Eau virtuelle
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La notion d'eau virtuelle
La notion, un peu abstraite, d'eau virtuelle n'est pas sans rapport avec celle d'empreinte écologique ou de bilan carbone. C'est un peu la même manière abstraite d'envisager l'impact d'un bien de consommation en termes de consommation d'eau.
Le concept d'eau virtuelle aide à connaitre l'impact d'un produit ou d'une culture en terme de consommation d'eau. L'eau virtuelle s'exprime généralement en litres d'eau par kilo.
L'eau nécessaire à la production d'un produit
- Tous les produits de consommation sont concernés car tout nécessite de l'eau. La fabrication des biens nécessite de l'eau, une quantité invisible à laquelle on ne pense pas. Ces quantités d'eau indispensables à la production des biens de consommation sont appelées "eau virtuelle".
- Pour produire une tonne de céréales, il faut 1 000 mètres cubes d'eau qui peuvent provenir soit de la pluie, des nappes phréatiques, les cours d'eau, la pluie ou de l'humidité du sol.
La principale consommation d'eau en France et dans le monde est consacrée à l'agriculture. l'eau et à la production de produits pour l'alimentation humaine ou animale (l'élevage notamment). C'est ce qui explique que les calculs d'eau virtuelle sont souvent appliqués aux productions agricoles.
L'eau virtuelle, un indicateur indirect du développement
Les calculs d'eau virtuelle montre qu'on peut relier les différents types d'alimentation aux différents niveaux de vie des pays étudiés.
- Le régime alimentaire des Américains qui comprend beaucoup de viande (les protéines animales) impliquent une importante consommation d'eau : environ 5,4 mètres cubes par jour.
- Un régime alimentaire végétarien nécessite environ 2,6 mètres cubes d'eau par jour.
L'empreinte en eau des produits de consommation
- Enfin, un régime de subsistance qui permet de répondre aux besoins nutritionnels de base nécessite un mètre cube d'eau. La quantité d'eau nécessaire à la production de certains produits de consommation courante. On peut également utiliser l'indicateur de l'eau virtuelle pour calculer l'empreinte moyenne en eau des habitants d'une nation. Ces mesures doivent toutefois être nuancées, puisqu'elles dépendent non seulement de la consommation humaine mais aussi très fortement des conditions climatiques. Néanmoins l'empreinte en eau permet de souligner les échelles de grandeur qui confirment l'iniquité dans la répartition des ressources entre les pays développés et les pays en développement
Empreinte en eau nationale
- En milliers de litres et en moyenne par personne par année:
- États-Unis 2 483
- Canada 2 049
- France 1 875
- Russie 1 858
- Brésil 1 381
- Moyenne 1 243
- Inde 980
- Haïti 848
- Chine 702
Source : waterfootprint.org
Plus qu'un simple indicateur, le calcul de l'eau virtuelle rappelle qu'à de nombreux endroits dans le monde, on exploite l'eau au-delà de sa capacité de renouvellement.
De 1,4 milliard à 2,2 milliards de personnes vivent dans des bassins où les besoins en eau des écosystèmes sont insatisfaits. Plusieurs fleuves, comme le Colorado ou le Huang He, ne se rendent plus à la mer à certaines périodes de l'année. Cette situation s'explique par la forte consommation d'eau dans le monde, qui est maintenant sept fois plus élevée qu'elle ne l'était au début du 20e siècle. Si la majorité des citoyens sont conscients de la quantité d'eau qu'ils utilisent pour leurs besoins domestiques, l'eau requise pour produire les biens qu'ils consomment est beaucoup moins connue. Pourtant, l'utilisation de l'eau dans la production agricole est de loin la plus grande responsable du problème que pose la surexploitation de l'eau.
- On manque d'eau dans la moitié des plus grandes villes du monde
Quantité d’eau nécessaire pour fabriquer les produits
- 400 à 11 000 m3/tonne de rayonne (viscose)
- 300 à 600 m3/tonne d’acier
- 500 m3/tonne de papier
- 300 à 400 m3/tonne de sucre
- 60 à 400 m3/tonne de carton
- 35 m3/tonne de ciment
Source: CNRS
Quantité d’eau nécessaire aux cultures
15% environ de l'eau utilisée dans le monde sont exportés sous forme d'eau virtuelle.
- 238 litres/kg de maïs ensilage
- 454 litres/kg de maïs grain
- 524 litres/kg d’orge
- 590 litres/kg de pomme de terre
- 590 litres/kg de blé
- 590 litres/kg de soja
- 1600 litres/kg de riz pluvial
- 5000litres/kg de riz inondé
- 5263litres/kg de coton
- Usage de prélèvements de l'eau (en milliards de litres)
- Usage domestique 350
- Agriculture 2 500
- Industrie 750
Source : Laserre et Descroix, 2002
L'eau est essentielle à la vie et cruciale pour la bonne santé des écosystèmes qui assurent un habitat aux différentes espèces, à la production de biomasse et au transport de nutriments. L'eau permet aussi la production agricole et industrielle.
L'empreinte en eau et l'eau virtuelle constituent des indicateurs intéressants pour orienter nos choix de façon à réduire notre consommation d'eau, et donc, à réduire la pression exercée sur cette ressource.
Calculer son empreinte personnelle en eau
- www.waterfootprint.org/?page=cal waterfootprintcalculator_indv_ext
Sur IPhone : WaterAflamed http://itunes.apple.com/fr/app/water-aflamed-water-footprint/id408976536?mt=8
source : François Décary-Gilardeau et Lysiane Roch Adjoints de recherche à la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable - UQAM
Nous mangeons plus d'eau que nous n'en buvons: l'iapplication pour iphone "We Eat Water" a été développée dans le but de favoriser la prise de conscience que prône les Nations Unies avec le slogan, "Nous mangeons plus d'eau que nous n'en buvons", et a créé une application destinée aux smartphones, "We Eat Water".
Empreinte en eau virtuelle (en litres) des produits alimentaires
L'eau virtuelle et la viande : Si le boeuf est l'un des produits contenant le plus d'eau virtuelle (15 487 l/kg), d'autres viandes sont moins consommatrices : un kilo de porc par exemple contient 4856 litres d'eau virtuelle, et le poulet 3918. Le fromage, quant à lui "pèse" 4914 litres d'eau au kilo.
- 1 kg de bœuf 15 500 litres d'eau virtuelle
- 1 kg de fromage 5 000 litres d'eau virtuelle
- 1 kg de coton 5 260 litres d'eau virtuelle
- 5 804 litres d'eau sont nécessaires pour cuisiner un simple "wonton" chinois.
- 1 kg de poulet 3 900
- 1 chandail de coton 2 700
- 1 hamburger 2 400
- 1 kg de papier 2 000
- 1 kg de sucre 1 500
- 1 kg de blé 1 300
- 1 kg de maïs 900
- 1 café 140
- 1 verre de bière 75
- 1 pomme 70
- 1 tranche de pain 40
- 1 thé 30
- 1 feuille de papier 10
Source : waterfootprint.org
L’eau virtuelle pour compenser les déséquilibres hydriques naturels
17 mars 2012 - Forum mondial de l'eau à Marseille :
Bien que non apparente à nos yeux, que ce soit pour produire une voiture, un tee-shirt, une baguette de pain ou tout autre produit ou service, l’eau est mobilisée.
C’est de loin la production agricole qui requiert la plus grande quantité d’eau : 70 % de l’eau mondiale y est consacrée !
A titre d’exemple, la production d’un kilo de poulet engloutit environ 3 900 litres d’eau, celle d’un kilo de céréales nécessite 1 300 litres.
La « double pyramide », développée par le Centre pour l’Alimentation et la Nutrition de l’entreprise Barilla, qui considère la relation entre l’eau et l’alimentation, met en évidence le faible impact du régime alimentaire méditerranéen sur les ressources en eau.
Du côté des biens industriels il est estimé que la production d'un kilo de coton nécessite 5 260 litres d'eau et celle d'un kilo de papier 2 000 litres. A partir d’un panier moyen de biens consommés, il est ainsi possible d’évaluer la quantité d’eau virtuelle utilisée par habitant et par pays : 1 400 litres en Asie, 4 000 litres en Europe et en Amérique du Nord, selon la FAO. L’eau virtuelle est donc également un outil pour mesurer l’impact de nos modes de vie sur les ressources en eau. Maurice Bernard, Directeur du département développement durable à l’AFD indique que « d’une part la population augmente et d’autre part, nos modes de vie sont de plus en plus consommateurs d’eau ».
Opportunités d’action pour atténuer le déséquilibre géographique de la répartition de l’eau Au-delà de ces chiffres, faire apparaître l’eau cachée de nos consommations permet d’envisager de nouvelles opportunités de compenser le déséquilibre géographique de la répartition de l’eau à la surface du globe.
L’analyse de la balance « importation/exportation d’eau virtuelle » conduirait les pays en situation de stress hydrique à limiter les exportations de denrées mobilisant de grandes quantités d’eau lors de la production pour limiter l’impact global sur la ressource. L’exportation de biens à forte composante en eau depuis les pays naturellement mieux dotés en eau permettrait un apport virtuel d’eau vers les pays en situation de stress hydrique.
Au niveau local, l’implication de tous peut par exemple se décliner par des choix de consommation qui privilégient des produits à « faible valeur d’eau ajoutée ».