Pêche en eaux profondes
Un article de Encyclo-ecolo.com.
Version du 1 septembre 2011 à 15:17
La pêche en eaux profondes
La pêche en eaux profondes est un phénomène relativement récent :
- La pêche en eaux profondes de 1964 à 2000 : « Les pêches profondes ont contribué aux captures mondiales de poissons à hauteur de 800 000 à 1 000 000 tonnes par an. »
- La pêche en eaux profondes entre 1975 et 2005 : selon le rapport MRAG sur les pêches profondes, il y a eu une croissance mondiale spectaculaire. « Les captures des pêcheries profondes ont globalement crû de 440% (eaux internationales et ZEE confondues), un chiffre à comparer avec la croissance moyenne de 47% des captures mondiales globales. »
- Jusqu'à une époque récente, l'exploitation des eaux profondes était rendue difficile par leur profondeur et l'existence de ressources relativement plus abondantes à des profondeurs moindres n'incitait pas les pêcheurs à se tourner vers des régions d'exploitation aussi difficile.
- Seules quelques pêcheries en eaux profondes ont une longue tradition, comme la pêche à la ligne du sabre noir (Aphanopus carbo) au Portugal (Madère), la pêche à l'escolier serpent (Gempylidés) et aux ceintures d'argent (Trichiuridés) dans les îles du Pacifique ou la pêche en eaux profondes du requin (en vue de l'extraction de scalène) en Afrique de l'Ouest. Or, à l'origine, toutes ces pêcheries étaient artisanales. (FAO)
Les principales zones de pêche en eau profonde des navires européens se situent à l’ouest de l’Ecosse et de l’Irlande dans les eaux sous souveraineté irlandaises et britanniques, dans les eaux sous souveraineté des Iles Féroé, et sur le banc d’Hatton (haute mer). Une pêcherie portugaise s’est également développée autour des îles de Madère et des Accores.
Les poissons et la faune des grands fonds
- Dans les profondeurs, la vie existe, elle est même riche mais elle se déroule au ralenti. Les écosystèmes profonds abritent une vie foisonnante malgré l'absence de photosynthèse, les énormes pressions (à 10 000 mètres, elle est d'une tonne par cm2, soit le poids de 50 avions sur 1 personne), des températures proches de zéro...
Mais la faune et la flore des grands fonds est très très fragile : la biodiversité d'eaux profondes alterne des zones désertiques et des oasis de profusion animale et végétale. La vit tourne au ralenti, alimentée par une pluie délicate et continue de déchets coulant lentement vers le fonds des zones plus proches de la surface océanique.
Du fait de leur profondeur, les espèces abyssales et des grands fonds sont très mal connues, tant par leur biologie que par leur répartition. Cependant, on estime qu'il y aurait de 1 à 10 millions d'espèces à découvrir dans les abysses, un capital biologique d'une richesse énorme pour l'avenir de la recherche biologique, chimique ou médicale et donc pour l'humanité.
Ainsi à l'Ifremer on étudie quelques uns des étonnants organismes des eaux profondes, dont les qualités pourraient être à l'origine de brevets pour les industries agroalimentaire, pharmaceutique ou cosmétiques :
- les enzymes des abysses hydrothermaux qui simplifient la fabrication d'amidon,
- les bactéries ou enzymes résistant à des pressions énormes ou à des pH super acides,
- le ver géant Riftia qui près des sources chaudes transforme les métaux lourds en sucre en symbiose avec des bactéries tout en maîtrisant la prolifération de celles-ci,
- les micro-organismes aux propriétés étonnantes de régénération, ou aux vertus anti-oxydantes
Quels pays pratiquent la pêche en eaux profondes
- Au cours de la période 1950-‐2008, 52 nations ont été impliquées à des degrés très variés dans les captures d’espèces profondes !
- + de 4 millions de tonnes pour la Nouvelle-‐Zélande
- 4 tonnes déclarées pour Saint-‐Pierre et Miquelon et 18 tonnes pour Chypre
- Le total cumulé de toutes les captures mondiales atteint près de 15 millions de tonnes (14 864 108 tonnes).
- La Nouvelle Zélande et la Russie ont capturé à elles seules plus de 31% et 16% respectivement du total sur la période.
- Le Japon 10% suivi de l’Islande.
- L’Espagne, le Portugal et la France, plus de 4 et 3%.
Part dans les captures d’eaux profondes de l’UE en 2088
- Les 10 premières nations ont capturé plus de 83% des prises mondiales.
La répartition par pays des captures d’eaux profondes a été de :
- Espagne 38 %
- France 31 %
- Portugal 20 %
- Autres 11 %
> Total 100 %
La pêche en eaux profondes, la plus dévastatrice de toutes les formes de pêche
- La diminution des débouchés offerts par les pêches côtières ainsi que l'amélioration des engins de pêche et des instruments de navigation ont entraîné une expansion de la pêche en eaux profondes dans les années 1990. Un exemple probant d'un secteur de pêche en eaux profondes ayant connu une expansion ces dernières années est celui de l'hoplostète orange (voir plus bas)
Ne plus acheter les espèces visées par ce type de pêche, telles que le flétan ou le grenadier.
Les océans sont en train de mourir, notamment en Europe. Parmi les espèces de poissons que l'on trouve sur nos étals, 9 sur 10 sont surexploitées ou au bord de la surexploitation. Si on continue à ce rythme, d'ici 35 ans les océans seront vides.
Une pêche minoritaire mais dramatique
- L’Union européenne a déclaré un total de capture supérieures à 43 000 tonnes de poissons d’eaux profondes dans l’Atlantique nord-est en 2008.
- Ce chiffre est probablement inférieur au nombre exact des captures communautaires. L’UE ne tient des statistiques que pour 46 espèces d’eaux profondes, alors que près de 70 espèces sont prises par les pêcheries d’eaux profondes de l’Atlantique nord-est.7
La capture par l’UE de ces 46 espèces a représenté en 2008 83 % du total de captures de ces espèces, tous pays confondus, en Atlantique nord-est8. La valeur de ces captures équivalait à 121 millions d’€ , soit seulement 1,8 % du total des débarquements communautaires pour l’ensemble des pêcheries.
Valeur des captures d’eaux profondes de l’UE en 2008
>> 121,3 millions € au total au niveau européen
- Cernier atlantique 20 %
- Grenadier de roche 15 %
- Sabre noir 13 %
- Congre commun 10 %
- Dorade rose 10 %
- Autres 33 %
> Total 100 %
Les principales espèces profondes ciblées par les flottes européennes et auxquelles le rapport MRAG se réfère sont :
- le flétan noir ou « flétan du Groenland » (Reinhardtius hippoglossoides),
- l’empereur (Hoplostethus atlanticus): l’empereur est une espèce à forte valeur marchande et facilement commercialisable. Il semblerait que ce soient les débarquements effectués par les Français qui conduisirent d'autres nations à explorer le potentiel de la pêche profonde dans cette zone de l'Atlantique.
- les dorades sébastes (sébaste du Nord Sebastes mentella et grand sébaste Sebastes marinus),
- la crevette nordique (Pandalus borealis),
- la lingue ou lingue franche (Molva molva),
- la lingue bleue (Molva dypterygia),
- la légine australe (Dissostichus
Impact de la pêche en eaux profondes sur l'habitat
- En matière de pêche en eaux profondes, il ne faut pas parler de menace potentielle mais bien d'un danger avéré et de milieux naturels fragiles en cours de destruction
- L'apparition de nouvelles technologies a en effet contribué au développement de cette pratique. « Les espèces concernées sont difficilement accessibles, rappelle Pascal Lorence. Elles vivent entre 400 m et plus de 2 500 m de profondeur dans des endroits très localisés. L'apparition, durant les années 80, de chaluts capables d'opérer à ces profondeurs, du GPS et de sondeurs de plus en plus performants, a permis de contourner ces difficultés. »
- 80% des captures de poissons des abysses se fait par la pêche au chalut de fond à l'aide de filets géants atteignant 125 mètres d'ouverture. Comme l'a constaté un plongeur de l'Ifremer (Daniel Desbruyères), habitué des plongées profondes, cCes filets, trop grands et très lourds, ratissent les fonds de manière irrémédiable pour ne recueillir que ... pas grand chose ; un peu comme si on rasait une forêt au bulldozer pour cueillir une fleur.
- Les engins de pêche sont devenus plus efficaces, grâce à l'introduction des lignes en fibre monofilament et à l'augmentation considérable du nombre d'hameçons par ligne (aujourd'hui compris entre 4000 et 5000).
- Les habitats victimes des pêches profondes sont suraffectés par le contact des engins de pêche sur le fond. Selon l'Ifremer : "Les chaluts profonds dont chacun des panneaux peut peser près d'une tonne et le bourrelet plusieurs tonnes laissent des traces. Ces traces restent visibles sur les fonds sableux ou vaseux, mais c'est lorsqu'ils impactent des coraux profonds (préférentiellement appelés coraux d'eau froide, car on les trouve non seulement par grande profondeur, par exemple entre 400 et 1000 m dans le golfe de Gascogne mais aussi par des profondeurs bien moindres dans les régions froides, par exemple 40 m de profondeur en mer de Norvège) ou des zones couvertes de grandes éponges que l'effet des engins de pêche, notamment des chaluts est problématique. Les coraux d'eau froide sont présents un peu partout sur la pente continentale. Ils forment localement des communautés très denses et sont absents d'autres secteurs. Ils abritent une grande biodiversité et doivent à ce titre être préservés, c'est pourquoi certaines zones de l'océan sont désormais interdites à la pêche profonde".
- Dans les années 90, les services de renseignement américains ont mis dans le domaine public leurs cartes détaillées des fonds sous-marins. Il faut savoir que si ces espèces de poissons vivent sur la pente continentale, elles abondent également autour des nombreuses montagnes sous-marines longtemps ignorées des cartes traditionnelles…
La pratique des rejets
La plupart des navires de pêche en eaux profondes capturent plusieurs espèces à la fois, de telle sorte que la capture d’espèces non ciblées, y compris des espèces de requins profonds en danger d’extinction, est inévitable.
- Selon le rapport de mai 2011 du PEW Environment group, "La pratique des « rejets », qui consiste à rejeter à la mer les poissons les moins intéressants,
est particulièrement répandue dans le cadre des pêcheries d’eaux profondes avec 50 % ou plus des captures rejetées et donc gaspillées. Pire encore, de multiples preuves révèlent la pratique courante des fausses déclarations ou de l’absence de déclaration des captures. Sans données exactes sur les captures, les scientifiques et les gestionnaires ne peuvent pas gérer ces pêcheries de manière efficace."
Des poissons profonds qui se renouvellent peu
Dans les profondeurs, la vitesse de reproduction du vivant est très lente
- 1 heure de pêche, 4000 ans de réparation : quand les filets de pêche raclent des coraux, refuges de biodiversité et des poissons, et qu'ils en détruisent des massifs entiers, il faut savoir qu'ils éliminent un patrimoine vivant qui a mis plusieurs milliers d'années à pousser, 4000 ans, parfois 10 000 dans certains cas. La campagne CARACOLE menée par l'Ifremer en 2001 ainsi que plusieurs études norvégiennes, ont montré que ces coraux sont définitivement détruits après le passage de chaluts de grand fond.
- Suite à ces conditions d'environnement particulières, les stocks de poissons profonds sont globalement moins productifs (ils se renouvellent moins vite) que ceux de poissons côtiers. De nombreux exemples à travers le monde montrent qu'une exploitation non contrôlée peut rapidement réduire les stocks profonds. Il est néanmoins possible de les pêcher de façon durable, sans mettre en cause leur pérennité, si la quantité pêchée est en adéquation avec les capacités de renouvellement de ces espèces. Le tableau donnant les caractéristiques biologiques des principales espèces montre qu’il ne faut pas généraliser. Ainsi, la durée de vie et la maturité sexuelle varient considérablement selon les espèces. Les caractéristiques biologiques du sabre, comme celle de la lingue bleue, les rapprochent des espèces communes du plateau continental (lieu noir par exemple) et les distinguent profondément des espèces à vie longue (empereur, grenadier). (FAO)
- La reproduction lente de ces poissons - ils atteignent la maturité sexuelle à l'âge à peu près identique comme êtres humains - est l'une des raisons principales qu'ils ne peuvent pas récupérer de la pêche excessive.
> Grande longévité + croissance lente + reproduction tardive = grande vulnérabilité des poissons des profondeurs
La pêche en eaux profonde, difficile à justifier économiquement
- Dans un rapport publié récemment, l'association Bloom, spécialisée dans la protection des poissons et du milieu marin, montre que cette pêche est également difficile à justifier d'un point de vue économique (bloomassociation.org/bloom/download/Profil_ecologique_et_socio-economique_des%20peches_profondes.pdf)
Selon Bloom, en France, les 2 principales flottes pratiquant la pêche au chalut de fond auraient touché chacune plusieurs millions d’euros de subventions publiques au cours de ces dernières années, d’après les calculs de l’association. Sa présidente, Claire Nouvian, juge « éthiquement problématique que ces subventions soutiennent une pêche qui anéantit des écosystèmes et des espèces vulnérables ».
- Depuis 2003, l'Europe a instauré un système de quotas basés sur l'état des stocks estimés par le CIEM, Conseil international pour l'exploration de la mer. Pour l'année 2006, les prises autorisées ont été réduites de 20 % par rapport à celles de 2003.
- Selon Greenpeace, le chalutage en eaux profondes est pratiqué par une petite flotte de moins de 400 bateaux basés à 60% en Espagne (107), au Danemark (77) et en France (74).
Selon les chiffres de la FAO, la pêche de grands fonds n'a représenté en 2001 que 280 à 320 millions €, soit 0,5% du chiffre d'affaires de la pêche mondiale.
Interdire ne déséquilibrerait pas l'industrie de la pêche et naurait que peu d'impact économique au niveau mondial.
L'état des stocks de poissons d'eaux profondes
- Selon le Conseil international pour l’exploitation de la mer (principal organe consultatif scientifique pour la pêche dans l’Atlantique nord est), les informations disponibles indiquent que toutes les espèces d’eaux profondes sont actuellement pêchées « au delà des limites biologiques de sécurité ». (CIEM, 2010, Report of the ICES Advisory Committee. Livre 11: Technical Service. 11.2.1.1. sur les captures des stocks (gérés par la Communauté) à l’intérieur et au-delà des
limites biologiques de sécurité,)
Une étude canadienne, 5 espèces des poissons d'eau de mer profonde seraient au bord de l'extinction dû au décalage de la pêche professionnelle des plateaux continentaux des pentes des plateaux continentaux, vers le bas des profondeurs de 1600 mètres :
- grenadier à pointe ronde,
- grenadier d'oignon-oeil,
- merluches bleues,
- anguille épineuse
- raie de spinytail
La position officielle des pêcheurs
- Le comité des pêches, au sujet de la pêche profonde, écrit sur son site web :
" ..;la plupart des espèces d’eau profonde ne sont pas pêchés au-dessus des coraux. D’autre part, les coraux sont principalement établis dans les zones les plus accidentées non accessibles à la pêche ou dangereuses pour leurs filets. Enfin, plusieurs zones de protection des coraux profonds ont été instaurées par l’Union européenne dans les eaux communautaires et par la NEAFC (Commission des Pêches de l’Atlantique Nord Est) en haute mer.
Interdire le chalutage en eau profonde n’est pas la solution. Cette mesure est disproportionnée et discriminatoire ; elle ne règle pas le problème global de conservation de l'environnement profond, également soumis aux forages pétroliers et à la pose de câbles sous-marins.
D’autres mesures, supportables par la profession, peuvent être envisagées :
- création de nouvelles zones de protection des coraux profonds,
- modification des engins pour réduire leur impact.
- Par ailleurs, il serait souhaitable que les mesures soient prises au sein d’organisations régionales de pêche ayant un véritable mandat sur les espèces d’eau profonde."
Le combat de Greenpeace contre le chalut en eaux profondes
- Selon l'ONG Greenpeace, le chalutage profond entraîne des rejets en mer d’animaux morts et détruisent le fond des océans. Intermarché possède la plus importante flotte de chalutage profond en France.Focus de Greenpeace sur l’activité chalutage profond d’Intermarché ici : http://bit.ly/l26ndZ
Intermarché montré du doigt
Intermarché capture 60% des prises françaises en termes de pêche profonde. Si cela ne représente que 8 bateaux, la technique de pêche est particulièrement destructrice. Les chaluts sont des filets coniques, dont l’ouverture peut être aussi large qu’un terrain de football, tirés par des bateaux au dessus du plancher océanique, raflant tout sur leur passage. C’est un scandale qui doit stopper.
Greenpeace demande à Intermarché d’arrêter la pêche par chalutage profond et d’orienter son activité vers des pratiques qui n’engendrent ni la surpêche ni la destruction des fonds marins.
Une activité qui survit sous perfusion des fonds de l’Union européenne
L’Union européenne a entamé un processus de réforme de la Politique commune des pêches européenne, qui régule les pratiques de nos flottes dans et hors des eaux communautaires. La flotte d’Intermarché a survécu malgré sa mauvaise santé économique grâce à 9,7 millions d’Euros de fonds publics, payés par le contribuable français et européen, entre 1996 et 2008. Intermarché a par la suite, en 2008, injecté 20,4 millions d’Euros dans sa flotte pour la maintenir à flot.
Dans le cadre de cette réforme, Greenpeace demande que l’UE cesse de subventionner les techniques destructrices comme le chalutage profond
Les poissons des profondeurs
La masse d'eau des "grands fonds" des océans est subdivisée en 4 zones de profondeur :
- la zone mésopélagique (150 -1000 m);
- la zone bathypélagique (1000-3000m);
- la zone abyssopélagique (3000-6000m);
- la zone hadale (plus de 6000 m de profondeur), dans les fosses océaniques profondes.
Le classement des poissons selon la profondeur
On en sait encore très peu sur les poissons des eaux profondes, dont on continue de découvrir des espèces. Les poissons se classent en 3 groupes:
- Les poissons pélagiques : vivent le plus souvent entre deux eaux et ne dépendent pas des fonds marins ;
- Les poissons démersaux : vivent près des fonds et en dépendent ; la plupart des familles démersales d'eaux profondes sont présentes partout dans le monde, mais l'existence de bassins isolés en eaux profondes délimités par les continents et les dorsales océaniques entraîne des différences régionales qui seraient dues à la dérive des continents et à la formation des océans qui en a résulté.
- Les poissons benthopélagiques : vivent près des fonds, mais font de courtes migrations dans la masse d'eau (pour s'alimenter).
En règle générale, les poissons démersaux évoluant en eaux profondes proviennent de groupes nettement plus anciens d'un point de vue phylogénétique que les espèces pélagiques (les premières espèces démersales existaient déjà il y a 80 millions d'années).
Comme les espèces démersales sont réparties selon la profondeur, celles qui vivent sur la pente continentale et le glacis continental sont réparties sur des zones de profondeurs semblables à des bandes sur le pourtour des océans. Lorsque les espèces pélagiques d'eaux profondes et les espèces démersales évoluent dans le même milieu, il y a généralement prédation entre les deux groupes.
image .comite-peches.fr
Les zones de pêche en eaux profondes
- Selon le CIEM, la quasi totalité des captures d’espèces profondes dans les eaux européennes se trouvaient en dehors des limites de sécurité biologique : un stock de poissons est en dehors des limites biologiques de sécurité si sa biomasse est inférieure à la valeur correspondant à un principe de précaution préconisé par le CIEM, quand sa taille ne garantit pas pleinement sa survie.
De plus, dans certaines zones de pêche, sur 3 à 4 espèces recherchées pour l’alimentation, 78 autres sont pêchées sans aucune chance de survie ! Ces prises normalement qualifiées d’accessoires deviennent ici prépondérantes…
Les principales zones de pêche en eau profonde des navires européens se situent à l’ouest de l’Ecosse et de l’Irlande dans les eaux sous souveraineté irlandaises et britanniques, dans les eaux sous souveraineté des Iles Féroé, et sur le banc d’Hatton (haute mer). Une pêcherie portugaise s’est également développée autour des îles de Madère et des Accores. La pêche en eau profonde se pratique entre 600 m et 1500 m de fond et les principales espèces exploitées sont :
La pêche en eaux profondes dans l’Atlantique nord
- La pêche en eaux profondes dans l’Atlantique nord concerne le grenadier de roche (« roundnose grenadier »), le sabre noir (« black scabbard »), la lingue bleue (« blue ling »), les requins siki (« deepsea sharks »), l’empereur ou hoplosthète (« orange roughy »), le flétan noir (« greenland halibut »), le brosme (« tusk »), la lingue franche (« ling »), la physis (« forkbeards »).
La pêche en eaux profondes ailleurs dans le monde
- La pêche en eaux profondes ailleurs dans le monde concerne la légine (« toothfish ») (eaux antarctiques, notamment celle des Terres Australes et antarctiques Françaises), l’empereur (eaux néo-zélandaises et australiennes), le hoki – sorte de grenadier – (eaux néo-zélandaises), les crevettes profondes (notamment en Méditerranée), ….
D’autres espèces de poissons, qui ne sont pas qualifiées d’eau profonde, sont néanmoins également capturées dans des profondeurs de 600 à 800 mètres dans l’Atlantique Nord (baudroie, merlu...).
Les poissons des profondeurs à éviter
- Les principales espèces exploitées sont l’hoplostète ou empereur, le grenadier de roche, le sabre noir, la lingue bleue, le flétan noir, le brosme, la lingue et les requins siki.
Quels poissons acheter pour éviter d'accentuer la désertification des océans ? La surconsommation et la surpêche, sont telles qu'on a peur que les ne soient bientôt vides de leur poissons.
Alors comment se comporter ? Ne plus acheter de poissons ?
L'hoplosthète
- La pêche à l’hoplosthète orange (Hoplostethus atlanticus) est en expansion depuis peu. L'hoplostète orange qui vit dans les eaux du talus continental et autour des monts sous-marins (ainsi que près du plancher océanique), en particulier au large de la Nouvelle-Zélande et du sud-est de l'Australie, où cette pêcherie commerciale a vu le jour. La pêcherie s'est ensuite étendue vers la dorsale de Walvis, dans l'Atlantique Sud-Est (Namibie) et vers le sud-ouest de l'océan Indien. Ce type de pêche est même pratiqué, à petite échelle, dans le Golfe de Gascogne. Espèce longévive, l'hoplostète orange peut atteindre 40 cm de long et 2 kg, mais sa taille maximale dépend des régions. Au début, des prises massives étaient effectuées en l'espace de quelques minutes sur des bancs de reproducteurs, ce qui déchirait les culs de chalut. C'est pourquoi des techniques spécifiques de chalutage visant ce type de pêche ont été mises au point.
L'hoplostète orange étant très sensible aux mouvements des objets s'approchant de lui (il s'agit peut-être d'une adaptation lui permettant d'éviter la prédation), les évaluations acoustiques effectuées au moyen de dispositifs remorqués renfermant un transducteur n'ont pas été probantes dans certaines zones. Les niveaux durables maximaux d'exploitation de l'hoplostète orange peuvent être aussi faibles que 5 -10 % de la biomasse non exploitée, ce qui correspond à des mortalités naturelles (M) de 0,04 par an. Les preuves toujours plus nombreuses du déclin des stocks indiquent qu'aucune de ces pêcheries ne fait l'objet d'une exploitation durable et que les rendements futurs seront de l'ordre de 5 % des rendements d'origine. (FAO)
L'empereur
- L’empereur est aussi un poisson menacé de disparition d’ici 3 à 5 ans. La pêche de l’empereur a débuté dans le Pacifique sud ouest au début des années 80 (Nouvelle-Zélande, Union Soviétique, Australie) et dans l’Atlantique Nord au milieu des années 80 (France, Islande, Féroé) ; Cette espèce des grand fonds à la croissance lente, a une maturité sexuelle tardive et se reproduit peu. Pas de taille minimum pour sa capture. L'Empereur (Hoplostethus atlanticus) est pêché entre 400 et 1500 mètres de profondeur. Très prisé des consommateurs, il est aujourd'hui menacé par la surpêche
- L’empereur est une espèce à forte valeur marchande et facilement commercialisable. Il semblerait que ce soient les débarquements effectués par les Français qui conduisirent d'autres nations à explorer le potentiel de la pêche profonde dans cette zone de l'Atlantique.
Les dorades sébastes
- les dorades sébastes (sébaste du Nord Sebastes mentella et grand sébaste Sebastes marinus),
- La dorade sébaste comprend 2 espèces de poissons profonds particulièrement longévives : le grand sébaste, Sebastes marinus et le sébaste du Nord, Sebastes mentella. Selon le CIEM), « Sebastes marinus est une espèce d’eau profonde à maturation tardive et croissance lente, elle est de ce fait considérée vulnérable à la surexploitation et ne peut donc faire l’objet que d’une exploitation faible. Sa gestion devrait être fondée sur cette considération. »
La légine
- Lla légine (« toothfish ») provient des eaux antarctiques, notamment celle des Terres Australes et antarctiques Françaises.
Le grenadier
- Le grenadier ou coryphaenoides armatus a une vaste aire de répartition. Avec l’espèce C. yaquinaen, sa biomasse totale mondiale est estimée à 15 millions de tonnes
- La pêche du grenadier a débuté au milieu des années 60 dans l’Atlantique Nord-Ouest, et au milieu des années 70 dans l’Atlantique Nord-Est (Union soviétique, Pologne, Allemagne de l’Est)
- Le CIEM estime que le chalutage profond dans l’Atlantique Nord-Est a entraîné une baisse de 80 % des stocks de grenadiers
Le requin grande gueule
- Le requin grande gueule(4,5 m de long, 750 kg) représente une nouvelle famille
La raie Hexatrygon bickelli
La raie Hexatrygon bickelli représente une nouvelle famille
Le brosme
- Le brosme est un membre de la famille de la morue, les gadidés. Ses noms anglais sont cusk, torsk, tusk ou brosmius. Il semble être une espèce menacée dans l'Est du Canada. Par son corps allongé, il ressemble davantage à la merluche, dont il se distingue par une nageoire dorsale unique. D'une taille pouvant atteindre 1 mètre pour un poids de 13 kg, le brosme se reconnaît, entre autres, à sa nageoire dorsale unique qui, comme sa nageoire anale, rejoint sa nageoire caudale. Sa coloration va du rouge foncé ou du brun verdâtre au jaune pâle sur le dos et se dégrade en crème jusqu'au ventre. Ses nageoires impaires suivent la couleur du corps et portent une ligne noire près de la marge. Les nageoires pectorales et pelviennes sont de même teinte que les flancs avec du noir au bout. Sa tête évoque un peu la morue, en pointe arrondie et aplatie sur le dessus, avec un barbillon un peu plus long que son diamètre oculaire. Les jeunes exemplaires ont quelques bandes verticales jaunâtres sur les flancs. Le brosme est essentiellement un poisson nordique des eaux profondes, récolté toute l'année par les pêcheurs côtiers, pré-côtiers et hauturiers à la palangrotte, à la palangre et au chalut à panneaux. Le brosme est un poisson solitaire à nage lente. Il ne migre que rarement d'un banc à l'autre, il préfére les fonds durs et accidentés, où il paresse, et fréquente occasionnellement les substrats vaseux, mais non les fonds sablonneux. Il se tient dans des eaux froides (de 0 à 15°C), à des profondeurs allant de 50 à 1 000 mètres.
Sabre noir
- L'exploitation du sabre noir Aphanopus carbo dans l'Atlantique est un des rares exemples de pêche en eaux profondes qui a été durable sur une période d'environ 150 ans, car traditionnellement pratiquée au moyen d'une ligne et d'hameçons. Les adultes sabre noir sont benthopélagiques et vivent à des profondeurs comprises entre 400 et 1600 m. La pêche du sabre noir a débuté dans l’Atlantique au milieu des années 80 (Portugal d’abord, puis France à partir du début des années 90). On retrouve le sabre noir du Groenland aux îles Canaries et des deux côtés de la dorsale médio-atlantique. Fait rare pour une espèce d'eaux profondes, le sabre noir a une croissance rapide et vit environ 8 ans. Cependant, comme pour l'hoplostète orange, les signes habituels de danger se font déjà sentir pour la pêche au sabre noir. Les prises sont passées de 1100 tonnes en 1980 à 3000 tonnes en 1992
Les macrouridés
- Autre groupe de poissons dont les membres sont très courants, voire abondants dans certaines régions : les Macrouridés. Les Macrouridés sont des "croiseurs" pélagiques qui vivent dans les couches moyennes à supérieures du talus continental. Dans l'Atlantique Nord, Macrourus berglax et Coryphaenoides rupes sont exploités avec des chaluts de fond qui, au début, étaient calés à des profondeurs de 600 à 800 m, mais qui, ces derniers temps, vont jusqu'à 1500m de profondeur.
Cependant, ce type de pêche pratiqué au large de Terre-Neuve a montré que les débarquements signalés pour ce groupe indiquaient la tendance, malheureusement par trop habituelle, d'un déclin du total des prises. Coryphaenoides rupestris peut vivre jusqu'à 70 ans, alors que dans l'Atlantique Nord-Est, l'âge maximal des poissons est généralement compris entre 20 et 30 ans.
Ainsi, à l'instar d'autres espèces d'eaux profondes, les Macrouridés présentent les caractéristiques de nombreuses pêches d'eaux profondes, ce qui les rend vulnérables à la surpêche.
La lingue bleue
- La pêche de la lingue bleue existe dans l’Atlantique Nord depuis les années 50 (Norvège, Allemagne).
Le grenadier de roche et la lingue bleue : Le CIEM estime que le chalutage profond dans l’Atlantique Nord-Est a entraîné une baisse de 75 % des stocks de lingues bleues, par rapport « au niveau initial ». Cependant, ce déclin est sans doute beaucoup plus important, étant donné que les estimations démarrent avec l’analyse des données de captures, c’est-à-dire bien après que l’exploitation de ces espèces ait commencé.
Les Pleuronectidés
- Les Pleuronectidés forment un groupe de poissons très évolué qui, en règle générale, n'est pas associé à la pêche en eaux profondes, mais dans l'Atlantique Nord et dans le Pacifique Nord, certaines espèces du groupe font l'objet d'une exploitation importante. Dans l'Atlantique, la pêche la plus connue est celle du flétan noir (Reinhardtius hippoglosoides) dans les profondeurs du talus continental.
Le flétan noir
La taille du flétan noir a diminué au cours de la dernière décennie
Le flétan noir, qui pesait en moyenne un kilogramme au milieu des années 1980, ne pèse plus en moyenne que 200 g depuis le début des années 1990.
- La pêche du flétan noir existe dans l’Atlantique Nord depuis les années 50 (Norvège, Allemagne). Idem pour la pêche de la lingue franche, du brosme, de la mostelle de fond.
Les ceintures d'argent
- Les ceintures d'argent (Trichiuridés) sont pêchées dans les îles du Pacifique
L'escolier serpent
- La pêche à l'escolier serpent (Gempylidés) se pratique dans les îles du Pacifique
Des poissons d'eau profonde dans les cantines scolaires
Selon une enquête sur l’approvisionnement en poissons de la restauration collective dans les cantines scolaires :
- qu’il n’existe aucune information détaillée à destination des parents sur la provenance et le choix des produits de la mer servis à leurs enfants.
- 6 millions d’écoliers français mangent quotidiennement à la cantine et consomment régulièrement des espèces de poissons profonds dont certaines sont menacées d’extinction.
- Les écoliers sont ainsi malgré eux complices de la surpêche, de l’extinction d’espèces et de la destruction de l’environnement marin.
- 90 % des communes interrogées déclarent servir du poisson issu des eaux profondes dans les cantines.
- Les principales espèces profondes qui apparaissent dans les menus scolaires sont le hoki (Macruronus novaezelandiae et Macruronus magellanicus), la dorade sébaste (Sebastes marinus et Sebastes mentella), le grenadier de roche (Coryphaenoides rupestris) et la lingue bleue (Molva dypterygia).
- Le hoki de Nouvelle-Zélande (Macruronusnovae zelandiae) et de Patagonie (Macruronus agellanicus) et le colin d’Alaska (Theragra chalcogramma) sont servis par 85 % des villes interrogées
- La saumonette est souvent servie dans les écoles (en fait, il s'agit d'espèces de requins commercialisées sous le nom rassurant de « saumonette ») fait l’objet d’un classement à la liste rouge de UICN:
- l’aiguillat commun (Squalus acanthias), est « en danger critique d’extinction » en Atlantique Nord-Est, ayant subi une chute de biomasse de plus de 95 % dans la zone - Le pailona commun (Centroscymnus coelolepis) et le squale chagrin de l’Atlantique (Centrophorus squamosus) sont classés comme « vulnérables ou quasi menacés ». Q - Le requin-chagrin, (Centrophorus granulosus) est « en danger critique d’extinction » en Atlantique Nord-Est,
(enquête de l’association Bloom, auprès des mairies et des sociétés de restauration collective pour en savoir plus sur les poissons servis à la cantine dans les écoles maternelles et élémentaires publiques des trente plus grandes communes françaises et des vingt arrondissements parisiens. Sur cinquante questionnaires envoyés, vingt ont été remplis, correspondant à 2,5 % des écoles et 5,92 % des demi-pensionnaires de maternelle et primaire de France)
Au sujet de l'achat de poisson
- Pour compléter cette partie du Guide d'achat poissons, consulter l'article Apports nutritionnels des poissons qui détaille les qualités nutritionnelles des poissons et leur mode de consommation.
- Pour connaître la réglementation européenne en matière de pêche en eaux profondes.
sources : ifremer, gouvernement, bloomassociation.org/bloom/download/PEWTop10FR.pdf, FAO, François Latour in "Au coeur des océans", CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer : 2010, Report of the ICES Advisory Committee,