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Dons d'objets entre particuliers

Dons d'objets entre particuliers

Un article de Encyclo-ecolo.com.

(Différences entre les versions)
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<h2> Les dons entre particuliers </H2>
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<h2> Les dons d'objet sur internet entre particuliers </H2>
* Les dons entre entre particuliers, notamment les dons d'objet, est une des formes du commerce "c to c", entre consommateurs.
* Les dons entre entre particuliers, notamment les dons d'objet, est une des formes du commerce "c to c", entre consommateurs.
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Vous pouvez offrir autant d'objets que vous voulez et donc déposez autant d'annonces que vous souhaitez
Vous pouvez offrir autant d'objets que vous voulez et donc déposez autant d'annonces que vous souhaitez
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<H3> Une étude sur les dons d'objets entre particuliers sur internet </H3>
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* http://leg.u-bourgogne.fr/CERMAB/z-outils/documents/actesJRMB/JRMB14-2009/Guillard.pdf : « Et si je les donnais via Internet ? » Étude des motivations des consommateurs à utiliser Internet pour donner des objets encore utilisables mais dont ils n’ont plus l’utilité Valérie Guillard, valerie.guillard@wanadoo.fr
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Le but de l'étude : comprendre que les consommateurs utilisent Internet pour donner des objets par 1) idéologie ; 2) praticité ; 3) « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets et 4) besoin de rencontrer le futur bénéficiaire des objets. Si certains consommateurs refusent d’utiliser les sites de don, c’est par 1) ignorance de leur existence ou de leur fonctionnement ; 2) crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir et 3) fidélité à l’égard des associations caritatives. Ces résultats ainsi que les pratiques en matière de don d’objets sur Internet nous permettront d’établir une typologie de consommateurs et de discuter des voies d’action possibles à destination des managers des associations caritatives et des sites de don.
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La naissance des sites de don s’inscrit pleinement dans l’idéologie de simplicité volontaire (Etzioni, 1998 ; Shaw et Newholm, 2002). Cette idéologie milite entre autre pour une réduction du gaspillage et pour une résistance contre le consumérisme (Roux, 2007). Habités par cette idéologie, certains consommateurs adoptent alors un mode de consommation frugal (Lastovicka et al., 1999 ; Pepper, Jackson et Uzzell, 2009) qui se traduit par un recyclage systématique des objets lorsqu’ils n’en ont plus l’utilité en les donnant. Des entretiens conduits auprès de consommateurs montreront néanmoins que certains d’entre eux sont plutôt réfractaires à utiliser des sites de don. Pourquoi ? L’objectif de cet article est donc de comprendre les motivations et les freins des consommateurs à utiliser Internet pour donner des objets.
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Quelques travaux se sont intéressés aux options parmi lesquelles les consommateurs peuvent choisir lorsqu’ils souhaitent se débarrasser des objets (Jacoby, Berning et Dietvorst, 1977 ; Hanson, 1980 ; Harrel et McConocha, 1992). Le don est une de ces options. De nombreux travaux se sont intéressés aux motivations des individus à donner (Mauss, 1950 ; Sherry, 1983 ; Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, Ford et West, 2006) et à donner des objets (Bergadaa, 2006). Les travaux en marketing se sont néanmoins largement focalisés sur le don via un intermédiaire : l’association caritative (Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, Ford et West, 2006 ; Bergadaa, 2006) sans porter d’intérêt, à notre connaissance, au don via Internet. Et pourtant, nous montrerons que donner via une association ou via un site ne procède pas des mêmes mécanismes.
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Le don est une relation sociale entre un donneur (celui qui donne) et un receveur (celui qui reçoit). Le receveur peut être ou non le bénéficiaire du don. Certains consommateurs préfèrent en effet passer par un intermédiaire, l’association caritative, pour donner des objets. Cette dernière a alors pour rôle de collecter les dons auprès des consommateurs et de les redistribuer à ceux qui en ont besoin. Certaines associations caritatives sont quant à elles des magasins caritatifs : elles revendent à bas prix le fruit de leur collecte, là encore avec un objectif social (Horne, Broadbridge, 1995 ; Horne, Maddrell, 2002 ; Bergadaa, 2008).
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Les travaux sur le don permettent de comprendre que lorsqu’ils donnent, les individus nourrissent différentes motivations non exclusives les unes des autres (Levi-Strauss, 1969 ; Bourdieu, 1977 ; Belk, 1976 ; Sherry, 1983 ; Garner et Wagner, 1991 ; Mauss, 1950). Ils peuvent tout d’abord donner par altruisme et chercher alors le bien-être d’autrui en lui venant en aide. Dans ce cas les individus donnent même si le besoin d’autrui est satisfait. Les individus peuvent également donner pour satisfaire un besoin personnel. Cela peut être soit par culpabilité d’être « mieux lotis » comparé à d’autres qui n’ont rien – Izard (1977) parle de culpabilité existentielle – soit parce que les autres donnent. Dans ce dernier cas les individus se sentent contraints de suivre les normes sociales (Cialdini, Kallgren et Reno, 1990). Les individus peuvent également donner pour rencontrer des gens et tromper leur solitude ou à des fins utilitaires pour satisfaire un besoin identifiable (Cheal, 1988). En somme, le don est une pratique sociale qui permet d’être reconnus (Godbout et Caillé, 2000). Le bénéficiaire d’un don doit en effet manifester sa reconnaissance à l’égard du donneur, que cette reconnaissance se matérialise par un simple merci ou par un acte réciproque. L’attente d’une réciprocité est alors l’élément fondateur du don (Mauss, 1950). A partir d’études faites auprès de sociétés primitives, Mauss (1950) montre en effet que le don est un cycle rythmé en trois temps : donner, recevoir et rendre. Le don génère alors une dette à l’égard du donneur, dette que le bénéficiaire éteint via un acte réciproque. La finalité ultime du don, à travers la circulation de choses, est donc de créer, maintenir et renouveler la relation humaine.
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Partant de là, les auteurs en marketing se sont proposés d’élaborer des modèles conceptuels afin de comprendre les différentes variables qui entrent en jeu dans la décision de donner (Guy et Patton, 1989 ; Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, 1999 ; Sargeant et al, 2001 ; Bergadaa, 2006) : des variables 1) de perception : perception du besoin du bénéficiaire ; de l’utilité et du bénéfice du don ; de l’image de l’intermédiaire, du message de son appel et de sa familiarité ; 2) organisationnelles : la transparence des organisations vis-à-vis de leur gestion par exemple et 3) de personnalité, émotions et facteurs sociodémographiques : on sait que l’estime de soi (Kotler et Andreasen, 1987), l’empathie, la sympathie, la peur ou la culpabilité impactent la décision de donner (Schwartz, 1977 ; Feldman et Feldman, 1985 ; Fultz et al., 1986 ; Cialdini et al., 1997) ainsi que l’âge (Pharoah et Tanner, 1997) ou le genre (Chrenka et al., 2003). Plus les individus sont âgés, plus ils ont tendance à donner. Les femmes donnent également davantage que les hommes, ce dernier résultat est toutefois largement controversé.
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<H3> Qui donne sur internet </H3>
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Quatre profils de consommateurs ont pu être extraits des données, profils auxquels nous avons donné les étiquettes sémantiques suivantes :
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1) Les personnels : certains consommateurs ne donnent ni sur Internet, ni aux associations caritatives mais privilégient plutôt leur réseau personnel et ce, souvent pour ne pas perdre la trace de leurs objets ou alors dans un souci de réciprocité : « quand on donne à des amis, si un jour on est dans le besoin, et bien on espère qu’ils feront de même » (Répondant 15). Il arrive même que ces consommateurs préfèrent jeter des objets plutôt que de les donner lorsqu’ils ne trouvent personne. La recherche de quelqu’un intéressé par les objets est coûteuse et parfois gênante. Entrent également dans cette catégorie, les consommateurs qui ne donnent jamais par crainte que leurs objets ne valent rien : « alors donner sur Internet, il faudrait faire l’effort d’aller sur le site, de s’inscrire, de rentrer le produit, il faut s’arranger avec la personne, ça me paraît très compliqué et j’ai l’impression que si moi je me sépare des objets, ça ne va pas servir à quelqu’un d’autre, un complexe d’infériorité, le fait de dire que mes objets vont servir à quelqu’un donc de sous estimer ce que j’ai à donner donc je me vois mal aller sur Internet pour donner des trucs qui n’ont plus de valeurs, d’ailleurs, avec mes amis, c’est pareil, en général, je ne cherche pas à donner » (Répondant 30). Enfin, on trouve dans cette catégorie d’individus ceux qui ont une tendance chronique à tout garder (Guillard, 2009). Dans ce dernier cas, les individus ont des difficultés à se séparer des objets, c’est la raison pour laquelle ils ne les donnent pas.
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2) Les sociaux : ce sont des consommateurs qui donnent uniquement des objets aux associations caritatives. Ils n’utilisent jamais Internet pour le faire soit par méconnaissance de l’outil soit parce qu’ils en perçoivent d’emblée la complexité. Entrent également dans cette catégorie, les consommateurs qui donnent aux associations caritatives par solidarité vis-à-vis des gens qui n’ont rien. Leur motivation est alors d’aider les plus démunis. Le faisant, ils ont le sentiment du devoir accompli : « je donne spontanément, tant mieux, d’ailleurs je travaille avec les associations donc je rencontre les gens. Sur Internet, ce ne sont pas les gens dans le besoin, dans l’association, c’est vraiment des gens dans le besoin donc c’est plus attirant »
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3) Les mixtes : ce sont des consommateurs qui alternent les solutions pour donner des objets. Ce qui leur importe, c’est de souvent de se débarrasser des objets sans pour autant les gaspiller. Ces consommateurs donnent rarement des objets au sein de leur sphère personnelle soit parce qu’ils trouvent ceci gênant soit parce qu’ils souhaitent en faire bénéficier des gens qui en ont vraiment besoin : « une autre chose qui m’énerve quand je donne aux proches, c’est qu’en général, ils n’osent pas refuser et ne se servent pas de ce qu’on leur donne. On a donné une cuisinière au père de mon copain, ça n’a jamais servi, ça m’énerve. J’aurais préféré le donner à quelqu’un d’autre qui en avait l’utilité donc maintenant, je donne plutôt via Internet ou aux associations caritatives, après tout, nos proches ils ont tout »
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4) Les modernes : ce sont des consommateurs qui utilisent uniquement Internet pour donner des objets. Ils le font soit par idéologie c'est-à-dire pour promouvoir les nouveaux outils mis à disposition des consommateurs pour lutter contre le gaspillage soit parce qu’ils ont été déçus des pratiques de certaines associations caritatives
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<H3> Motivations à donner des objets via Internet </H3>
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Si certains consommateurs choisissent de donner des objets via Internet, c’est par 1) idéologie ; 2) praticité, 3) « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets et 4) volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent.
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* Par idéologie
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La naissance des sites de don correspond à celle des mouvements de simplicité volontaire (Elgin, 1981), de développement durable (Roberts, 1996 ; Straughan et Roberts, 1999) voire de consommation soutenable (Beji-Becheur et Fosse-Gomez, 2001 ; Gilg, Barr et Ford, 2005 ; Pepper, Jackson et Uzzell, 2009). Certains consommateurs cherchent ainsi à limiter le gaspillage des ressources non seulement en achetant moins d’objets mais également en les donnant lorsqu’ils n’en ont plus l’utilité. Le faisant, ils contribuent à protéger l’environnement mais ont également le sentiment d’appartenir à une communauté (Nelson, Rademacher, Paek, 2007) : « on sait que tous les gens qui donnent sur ce site, on le fait tous car on en a raz le bol d’acheter, acheter toujours acheter. On est bien contents de trouver des objets quand on en a besoin, moi, j’ai meublé l’appartement pour mon fils comme ça, en regardant sur Internet s’il n’y avait pas des gens qui voulaient se débarrasser de meubles, alors quand on a un truc dont on ne se sert plus, on fait pareil, on le mets sur le site et on le donne pour que ça profite à des gens qui pensent comme nous » (Répondant 9).
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* Par praticité
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Certains consommateurs perçoivent le don via Internet comme une solution pratique dans la mesure où le coût d’enlèvement des objets est à la charge du receveur/bénéficiaire. Le donneur ne supporte ainsi aucun coût logistique, coût qui est souvent le principal frein dans la décision de donner des objets : « Emmaüs ne se déplace pas toujours. Il y a des choses pour lesquelles je n’ai pas envie de m’embêter, le canapé sur lequel vous êtes assise, il est vieux et je vais m’en débarrasser et bien je vais mettre une annonce sur freecycle parce que ça se trouve qu’il y a un voisin, un type qui habite en face et qui en a besoin, c’est génial pour ça les sites de don, en plus, si ça l’intéresse, il va venir le chercher, je n’ai pas à me déplacer, je cherche une solution de simplicité quand je donne un truc. Moi ce qui m’intéresse c’est de ne pas me déplacer, il faut que ce soit simple, dès qu’il faut transporter, c’est la logistique, c’est ça qui me pèse le plus dans le don, il faut que ce soit simple, quand on vient chez moi, c’est parfait »
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Donner via Internet permet de surcroît de choisir son moment pour donner des objets. Les consommateurs n’ont pas à respecter des horaires ou autres contraintes imposées par les associations caritatives, comme se déplacer par exemple ou remettre les objets en état.
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Enfin, les consommateurs perçoivent Internet comme un formidable outil pour informer un grand nombre de personnes potentiellement intéressées par des objets. De nombreux répondants nous ont expliqué qu’il est très compliqué de donner des objets à quelqu’un que l’on ne connaît pas. Mauss (1950) l’explique dans ses travaux : donner crée une réciprocité, ainsi, dès lors qu’un individu reçoit quelque chose d’un « inconnu », il ne va pas pouvoir lui rendre « la pareille ».
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De fait, les sites répondent à un véritable besoin lorsque les consommateurs ne savent pas « à qui donner » : « moi j’ai remarqué ici que donner, c’est très difficile, avoir quelqu’un à qui donner ici, c’est pourquoi avant, j’étais obligée de jeter et puis maintenant, comme je sais que ça existe, et bien je le donne sur Internet. C’est difficile ici de donner, car il n’y a pas de communication, vous avez un voisin, peut-être il en a besoin mais comme il n’y a pas de communication, on ne sait pas s’il a besoin et aussi lui proposer, on ne sait jamais comment il va réagir ».
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Dans le cas du don sur Internet, c’est en effet le bénéficiaire qui fait la démarche de demander au donneur les objets que ce dernier a proposés. Cela allège le donneur de devoir demander aux associations caritatives ou dans leur entourage personnel s’ils sont intéressés mais cela évite également au donneur d’essuyer un refus de la part du receveur, refus qui peut être mal vécu : « si quelqu’un qui est avec moi en stage en ce moment me dit que son téléphone est en panne, bon c’est un stagiaire qui est avec moi, je ne le connais pas plus que ça, je ne vais pas lui dire tiens j’ai un téléphone je te le donne, c’est gênant, ça ne se fait pas, il va croire que… je ne sais pas, et s’il refuse, ça peut être gênant pour les deux d’ailleurs, alors que sur Internet, c’est génial, on propose et les autres disposent [rires], s’ils le
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veulent, ils le disent et comme ça, personne n’est gêné »
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Enfin, les consommateurs s’autorisent à donner via Internet des objets qu’ils ne donneraient pas aux associations caritatives puisque dans la formulation de leur annonce, ils en précisent les caractéristiques : « sur Internet, je fais objet par objet, donc, je ne sais pas moi, si j’ai uniquement un livre de poche à donner, et bien, je rédige une annonce : donne L’avare de Molière, poche, un peu corné mais en bon état, tandis que je ne me verrai pas porter un livre de poche à une association, ça serait ridicule, on porte ne général des gros volumes, en plus, il risque de le refuser car en mauvais état ou parce que ce type d’objets ne les intéresse pas
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* Par « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets
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Certains consommateurs ont une certaine amertume à l’égard des associations caritatives lorsqu’ils font l’effort de leur porter des objets qu’elles refusent parfois. Ceci les conduit à s’en détourner au profit des sites : « moi je donne uniquement par Internet maintenant…où je jette, les associations caritatives sont bien trop exigeantes : il faut que ce soit comme ci, pas comme ça, il faut qu’on vienne tel jour et souvent sans un merci, non, moi, depuis qu’ils ont refusé un lit d’enfant tout neuf que je voulais leur donner, ça ne m’a pas plu donc depuis c’est terminé, je préfère mettre une annonce sur Internet, là on est sur que ça va partir, et ceux qui le récupère sont contents ». Les individus ressentent en effet un fort désir de vengeance lorsqu’ils sont blessés ou lorsqu’ils se sont sentis agressés (Stuckless et Goranson, 1992). Lorsque les associations caritatives refusent un objet, elles refusent une part du donneur, de son identité (Belk, 1988) ce qui peut être douloureux.
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Par ailleurs, certains consommateurs refusent clairement de donner des objets aux associations caritatives qui les revendent. Ces consommateurs ont en effet souvent appris au détour de conversations que les objets n’étaient pas, comme ils le croyaient, redonnés aux plus nécessiteux mais vendus ou jetés lorsque aucune valeur ne pouvait en être retirée. Comme le montrent les travaux qui portent sur les magasins caritatifs (Horne, Maddrell, 2002 ; Bergadaa, 2008), la plupart des consommateurs acceptent et approuvent la revente des objets : « non, c’est bien qu’ils revendent, ils se font un peu de bénéfice et c’est pour une bonne cause mais ils ne revendent pas à des coûts… les produits vendus sont correctement estimés et sont vendus en dessous de leur estimation en brocante… ça permet à des gens d’y avoir accès, c’est bien» mais certains consommateurs préfèrent donner des objets à quelqu’un qui en aura l’usage plutôt qu’à une association qui va le revendre : « je ne suis pas d’accord. Une association, ce n’est pas fait pour revendre, si moi je donne à quelqu’un, c’est pour qu’il le redonne à quelqu’un qui en a besoin, si j’ai fait l’acte de donner, c’est pour donner un objet en passant par quelqu’un, je ne veux pas du tout que ce soit une association qui la revende [une chaîne hi-fi]. Et comme la plupart font ça, je choisis un site de don car j’ai confiance, je sais que les gens sont contre la société de consommation et donc, ils ne vont pas revendre et se faire du fric mais plutôt ils vont prendre ce que j’ai pour s’en servir et pour éviter d’acheter, de consommer »
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Certains consommateurs sont par ailleurs choqués lorsqu’ils apprennent que certaines associations caritatives ouvrent tout d’abord leur porte à des antiquaires pour mettre ensuite les objets qui ne les intéressent pas en magasin.
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* Par volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent
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Plusieurs mécanismes permettent de comprendre pourquoi certains individus souhaitent rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent. La littérature explique tout d’abord que le don est un acte qui permet une extension de soi, un prolongement (Sahlins, 1972 ; Appadurai, 1986 ; Belk, 1988). C’est notamment le cas chez les consommateurs qui ont tendance à tout garder et qui souhaitent garder une emprise sur leurs possessions même lorsqu’ils sont contraints de s’en séparer (Guillard, 2009). Certains consommateurs sont alors exigeants et choisissent un bénéficiaire « comme eux », c’est-à-dire qui a les mêmes valeurs, les mêmes hobbies ou le même métier par exemple. Cela les aide à se séparer des objets (Hermann, 1997 ; Price, Arnould et Curasi, 2000 ; Roster, 2001 ; Lastovicka et Fernandez, 2005). Cette exigence vis-à-vis du futur bénéficiaire des objets est impossible à satisfaire dans le cas des associations caritatives qui, de surcroît, communiquent peu sur ce qu’elles font des objets et/ou de l’argent qu’elles récoltent. Internet paraît donc la solution idéale lorsque les consommateurs souhaitent contrôler le devenir des objets : « je ne suis pas contre que l’on vienne les chercher et les prendre mais honnêtement, quelqu’un de radin qui a du fric et qui vient les chercher, ça me perturberait vraiment, donc j’essaie de savoir à qui j’ai à faire, je n’hésite pas à poser plein de questions sur Internet avant de choisir l’élu, ce qu’il fait dans la vie, pourquoi ou pour qui il souhaite l’objet » (Répondant 24). Cette volonté de contrôler le futur bénéficiaire des objets n’est pas uniquement circonscrite aux objets à forte charge émotionnelle (Price, Arnould et Curasi, 2000 ; Curasi, Price et Arnould, 2004) mais elle concerne également les objets avec lesquels les consommateurs ont des relations utilitaires : « il y a une autre chose qui m’énerve quand on donne quelque chose à une association, c’est qu’on ne sait pas si ça va servir, on a donné une cuisinière à une association en face de chez nous, c’est honteux, car elle est toujours au milieu de la cour, çan’a jamais servi, ça m’énerve. J’aurais préféré le donner à quelqu’un d’autre qui en avait l’utilité » (Répondant 24).
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Enfin, et même si cela n’a pas toujours été clairement évoqué par les répondants, certains d’entre eux donnent des objets via Internet pour rencontrer des gens, autrement dit, pour avoir une relation sociale : « c’est super bien de donner sur Internet car on rencontre plein de gens différents. Et puis, on peut leur expliquer comment ça marche, ce qu’ils peuvent faire avec les objets, des petites astuces, et puis, par mail, parfois, on s’échange des nouvelles, c’est super convivial »
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<H3> Les Freins à donner des objets via Internet</H3>
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* Si certains consommateurs ne donnent pas d’objets via Internet, c’est 1) par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement ; 2) par crainte de se confronter au futur bénéficiaire des objets ; 3) par volonté de rester fidèles aux associations caritatives.
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<H4> Par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement</H4>
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* Si la vente des objets via Internet est un mécanisme connu, le don via Internet l’est nettement moins. La plupart des consommateurs interrogés – exceptée la partie de l’échantillon que nous avons recrutée via un site de don – avait une méconnaissance totale des sites, et pour certains, une grande appréhension à s’en servir : « alors là je ne connais pas du tout et je pense que ça me compliquerait encore plus la vie que d’aller déposer des objets dans une association… non non donner sur Internet, c’est comme vendre, ça me parait très compliqué. Tout est compliqué. L’inconnu, tout. Le fait que je ne sais pas comment ça marche, que ça doit être compliqué, que je ne sais pas le faire, je te dis il y a une négligence et un laisser-aller de ma part, et un je-m’en-foutisme qui dépasse tout. Je me dis que ça doit être compliqué, ça ne me motive pas. »
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Par ailleurs, que ce soit pour donner ou vendre des objets, les démarches pour présenter un objet dont les consommateurs souhaitent se débarrasser sont coûteuses (rédaction d’une annonce). Or, dans le cas de la vente, les consommateurs ont une récompense si la vente abouti, ils gagnent de l’argent et sont donc à ce titre récompensés pour leurs efforts alors que dans le cas du don, ce n’est qu’un coût : « non ça ne me viendrait pas à l’esprit d’utiliser Internet pour donner quelque chose, soit je le file et c’est facile, soit s’il faut passer une annonce, autant mettre en vente, en fait le côté pesant, enfin pour moi il y a un côté pesant à vendre ou à donner, globalement, je cherche la manière la plus simple de me débarrasser d’un objet »
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Certains consommateurs sont réticents à utiliser Internet car, contrairement aux collectes organisées par les associations caritatives, aucun lieu n’est dédié à l’échange des objets. C’est un inconvénient pour les consommateurs qui refusent d’ouvrir leur intimité à autrui : « il y a le problème de la confiance sur Internet, je ne serais pas… je ne sais pas comment ça se passe, si c’est quelqu’un qui vient la chercher, qui vient chez moi, qui sache où j’habite, ça ne me rassurerait pas tellement, on ne sait pas qui c’est, je n’oserai jamais aller à un rendez vous avec un inconnu, on ne sait pas qui va arriver, ce qui peut se passer… il faudrait un garde du corps ! Ça devient ridicule, je préfère le donner à l’association, il y a un manque de confiance sur Internet »
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Enfin, Internet nécessite un minimum d’organisation pour l’échange du bien, ce qui est un poids pour certains consommateurs : « il faut fixer un rendez-vous, tel jour, je vais rencontrer telle personne, dans l’acte de se débarrasser puisque c’est un acte de se débarrasser, il faut que ce soit rapide, quand je veux, ou je veux, c’est ça donc là le fait de me dire que quelqu’un vienne chez moi, ça veut dire qu’il faut attendre que les gens viennent réceptionner le truc, je fais un don sur Internet le portefeuille n’a pas quitté mon bureau, il est toujours là le problème n’est pas résolu, ça ne m’a pas débarrassé de l’objet »
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Ce problème disparaît lorsque les consommateurs choisissent de donner des objets aux associations caritatives. Ces dernières mettent en effet à disposition des consommateurs des conteneurs ou organisent des collectes à leur domicile, ce qui est, pour certains consommateurs, moins coûteux que d’organiser une rencontre : « moi le coup des bennes, moi ça me va très très bien la seule chose c’est qu’elles ne sont pas forcément fixes, ça bouge, c’est itinérant, donc ça m’énerve et il m’est arrivé une ou deux fois de jeter tout ça à la poubelle car je ne trouve pas de benne (…) dès que je vois la benne, soit c’est Croix rouge soit c’est Malte, c’est en fonction de ce que je trouve le plus facilement, je dois dire, ce n’est pas nominatif, je n’ai pas de préférence, je ne choisis pas en fonction de l’organisme récepteur, je choisis en fonction du lieu de la benne, je sais que ça servira, je m’en débarrasse »
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h4> Par crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir</H4>
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Si certains consommateurs voient Internet comme un formidable outil pour rencontrer le futur bénéficiaire de leurs possessions, d’autres perçoivent cette rencontre comme un véritable problème. On sait en effet d’après les travaux de Mauss (1950) que le don implique un acte réciproque, c’est le contre-don. Des travaux évoquent que cette réciprocité met mal à l’aise certains consommateurs (Bergadaa, 2006) : « je n’ai pas envie qu’on me dise merci pour des choses que je peux m’acheter alors j’aime bien donner aux associations parce que l’on peut choisir de le faire de façon anonyme, si je donne sur Internet, je vais devoir être en contact avec la personne et ça me gêne. Je n’ai pas envie d’être en contact, c’est gênant… autant quand il y a un échange d’argent, ce n’est pas pareil. Ça ne me botte pas de faire ça. Ça ne me plaît pas beaucoup de donner sur Internet »
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Lorsque les consommateurs utilisent Internet pour donner des objets, ceci nécessite d’établir un contact avec le receveur voire avec le bénéficiaire ce qui est, pour certains individus, coûteux : « quelqu’un vient le chercher et je ne le vois pas, ce sont des associations en qui j’ai confiance, ils mettent souvent des annonces dans les immeubles, je sais qu’ils redonnent à quelqu’un qui en a l’utilité, je n’ai pas à faire l’effort d’établir le contact, je descends ça et ils le prennent… »
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Pour certains consommateurs, il est par ailleurs gênant de faire entrer « des inconnus » dans leur espace privé. Cette crainte est largement documentée dans la littérature en psychologie environnementale (Korosec-Serfaty, 1984). Cet auteur explique en effet que le domicile est un « havre de paix » lorsqu’il nourrit un besoin de sécurité physique et psychique. Il offre alors un sentiment de protection, c’est pourquoi certains individus refusent que des « inconnus » y pénètrent : « c’est pareil, je ne connais pas de site Internet, il y a le problème de la confiance sur Internet, je ne serais pas… je ne sais pas comment ça se passe, si c’est quelqu’un qui vient la chercher, qui vient chez moi, qui sache où j’habite, ça ne me rassurerait pas tellement »
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La crainte de faire entrer quelqu’un dans son espace privé peut également porter sur le fait d’être jugé de ne pas « donner assez ». C’est alors par crainte de se sentir coupables que certains individus cherchent à rester anonymes : « je serais peut être gênée de la maison que je montrerais par rapport à ce que je donne. Parce que quelque part ça me gênerait presque, parce que je me dirais même que j’en ai sûrement pas fait assez, donc ça me culpabiliserait plus qu’autre chose… Donc oui je pense que je préfère que ça reste anonyme. Je vois pas l’intérêt d’étaler… déjà le fait de donner tu te débarrasses de choses, toi tu te débarrasses et les gens vont être très heureux de ce dont tu te débarrasses, là je ne sais pas je trouve que ce serait peut être ostentatoire de faire venir des gens qui… même si c’est pas eux qui ont besoin des objets, ils sont en contact avec ceux qui en ont vraiment besoin, donc je trouve que c’est pas la peine. S’il y a un peu d’opacité à la limite c’est mieux »
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On sait également que les objets véhiculent l’image de leur possesseur puisqu’ils prolongent leur soi (Belk, 1988). Le fait de donner des objets via Internet et donc de voir le regard que le futur bénéficiaire va leur porter peut conduire les consommateurs à faire davantage attention à la qualité et à la présentation des objets donnés, ce qui implique là encore un coût : « si je donne sur Internet, je vais me sentir obligée de faire un truc mieux. Tu vois dans mon hall d’immeuble ce n’est pas repassé, c’est propre, mais c’est en vrac dans un sac. Autant si la personne passe, il va falloir que je plie, que ce soit bien fait, c’est une question de jugement, la personne va me juger je me sens obligée de faire bien, de repasser alors que dans mon immeuble, je ne vois pas la personne, je ne sais même pas ce qu’elle en fait. C’est la façon dont ça se passe… en soit c’est vrai qu’écrire un mail, c’est simple mais c’est après, parfois, ça peut être compliqué »
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Enfin, donner via Internet implique parfois de choisir le bénéficiaire lorsque plusieurs personnes sont intéressées par les objets mis en ligne. Cela rebute d’autant certains consommateurs : « et si plusieurs personnes le veulent ? comment tu choisis la personne ? je vais donner mon vieux canapé pour aider des gens qui n’en ont pas, vous êtes trois à vouloir le canapé… lequel d’entre vous est le plus nécessiteux, je n’imagine même pas le truc, je vais donner le canapé à Emmaüs qui se débrouillera avec, ce n’est pas à moi à gérer ce truc, je ne me sens pas légitime et c’est une responsabilité trop forte » (Répondant 22).
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<H4> Par volonté de rester fidèle aux associations caritatives</H4>
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Lorsque les consommateurs donnent aux associations caritatives, ils sont souvent animés par la volonté d’aider autrui (Bergadaa, 2006). Le don s’inscrit chez eux dans un projet social puisqu’ils assimilent les associations caritatives aux personnes défavorisées. Berthoud (1982) explique dans ses travaux que le don est l’opérateur qui permet de créer et maintenir une relation humaine. Une telle relation suppose la médiation de tiers ou d’entre-deux pour unir et séparer les acteurs. Tout tiers – en l’occurrence l’association caritative – symbolise un ensemble de valeurs partagées et renvoie donc à la société. En donnant des objets, les consommateurs se sentent utiles et expriment leur solidarité. C’est donc parfois leur façon de contribuer au bienfait de la société (Godelier, 1996). Cette composante sociale est absente du don via Internet. Tout se passe en effet chez certains consommateurs comme si le don via Internet faisait disparaître toute trace de relation sociale : « si je dois les donner, je les donne à qui en a besoin, je sais qu’ils en font un bon usage, ce sont des gens qui en ont besoin je me dis que ce sera forcément utile et peu importe qui les reçoit par contre sur Internet, on ne sait pas, ça peut être des gros profiteurs et je déteste ça »
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Synthèse des thèmes extraits de l’étude qualitative
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* Motivations : Par volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent - Par idéologie - Par « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets Par praticité -
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* Freins : Par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement - - Par volonté de rester fidèle aux associations - Par crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir
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=== au sujet du don d'objets entre particuliers ===
-
=== au sujet du don d'objets entre particuliers ===
 
* [https://www.consoglobe.com/re-2978-utilise-troc-location-outils-bricolage.html J'utilise le troc ou la location pour les outils de bricolage]
* [https://www.consoglobe.com/re-2978-utilise-troc-location-outils-bricolage.html J'utilise le troc ou la location pour les outils de bricolage]
<small> Site de don d’objets entre particuliers. Donner, récupérer, recycler, se débarrasser. Je donne, tu donnes, nous donnons, donner, faire un don avec le service de dons de consoGlobe. Ne jetez pas, débarrassez vous, donnez. Donner, la récupe utile est un service de récupe et de recyclage généreux (infos, shopping écolo, de don) Donnons, récupérons. Ne pas jeter, donner et recycler c'est écologique. </small>
<small> Site de don d’objets entre particuliers. Donner, récupérer, recycler, se débarrasser. Je donne, tu donnes, nous donnons, donner, faire un don avec le service de dons de consoGlobe. Ne jetez pas, débarrassez vous, donnez. Donner, la récupe utile est un service de récupe et de recyclage généreux (infos, shopping écolo, de don) Donnons, récupérons. Ne pas jeter, donner et recycler c'est écologique. </small>

Version du 1 novembre 2011 à 14:44


Sommaire

Les dons d'objet sur internet entre particuliers

  • Les dons entre entre particuliers, notamment les dons d'objet, est une des formes du commerce "c to c", entre consommateurs.
  • Le don entre particuliers est une des formes de commerce "non marchand" de plus en plus prisé par les Français.
  • Appelé consoRécup, le don d'objet est l'une des 5 formes de transaction entre particuliers proposés par consoGlobe (le seul site au monde à toutes les proposer), la forme de transaction la plus prisée.

Le don d'objets entre particuliers pour éviter la surconsommation

consoRécup : donner plutôt que jeter

Nous jetons tous des objets qui feraient des heureux s'ils étaient récupérés. Ne jetez pas, débarrassez vous, donnez. !

Donner, c'est écologique : * Donner plutôt que jeter est un geste pour notre environnement. Recycler un objet par le don est un geste qui va lui éviter la poubelle ou la benne et donc la décharge. C'est autant de CO2 qui n'est pas émis dans notre atmosphère.

  • La Seconde vie des objets et écologie : nos vieux objets, qui nous paraissent inutile sont des trésors pour d'autres.

Il n'y a pas de conditions. Déposer une annonce de don est gratuit. Il faut juste accepter d'être contacté par la personne intéressée par ce que vous donnez et retirer son annonce une fois que l'objet a été donné.

N'importe qui peut donner quelque chose sur consoRécup. C'est gratuit. Il suffit d'accepter les conditions et les règles de fonctionnement du site et de s’inscrire. Vous pouvez déposer ce que vous voulez, car potentiellement tout peut intéresser quelqu'un qui sera prêt à vous « prendre » l’'objet en question. Accédez à consoRécup

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  • consoRécup est un site de dons et de de récupération d'objets en ligne. Même abîmés, ils peuvent encore faire le bonheur d'un grand nombre de personnes : bricoleurs, collectionneurs ou simplement personnes qui en ont besoin


  • Rien ne se crée, rien ne se perd... tout se recycle...". Donnez à vos objets une seconde vie (voir tous les dons). Le site de don fonctionne pour la France, la Suisse, la Belgique et le Canada. Débarrassez vous gratuitement sur ce site de vos objets qui encombrent vos caves et vos greniers.


Le don d'objets, comment ça marche

  • Un déménagement en vue ? N'encombrez pas les déchetteries, vos poubelles... Pensez recyclage et dons et éconologie. Donner un objet est le meilleur moyen de s'en débarrasser. Vous souhaitez récupérer des objets ? Vous pouvez les trouver sur le site mais vous pouvez également suivre en temps réel l'apparition des objets sur le site, être averti par courriel ou par le biais d'un flux RSS.
  • JE DONNE QUELQUE CHOSE

1 Tout est gratuit. Si je ne suis pas inscrit, je m’inscris en 2 minutes ici.

2 Je dépose ensuite, une ou plusieurs offres d’objets que je veux donner

3 Et voilà ! Mes annonces sont visibles sur le site ! (mais pas mes coordonnées)

4 La personne intéressée par mon annonce m’enverra un email ou me donnera un coup de téléphone, selon mon souhait

PS : Prenez le temps de mettre une photo avec votre annonce, elle sera beaucoup plus visible et consultée.


  • JE CHERCHE QUELQUE CHOSE

1 Je sélectionne une annonce qui m’intéresse et je clique sur :

2 Je suis les instructions pas à pas pour obtenir les coordonnées de la personne qui a passé l’annonce (le « donneur »)

3 Je reçois par mail les coordonnées du « donneur »

4 Je contacte "le donneur" et m’arrange avec lui pour récupérer l’objet

Questions Réponses sur le don d'objets


Pourquoi donner aux autres ?

  • Considérez tous ces objets qui dorment dans nos caves et greniers(vieux jouets, ordinateurs, meubles, vêtements...), que nous gardons peut-être égoistement en attendant une occasion pour les ressortir, occasion qui n'arrivera peut être jamais.
  • Pensez également à tous les objets que nous jetons à la benne simplement parce qu'ils sont démodés ou un peu ébréchés...

Donnez vos vieux objets, c'et généreux et ça peut rendre vraiment service à un proche, une personne sans argent, un étudiant qui s'installe, un bricoleur qui saura redonner vie.

Il y a les objets qui peuvent aider les personnes qui ont très peu de moyens, mais il y a également les objets qui intéresseront des collectionneurs ou des bricoleurs. Ces derniers sauront leur donner une seconde vie. Nous pouvons parler de geste écologique, un geste de recyclage. L'éconologie est un néologisme, contraction de "économie" et "écologie".

Le site de don consoGlobe réunit l'économie par le don et l'écologie par le recyclage des objets qui ne seront pas incinérés, ni achetés neufs.

  • La générosité et l'entraide

consoRécup, un service de don d'objets, est donc une solution pour vous équiper à moindre coût. C'est gratuit de prendre un objet et pour passer une annonce. La générosité et vos dons sont l'essence même du site. C'est ce qui lui permet de fonctionner. N'hésitez pas à jeter un coup d'oeil dans vos greniers et caves et séparez vous de ce qui ne sert plus en faisant un don.


Qui peut proposer un objet à donner ?

N'importe qui peut donner quelque chose sur le service de don de consoGlobe. C'est gratuit. Il suffit d'accepter les conditions et les règles de fonctionnement du site et de s’inscrire.

Quelles sont les conditions pour donner ? Il n'y a pas de conditions. Déposer une annonce de don est gratuit. Il faut juste accepter d'être contacté par la personne intéressée par votre don et retirer son annonce une fois que l'objet a été donné.

Que puis-je donner ? Peut-on, proposer ce que l’on veut ? Vous pouvez déposer ce que vous voulez, car potentiellement tout peut intéresser quelqu'’un qui sera prêt à vous « prendre » l’'objet en question. Il n’y a pas de limite, à part bien entendu, tout ce qui est répréhensible légalement et qui concerne la pédophilie, le nazisme, le recel d’'objets volés, l’'atteinte aux bonnes mœoeurs...

Comment déposer une annonce de don ? C'est très facile. Choisissez la bonne rubrique et sous-rubrique afin que votre annonce apparaisse dans la bonne rubrique et soit facile à trouver : mieux l'annonce est classée, plus il sera facile de la trouver.

- Soyez précis et rigoureux dans votre description : pensez à toutes les informations qui peuvent aider à bien comprendre ce qu'est (ou n'est pas) votre don (qualité, état, ancienneté, origine, caractéristiques techniques, particularités, …). - Évitez toute ambiguïté qui entraînerait des contacts inutiles. Soignez le titre qui doit être le plus le clair et explicite possible. Les éventuelles photos accompagnant votre annonce devront être au format : gif ou png ou jpeg et leur taille inférieure à 500 ko chacune. - N'oubliez pas de préciser votre code postal (très important) et les conditions de remise du produit. Il faut que la personne qui demande votre produit sache s'il doit venir le chercher et à quel endroit, ou bien si vous lui faites parvenir. - Une fois votre annonce validée, elle sera en ligne de suite. Il est interdit de faire figurer vos coordonnées personnelles dans le texte de présentation.

Combien d'annonces de don puis-je passer ? Vous pouvez offrir autant d'objets que vous voulez et donc déposez autant d'annonces que vous souhaitez


Une étude sur les dons d'objets entre particuliers sur internet


Le but de l'étude : comprendre que les consommateurs utilisent Internet pour donner des objets par 1) idéologie ; 2) praticité ; 3) « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets et 4) besoin de rencontrer le futur bénéficiaire des objets. Si certains consommateurs refusent d’utiliser les sites de don, c’est par 1) ignorance de leur existence ou de leur fonctionnement ; 2) crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir et 3) fidélité à l’égard des associations caritatives. Ces résultats ainsi que les pratiques en matière de don d’objets sur Internet nous permettront d’établir une typologie de consommateurs et de discuter des voies d’action possibles à destination des managers des associations caritatives et des sites de don.

La naissance des sites de don s’inscrit pleinement dans l’idéologie de simplicité volontaire (Etzioni, 1998 ; Shaw et Newholm, 2002). Cette idéologie milite entre autre pour une réduction du gaspillage et pour une résistance contre le consumérisme (Roux, 2007). Habités par cette idéologie, certains consommateurs adoptent alors un mode de consommation frugal (Lastovicka et al., 1999 ; Pepper, Jackson et Uzzell, 2009) qui se traduit par un recyclage systématique des objets lorsqu’ils n’en ont plus l’utilité en les donnant. Des entretiens conduits auprès de consommateurs montreront néanmoins que certains d’entre eux sont plutôt réfractaires à utiliser des sites de don. Pourquoi ? L’objectif de cet article est donc de comprendre les motivations et les freins des consommateurs à utiliser Internet pour donner des objets.


Quelques travaux se sont intéressés aux options parmi lesquelles les consommateurs peuvent choisir lorsqu’ils souhaitent se débarrasser des objets (Jacoby, Berning et Dietvorst, 1977 ; Hanson, 1980 ; Harrel et McConocha, 1992). Le don est une de ces options. De nombreux travaux se sont intéressés aux motivations des individus à donner (Mauss, 1950 ; Sherry, 1983 ; Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, Ford et West, 2006) et à donner des objets (Bergadaa, 2006). Les travaux en marketing se sont néanmoins largement focalisés sur le don via un intermédiaire : l’association caritative (Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, Ford et West, 2006 ; Bergadaa, 2006) sans porter d’intérêt, à notre connaissance, au don via Internet. Et pourtant, nous montrerons que donner via une association ou via un site ne procède pas des mêmes mécanismes.


Le don est une relation sociale entre un donneur (celui qui donne) et un receveur (celui qui reçoit). Le receveur peut être ou non le bénéficiaire du don. Certains consommateurs préfèrent en effet passer par un intermédiaire, l’association caritative, pour donner des objets. Cette dernière a alors pour rôle de collecter les dons auprès des consommateurs et de les redistribuer à ceux qui en ont besoin. Certaines associations caritatives sont quant à elles des magasins caritatifs : elles revendent à bas prix le fruit de leur collecte, là encore avec un objectif social (Horne, Broadbridge, 1995 ; Horne, Maddrell, 2002 ; Bergadaa, 2008).

Les travaux sur le don permettent de comprendre que lorsqu’ils donnent, les individus nourrissent différentes motivations non exclusives les unes des autres (Levi-Strauss, 1969 ; Bourdieu, 1977 ; Belk, 1976 ; Sherry, 1983 ; Garner et Wagner, 1991 ; Mauss, 1950). Ils peuvent tout d’abord donner par altruisme et chercher alors le bien-être d’autrui en lui venant en aide. Dans ce cas les individus donnent même si le besoin d’autrui est satisfait. Les individus peuvent également donner pour satisfaire un besoin personnel. Cela peut être soit par culpabilité d’être « mieux lotis » comparé à d’autres qui n’ont rien – Izard (1977) parle de culpabilité existentielle – soit parce que les autres donnent. Dans ce dernier cas les individus se sentent contraints de suivre les normes sociales (Cialdini, Kallgren et Reno, 1990). Les individus peuvent également donner pour rencontrer des gens et tromper leur solitude ou à des fins utilitaires pour satisfaire un besoin identifiable (Cheal, 1988). En somme, le don est une pratique sociale qui permet d’être reconnus (Godbout et Caillé, 2000). Le bénéficiaire d’un don doit en effet manifester sa reconnaissance à l’égard du donneur, que cette reconnaissance se matérialise par un simple merci ou par un acte réciproque. L’attente d’une réciprocité est alors l’élément fondateur du don (Mauss, 1950). A partir d’études faites auprès de sociétés primitives, Mauss (1950) montre en effet que le don est un cycle rythmé en trois temps : donner, recevoir et rendre. Le don génère alors une dette à l’égard du donneur, dette que le bénéficiaire éteint via un acte réciproque. La finalité ultime du don, à travers la circulation de choses, est donc de créer, maintenir et renouveler la relation humaine.

Partant de là, les auteurs en marketing se sont proposés d’élaborer des modèles conceptuels afin de comprendre les différentes variables qui entrent en jeu dans la décision de donner (Guy et Patton, 1989 ; Bendapudi, Singh et Bendapudi, 1996 ; Sargeant, 1999 ; Sargeant et al, 2001 ; Bergadaa, 2006) : des variables 1) de perception : perception du besoin du bénéficiaire ; de l’utilité et du bénéfice du don ; de l’image de l’intermédiaire, du message de son appel et de sa familiarité ; 2) organisationnelles : la transparence des organisations vis-à-vis de leur gestion par exemple et 3) de personnalité, émotions et facteurs sociodémographiques : on sait que l’estime de soi (Kotler et Andreasen, 1987), l’empathie, la sympathie, la peur ou la culpabilité impactent la décision de donner (Schwartz, 1977 ; Feldman et Feldman, 1985 ; Fultz et al., 1986 ; Cialdini et al., 1997) ainsi que l’âge (Pharoah et Tanner, 1997) ou le genre (Chrenka et al., 2003). Plus les individus sont âgés, plus ils ont tendance à donner. Les femmes donnent également davantage que les hommes, ce dernier résultat est toutefois largement controversé.


Qui donne sur internet

Quatre profils de consommateurs ont pu être extraits des données, profils auxquels nous avons donné les étiquettes sémantiques suivantes :

1) Les personnels : certains consommateurs ne donnent ni sur Internet, ni aux associations caritatives mais privilégient plutôt leur réseau personnel et ce, souvent pour ne pas perdre la trace de leurs objets ou alors dans un souci de réciprocité : « quand on donne à des amis, si un jour on est dans le besoin, et bien on espère qu’ils feront de même » (Répondant 15). Il arrive même que ces consommateurs préfèrent jeter des objets plutôt que de les donner lorsqu’ils ne trouvent personne. La recherche de quelqu’un intéressé par les objets est coûteuse et parfois gênante. Entrent également dans cette catégorie, les consommateurs qui ne donnent jamais par crainte que leurs objets ne valent rien : « alors donner sur Internet, il faudrait faire l’effort d’aller sur le site, de s’inscrire, de rentrer le produit, il faut s’arranger avec la personne, ça me paraît très compliqué et j’ai l’impression que si moi je me sépare des objets, ça ne va pas servir à quelqu’un d’autre, un complexe d’infériorité, le fait de dire que mes objets vont servir à quelqu’un donc de sous estimer ce que j’ai à donner donc je me vois mal aller sur Internet pour donner des trucs qui n’ont plus de valeurs, d’ailleurs, avec mes amis, c’est pareil, en général, je ne cherche pas à donner » (Répondant 30). Enfin, on trouve dans cette catégorie d’individus ceux qui ont une tendance chronique à tout garder (Guillard, 2009). Dans ce dernier cas, les individus ont des difficultés à se séparer des objets, c’est la raison pour laquelle ils ne les donnent pas.


2) Les sociaux : ce sont des consommateurs qui donnent uniquement des objets aux associations caritatives. Ils n’utilisent jamais Internet pour le faire soit par méconnaissance de l’outil soit parce qu’ils en perçoivent d’emblée la complexité. Entrent également dans cette catégorie, les consommateurs qui donnent aux associations caritatives par solidarité vis-à-vis des gens qui n’ont rien. Leur motivation est alors d’aider les plus démunis. Le faisant, ils ont le sentiment du devoir accompli : « je donne spontanément, tant mieux, d’ailleurs je travaille avec les associations donc je rencontre les gens. Sur Internet, ce ne sont pas les gens dans le besoin, dans l’association, c’est vraiment des gens dans le besoin donc c’est plus attirant »


3) Les mixtes : ce sont des consommateurs qui alternent les solutions pour donner des objets. Ce qui leur importe, c’est de souvent de se débarrasser des objets sans pour autant les gaspiller. Ces consommateurs donnent rarement des objets au sein de leur sphère personnelle soit parce qu’ils trouvent ceci gênant soit parce qu’ils souhaitent en faire bénéficier des gens qui en ont vraiment besoin : « une autre chose qui m’énerve quand je donne aux proches, c’est qu’en général, ils n’osent pas refuser et ne se servent pas de ce qu’on leur donne. On a donné une cuisinière au père de mon copain, ça n’a jamais servi, ça m’énerve. J’aurais préféré le donner à quelqu’un d’autre qui en avait l’utilité donc maintenant, je donne plutôt via Internet ou aux associations caritatives, après tout, nos proches ils ont tout »


4) Les modernes : ce sont des consommateurs qui utilisent uniquement Internet pour donner des objets. Ils le font soit par idéologie c'est-à-dire pour promouvoir les nouveaux outils mis à disposition des consommateurs pour lutter contre le gaspillage soit parce qu’ils ont été déçus des pratiques de certaines associations caritatives


Motivations à donner des objets via Internet

Si certains consommateurs choisissent de donner des objets via Internet, c’est par 1) idéologie ; 2) praticité, 3) « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets et 4) volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent.

  • Par idéologie

La naissance des sites de don correspond à celle des mouvements de simplicité volontaire (Elgin, 1981), de développement durable (Roberts, 1996 ; Straughan et Roberts, 1999) voire de consommation soutenable (Beji-Becheur et Fosse-Gomez, 2001 ; Gilg, Barr et Ford, 2005 ; Pepper, Jackson et Uzzell, 2009). Certains consommateurs cherchent ainsi à limiter le gaspillage des ressources non seulement en achetant moins d’objets mais également en les donnant lorsqu’ils n’en ont plus l’utilité. Le faisant, ils contribuent à protéger l’environnement mais ont également le sentiment d’appartenir à une communauté (Nelson, Rademacher, Paek, 2007) : « on sait que tous les gens qui donnent sur ce site, on le fait tous car on en a raz le bol d’acheter, acheter toujours acheter. On est bien contents de trouver des objets quand on en a besoin, moi, j’ai meublé l’appartement pour mon fils comme ça, en regardant sur Internet s’il n’y avait pas des gens qui voulaient se débarrasser de meubles, alors quand on a un truc dont on ne se sert plus, on fait pareil, on le mets sur le site et on le donne pour que ça profite à des gens qui pensent comme nous » (Répondant 9).


  • Par praticité

Certains consommateurs perçoivent le don via Internet comme une solution pratique dans la mesure où le coût d’enlèvement des objets est à la charge du receveur/bénéficiaire. Le donneur ne supporte ainsi aucun coût logistique, coût qui est souvent le principal frein dans la décision de donner des objets : « Emmaüs ne se déplace pas toujours. Il y a des choses pour lesquelles je n’ai pas envie de m’embêter, le canapé sur lequel vous êtes assise, il est vieux et je vais m’en débarrasser et bien je vais mettre une annonce sur freecycle parce que ça se trouve qu’il y a un voisin, un type qui habite en face et qui en a besoin, c’est génial pour ça les sites de don, en plus, si ça l’intéresse, il va venir le chercher, je n’ai pas à me déplacer, je cherche une solution de simplicité quand je donne un truc. Moi ce qui m’intéresse c’est de ne pas me déplacer, il faut que ce soit simple, dès qu’il faut transporter, c’est la logistique, c’est ça qui me pèse le plus dans le don, il faut que ce soit simple, quand on vient chez moi, c’est parfait »

Donner via Internet permet de surcroît de choisir son moment pour donner des objets. Les consommateurs n’ont pas à respecter des horaires ou autres contraintes imposées par les associations caritatives, comme se déplacer par exemple ou remettre les objets en état.

Enfin, les consommateurs perçoivent Internet comme un formidable outil pour informer un grand nombre de personnes potentiellement intéressées par des objets. De nombreux répondants nous ont expliqué qu’il est très compliqué de donner des objets à quelqu’un que l’on ne connaît pas. Mauss (1950) l’explique dans ses travaux : donner crée une réciprocité, ainsi, dès lors qu’un individu reçoit quelque chose d’un « inconnu », il ne va pas pouvoir lui rendre « la pareille ».

De fait, les sites répondent à un véritable besoin lorsque les consommateurs ne savent pas « à qui donner » : « moi j’ai remarqué ici que donner, c’est très difficile, avoir quelqu’un à qui donner ici, c’est pourquoi avant, j’étais obligée de jeter et puis maintenant, comme je sais que ça existe, et bien je le donne sur Internet. C’est difficile ici de donner, car il n’y a pas de communication, vous avez un voisin, peut-être il en a besoin mais comme il n’y a pas de communication, on ne sait pas s’il a besoin et aussi lui proposer, on ne sait jamais comment il va réagir ».

Dans le cas du don sur Internet, c’est en effet le bénéficiaire qui fait la démarche de demander au donneur les objets que ce dernier a proposés. Cela allège le donneur de devoir demander aux associations caritatives ou dans leur entourage personnel s’ils sont intéressés mais cela évite également au donneur d’essuyer un refus de la part du receveur, refus qui peut être mal vécu : « si quelqu’un qui est avec moi en stage en ce moment me dit que son téléphone est en panne, bon c’est un stagiaire qui est avec moi, je ne le connais pas plus que ça, je ne vais pas lui dire tiens j’ai un téléphone je te le donne, c’est gênant, ça ne se fait pas, il va croire que… je ne sais pas, et s’il refuse, ça peut être gênant pour les deux d’ailleurs, alors que sur Internet, c’est génial, on propose et les autres disposent [rires], s’ils le 

veulent, ils le disent et comme ça, personne n’est gêné »

Enfin, les consommateurs s’autorisent à donner via Internet des objets qu’ils ne donneraient pas aux associations caritatives puisque dans la formulation de leur annonce, ils en précisent les caractéristiques : « sur Internet, je fais objet par objet, donc, je ne sais pas moi, si j’ai uniquement un livre de poche à donner, et bien, je rédige une annonce : donne L’avare de Molière, poche, un peu corné mais en bon état, tandis que je ne me verrai pas porter un livre de poche à une association, ça serait ridicule, on porte ne général des gros volumes, en plus, il risque de le refuser car en mauvais état ou parce que ce type d’objets ne les intéresse pas

  • Par « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets

Certains consommateurs ont une certaine amertume à l’égard des associations caritatives lorsqu’ils font l’effort de leur porter des objets qu’elles refusent parfois. Ceci les conduit à s’en détourner au profit des sites : « moi je donne uniquement par Internet maintenant…où je jette, les associations caritatives sont bien trop exigeantes : il faut que ce soit comme ci, pas comme ça, il faut qu’on vienne tel jour et souvent sans un merci, non, moi, depuis qu’ils ont refusé un lit d’enfant tout neuf que je voulais leur donner, ça ne m’a pas plu donc depuis c’est terminé, je préfère mettre une annonce sur Internet, là on est sur que ça va partir, et ceux qui le récupère sont contents ». Les individus ressentent en effet un fort désir de vengeance lorsqu’ils sont blessés ou lorsqu’ils se sont sentis agressés (Stuckless et Goranson, 1992). Lorsque les associations caritatives refusent un objet, elles refusent une part du donneur, de son identité (Belk, 1988) ce qui peut être douloureux.


Par ailleurs, certains consommateurs refusent clairement de donner des objets aux associations caritatives qui les revendent. Ces consommateurs ont en effet souvent appris au détour de conversations que les objets n’étaient pas, comme ils le croyaient, redonnés aux plus nécessiteux mais vendus ou jetés lorsque aucune valeur ne pouvait en être retirée. Comme le montrent les travaux qui portent sur les magasins caritatifs (Horne, Maddrell, 2002 ; Bergadaa, 2008), la plupart des consommateurs acceptent et approuvent la revente des objets : « non, c’est bien qu’ils revendent, ils se font un peu de bénéfice et c’est pour une bonne cause mais ils ne revendent pas à des coûts… les produits vendus sont correctement estimés et sont vendus en dessous de leur estimation en brocante… ça permet à des gens d’y avoir accès, c’est bien» mais certains consommateurs préfèrent donner des objets à quelqu’un qui en aura l’usage plutôt qu’à une association qui va le revendre : « je ne suis pas d’accord. Une association, ce n’est pas fait pour revendre, si moi je donne à quelqu’un, c’est pour qu’il le redonne à quelqu’un qui en a besoin, si j’ai fait l’acte de donner, c’est pour donner un objet en passant par quelqu’un, je ne veux pas du tout que ce soit une association qui la revende [une chaîne hi-fi]. Et comme la plupart font ça, je choisis un site de don car j’ai confiance, je sais que les gens sont contre la société de consommation et donc, ils ne vont pas revendre et se faire du fric mais plutôt ils vont prendre ce que j’ai pour s’en servir et pour éviter d’acheter, de consommer »

Certains consommateurs sont par ailleurs choqués lorsqu’ils apprennent que certaines associations caritatives ouvrent tout d’abord leur porte à des antiquaires pour mettre ensuite les objets qui ne les intéressent pas en magasin.


  • Par volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent

Plusieurs mécanismes permettent de comprendre pourquoi certains individus souhaitent rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent. La littérature explique tout d’abord que le don est un acte qui permet une extension de soi, un prolongement (Sahlins, 1972 ; Appadurai, 1986 ; Belk, 1988). C’est notamment le cas chez les consommateurs qui ont tendance à tout garder et qui souhaitent garder une emprise sur leurs possessions même lorsqu’ils sont contraints de s’en séparer (Guillard, 2009). Certains consommateurs sont alors exigeants et choisissent un bénéficiaire « comme eux », c’est-à-dire qui a les mêmes valeurs, les mêmes hobbies ou le même métier par exemple. Cela les aide à se séparer des objets (Hermann, 1997 ; Price, Arnould et Curasi, 2000 ; Roster, 2001 ; Lastovicka et Fernandez, 2005). Cette exigence vis-à-vis du futur bénéficiaire des objets est impossible à satisfaire dans le cas des associations caritatives qui, de surcroît, communiquent peu sur ce qu’elles font des objets et/ou de l’argent qu’elles récoltent. Internet paraît donc la solution idéale lorsque les consommateurs souhaitent contrôler le devenir des objets : « je ne suis pas contre que l’on vienne les chercher et les prendre mais honnêtement, quelqu’un de radin qui a du fric et qui vient les chercher, ça me perturberait vraiment, donc j’essaie de savoir à qui j’ai à faire, je n’hésite pas à poser plein de questions sur Internet avant de choisir l’élu, ce qu’il fait dans la vie, pourquoi ou pour qui il souhaite l’objet » (Répondant 24). Cette volonté de contrôler le futur bénéficiaire des objets n’est pas uniquement circonscrite aux objets à forte charge émotionnelle (Price, Arnould et Curasi, 2000 ; Curasi, Price et Arnould, 2004) mais elle concerne également les objets avec lesquels les consommateurs ont des relations utilitaires : « il y a une autre chose qui m’énerve quand on donne quelque chose à une association, c’est qu’on ne sait pas si ça va servir, on a donné une cuisinière à une association en face de chez nous, c’est honteux, car elle est toujours au milieu de la cour, çan’a jamais servi, ça m’énerve. J’aurais préféré le donner à quelqu’un d’autre qui en avait l’utilité » (Répondant 24). Enfin, et même si cela n’a pas toujours été clairement évoqué par les répondants, certains d’entre eux donnent des objets via Internet pour rencontrer des gens, autrement dit, pour avoir une relation sociale : « c’est super bien de donner sur Internet car on rencontre plein de gens différents. Et puis, on peut leur expliquer comment ça marche, ce qu’ils peuvent faire avec les objets, des petites astuces, et puis, par mail, parfois, on s’échange des nouvelles, c’est super convivial »

Les Freins à donner des objets via Internet

  • Si certains consommateurs ne donnent pas d’objets via Internet, c’est 1) par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement ; 2) par crainte de se confronter au futur bénéficiaire des objets ; 3) par volonté de rester fidèles aux associations caritatives.


Par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement

  • Si la vente des objets via Internet est un mécanisme connu, le don via Internet l’est nettement moins. La plupart des consommateurs interrogés – exceptée la partie de l’échantillon que nous avons recrutée via un site de don – avait une méconnaissance totale des sites, et pour certains, une grande appréhension à s’en servir : « alors là je ne connais pas du tout et je pense que ça me compliquerait encore plus la vie que d’aller déposer des objets dans une association… non non donner sur Internet, c’est comme vendre, ça me parait très compliqué. Tout est compliqué. L’inconnu, tout. Le fait que je ne sais pas comment ça marche, que ça doit être compliqué, que je ne sais pas le faire, je te dis il y a une négligence et un laisser-aller de ma part, et un je-m’en-foutisme qui dépasse tout. Je me dis que ça doit être compliqué, ça ne me motive pas. »

Par ailleurs, que ce soit pour donner ou vendre des objets, les démarches pour présenter un objet dont les consommateurs souhaitent se débarrasser sont coûteuses (rédaction d’une annonce). Or, dans le cas de la vente, les consommateurs ont une récompense si la vente abouti, ils gagnent de l’argent et sont donc à ce titre récompensés pour leurs efforts alors que dans le cas du don, ce n’est qu’un coût : « non ça ne me viendrait pas à l’esprit d’utiliser Internet pour donner quelque chose, soit je le file et c’est facile, soit s’il faut passer une annonce, autant mettre en vente, en fait le côté pesant, enfin pour moi il y a un côté pesant à vendre ou à donner, globalement, je cherche la manière la plus simple de me débarrasser d’un objet »

Certains consommateurs sont réticents à utiliser Internet car, contrairement aux collectes organisées par les associations caritatives, aucun lieu n’est dédié à l’échange des objets. C’est un inconvénient pour les consommateurs qui refusent d’ouvrir leur intimité à autrui : « il y a le problème de la confiance sur Internet, je ne serais pas… je ne sais pas comment ça se passe, si c’est quelqu’un qui vient la chercher, qui vient chez moi, qui sache où j’habite, ça ne me rassurerait pas tellement, on ne sait pas qui c’est, je n’oserai jamais aller à un rendez vous avec un inconnu, on ne sait pas qui va arriver, ce qui peut se passer… il faudrait un garde du corps ! Ça devient ridicule, je préfère le donner à l’association, il y a un manque de confiance sur Internet »

Enfin, Internet nécessite un minimum d’organisation pour l’échange du bien, ce qui est un poids pour certains consommateurs : « il faut fixer un rendez-vous, tel jour, je vais rencontrer telle personne, dans l’acte de se débarrasser puisque c’est un acte de se débarrasser, il faut que ce soit rapide, quand je veux, ou je veux, c’est ça donc là le fait de me dire que quelqu’un vienne chez moi, ça veut dire qu’il faut attendre que les gens viennent réceptionner le truc, je fais un don sur Internet le portefeuille n’a pas quitté mon bureau, il est toujours là le problème n’est pas résolu, ça ne m’a pas débarrassé de l’objet »

Ce problème disparaît lorsque les consommateurs choisissent de donner des objets aux associations caritatives. Ces dernières mettent en effet à disposition des consommateurs des conteneurs ou organisent des collectes à leur domicile, ce qui est, pour certains consommateurs, moins coûteux que d’organiser une rencontre : « moi le coup des bennes, moi ça me va très très bien la seule chose c’est qu’elles ne sont pas forcément fixes, ça bouge, c’est itinérant, donc ça m’énerve et il m’est arrivé une ou deux fois de jeter tout ça à la poubelle car je ne trouve pas de benne (…) dès que je vois la benne, soit c’est Croix rouge soit c’est Malte, c’est en fonction de ce que je trouve le plus facilement, je dois dire, ce n’est pas nominatif, je n’ai pas de préférence, je ne choisis pas en fonction de l’organisme récepteur, je choisis en fonction du lieu de la benne, je sais que ça servira, je m’en débarrasse »

h4> Par crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir</H4>

Si certains consommateurs voient Internet comme un formidable outil pour rencontrer le futur bénéficiaire de leurs possessions, d’autres perçoivent cette rencontre comme un véritable problème. On sait en effet d’après les travaux de Mauss (1950) que le don implique un acte réciproque, c’est le contre-don. Des travaux évoquent que cette réciprocité met mal à l’aise certains consommateurs (Bergadaa, 2006) : « je n’ai pas envie qu’on me dise merci pour des choses que je peux m’acheter alors j’aime bien donner aux associations parce que l’on peut choisir de le faire de façon anonyme, si je donne sur Internet, je vais devoir être en contact avec la personne et ça me gêne. Je n’ai pas envie d’être en contact, c’est gênant… autant quand il y a un échange d’argent, ce n’est pas pareil. Ça ne me botte pas de faire ça. Ça ne me plaît pas beaucoup de donner sur Internet »

Lorsque les consommateurs utilisent Internet pour donner des objets, ceci nécessite d’établir un contact avec le receveur voire avec le bénéficiaire ce qui est, pour certains individus, coûteux : « quelqu’un vient le chercher et je ne le vois pas, ce sont des associations en qui j’ai confiance, ils mettent souvent des annonces dans les immeubles, je sais qu’ils redonnent à quelqu’un qui en a l’utilité, je n’ai pas à faire l’effort d’établir le contact, je descends ça et ils le prennent… »

Pour certains consommateurs, il est par ailleurs gênant de faire entrer « des inconnus » dans leur espace privé. Cette crainte est largement documentée dans la littérature en psychologie environnementale (Korosec-Serfaty, 1984). Cet auteur explique en effet que le domicile est un « havre de paix » lorsqu’il nourrit un besoin de sécurité physique et psychique. Il offre alors un sentiment de protection, c’est pourquoi certains individus refusent que des « inconnus » y pénètrent : « c’est pareil, je ne connais pas de site Internet, il y a le problème de la confiance sur Internet, je ne serais pas… je ne sais pas comment ça se passe, si c’est quelqu’un qui vient la chercher, qui vient chez moi, qui sache où j’habite, ça ne me rassurerait pas tellement »

La crainte de faire entrer quelqu’un dans son espace privé peut également porter sur le fait d’être jugé de ne pas « donner assez ». C’est alors par crainte de se sentir coupables que certains individus cherchent à rester anonymes : « je serais peut être gênée de la maison que je montrerais par rapport à ce que je donne. Parce que quelque part ça me gênerait presque, parce que je me dirais même que j’en ai sûrement pas fait assez, donc ça me culpabiliserait plus qu’autre chose… Donc oui je pense que je préfère que ça reste anonyme. Je vois pas l’intérêt d’étaler… déjà le fait de donner tu te débarrasses de choses, toi tu te débarrasses et les gens vont être très heureux de ce dont tu te débarrasses, là je ne sais pas je trouve que ce serait peut être ostentatoire de faire venir des gens qui… même si c’est pas eux qui ont besoin des objets, ils sont en contact avec ceux qui en ont vraiment besoin, donc je trouve que c’est pas la peine. S’il y a un peu d’opacité à la limite c’est mieux »

On sait également que les objets véhiculent l’image de leur possesseur puisqu’ils prolongent leur soi (Belk, 1988). Le fait de donner des objets via Internet et donc de voir le regard que le futur bénéficiaire va leur porter peut conduire les consommateurs à faire davantage attention à la qualité et à la présentation des objets donnés, ce qui implique là encore un coût : « si je donne sur Internet, je vais me sentir obligée de faire un truc mieux. Tu vois dans mon hall d’immeuble ce n’est pas repassé, c’est propre, mais c’est en vrac dans un sac. Autant si la personne passe, il va falloir que je plie, que ce soit bien fait, c’est une question de jugement, la personne va me juger je me sens obligée de faire bien, de repasser alors que dans mon immeuble, je ne vois pas la personne, je ne sais même pas ce qu’elle en fait. C’est la façon dont ça se passe… en soit c’est vrai qu’écrire un mail, c’est simple mais c’est après, parfois, ça peut être compliqué »

Enfin, donner via Internet implique parfois de choisir le bénéficiaire lorsque plusieurs personnes sont intéressées par les objets mis en ligne. Cela rebute d’autant certains consommateurs : « et si plusieurs personnes le veulent ? comment tu choisis la personne ? je vais donner mon vieux canapé pour aider des gens qui n’en ont pas, vous êtes trois à vouloir le canapé… lequel d’entre vous est le plus nécessiteux, je n’imagine même pas le truc, je vais donner le canapé à Emmaüs qui se débrouillera avec, ce n’est pas à moi à gérer ce truc, je ne me sens pas légitime et c’est une responsabilité trop forte » (Répondant 22).

Par volonté de rester fidèle aux associations caritatives

Lorsque les consommateurs donnent aux associations caritatives, ils sont souvent animés par la volonté d’aider autrui (Bergadaa, 2006). Le don s’inscrit chez eux dans un projet social puisqu’ils assimilent les associations caritatives aux personnes défavorisées. Berthoud (1982) explique dans ses travaux que le don est l’opérateur qui permet de créer et maintenir une relation humaine. Une telle relation suppose la médiation de tiers ou d’entre-deux pour unir et séparer les acteurs. Tout tiers – en l’occurrence l’association caritative – symbolise un ensemble de valeurs partagées et renvoie donc à la société. En donnant des objets, les consommateurs se sentent utiles et expriment leur solidarité. C’est donc parfois leur façon de contribuer au bienfait de la société (Godelier, 1996). Cette composante sociale est absente du don via Internet. Tout se passe en effet chez certains consommateurs comme si le don via Internet faisait disparaître toute trace de relation sociale : « si je dois les donner, je les donne à qui en a besoin, je sais qu’ils en font un bon usage, ce sont des gens qui en ont besoin je me dis que ce sera forcément utile et peu importe qui les reçoit par contre sur Internet, on ne sait pas, ça peut être des gros profiteurs et je déteste ça »


Synthèse des thèmes extraits de l’étude qualitative

  • Motivations  : Par volonté de rencontrer le futur bénéficiaire des objets qu’ils donnent - Par idéologie - Par « vengeance » vis-à-vis des associations caritatives qui leur ont refusé des objets Par praticité -
  • Freins : Par ignorance des sites de don et/ou de leur fonctionnement - - Par volonté de rester fidèle aux associations - Par crainte de se confronter au futur bénéficiaire ou de devoir le choisir

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