette dépendance apparaît d'autant plus forte que nombre de familles de crevettes, principalement carnivores, ont beaucoup de mal à grossir sans manger des protéines animales. Les pratiques varient toutefois fortement selon les régions. "A Madagascar, on trouve les élevages parmi les plus sophistiqués, explique Jean-François Baroiller, du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Grâce à des techniques de pointe, très coûteuses, les taux de mortalité sont réduits à 5 %."
Le recours aux farines de poisson est dans ce cas généralisé. " En Asie, on pratique l'élevage dans les étangs côtiers d'eau saumâtre. On ne donne pas d'aliments aux crevettes, qui se nourrissent de micro-algues renouvelées par les marées. Les taux de mortalité sont proches de 95 %. Mais ces élevages sont plus rentables que ceux de Madagascar parce que le seul coût, c'est l'achat des larves. Le reste, c'est la nature qui le fournit." (source : J Finoglio, le monde)
Le bilan carbone de la crevette tropicale
Selon des scientifiques réunis le 18 février2012 pour la réunion annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS), à Vancouver, les crevettes tropicales ont un bilan carbone calamiteux.
Pourquoi un tel bilan ? à cause de la déforestation ou des dégâts environnementaux causés par l'élevage et des émissions de gaz à effet de serre qu'il engendre mais aussi de l'impact de la nourriture, des emballages, du stockage et de la logistique nécessaires pour les envoyer à l'autre bout du monde.
Un sachet de 450 grammes de crevettes surgelées est source une tonne de dioxyde de carbone (1) : en Asie, 50 à 60% des élevages de crevettes sont implantés en bord de mer. Ces élevages empiètent souvent sur des mangroves et des forêts côtières sont fréquemment rasées pour y mettre les bassins de crevettes. Or , la mangrove a un rôle protecteur fondamental pour les populations exposées aux tsunamis ou aux tempêtes (2)
Selon J. Boone Kauffman. «L'empreinte carbone de crevettes produites sur ce type de terrain est environ 10 fois plus importante que la quantité équivalente de bœuf produite en zone de forêt tropicale»,
Des élevages de crevettes peu productifs
- les élevages de crevettes sont peu efficaces : ils ne produisent qu'un kilo de crevettes sur 13,4 mètres carrés de mangrove.
Les installations vétustes sont souvent abandonnées : les bassins d'élevage ne durent pas plus de 3 à 9 ans à cause des maladies qui prolifèrent dans les élevage, de l'acidité et de la contamination des sol
Pour que les sols se régénèrent, il faut entre 35 et 40 ans au terrain !
(1) selon les calculs du biologiste J. Boone Kauffman, pilote de recherches en Indonésie pour l'université de l'Etat d'Oregon. (2) Emily Pidgeon, de l'association Conservation International