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Pêche en eaux profondes

Pêche en eaux profondes

Un article de Encyclo-ecolo.com.

(Différences entre les versions)

Version du 15 mars 2012 à 15:14


Sommaire

La pêche en eaux profondes

La pêche en eaux profondes est un phénomène relativement récent :

  • La pêche en eaux profondes de 1964 à 2000 : « Les pêches profondes ont contribué aux captures mondiales de poissons à hauteur de 800 000 à 1 000 000 tonnes par an. »
  • La pêche en eaux profondes entre 1975 et 2005 : selon le rapport MRAG sur les pêches profondes, il y a eu une croissance mondiale spectaculaire. « Les captures des pêcheries profondes ont globalement crû de 440% (eaux internationales et ZEE confondues), un chiffre à comparer avec la croissance moyenne de 47% des captures mondiales globales. »
  • Jusqu'à une époque récente, l'exploitation des eaux profondes était rendue difficile par leur profondeur et l'existence de ressources relativement plus abondantes à des profondeurs moindres n'incitait pas les pêcheurs à se tourner vers des régions d'exploitation aussi difficile.
  • Seules quelques pêcheries en eaux profondes ont une longue tradition, comme la pêche à la ligne du sabre noir (Aphanopus carbo) au Portugal (Madère), la pêche à l'escolier serpent (Gempylidés) et aux ceintures d'argent (Trichiuridés) dans les îles du Pacifique ou la pêche en eaux profondes du requin (en vue de l'extraction de scalène) en Afrique de l'Ouest. Or, à l'origine, toutes ces pêcheries étaient artisanales. (FAO)

Les principales zones de pêche en eau profonde des navires européens se situent à l’ouest de l’Ecosse et de l’Irlande dans les eaux sous souveraineté irlandaises et britanniques, dans les eaux sous souveraineté des Iles Féroé, et sur le banc d’Hatton (haute mer). Une pêcherie portugaise s’est également développée autour des îles de Madère et des Accores. Les mers australes proches de l'Antarctique sont aussi exploitées (pour la légine par exemple).

La palangre de fond

  • Les bateaux de pêche en eaux profondes pêchent à la palangre de fond automatique, technique progressivement mise au point et adaptée pour répondre à de nombreuses exigences environnementales. Chaque palangre se compose de 5 lignes de 180 mètres mises bout à bout, formant un «rail». Tous les 1,20 m, un hameçon est placé à l’extrémité d’un avançon de 60 cm.

Les appâts (maquereaux et calamars), embarqués au départ de chaque marée, sont découpés et accrochés automatiquement par une boetteuse à mesure que la palangre est filée, par l’arrière des navires. Les rails sont posés sur le fond, de nuit, afin que les oiseaux ne se prennent pas dans les hameçons en cherchant à dévorer les appâts. Une palangre reste immergée pendant 24 heures en moyenne. Une bouée, reliée à chacune de ses extrémités par un orin, indique sa position. Le relevage s’effectue à partir d’un local ouvert sur le flanc du bateau. Un treuil vire le rail, dont la tension est mesurée par un système électronique.

Deux hommes du bord, armés de gaffes, facilitent la remontée des poissons les plus lourds (certaines légines pèsent plus de 30 Kg). Des banderoles accrochées sur la plage arrière éloignent les oiseaux. En revanche, aucune parade n’est possible contre les prédateurs marins (cachalots aux Kerguelen mais surtout orques aux Crozet) qui guettent la remontée des prises.

Les poissons sont décrochés automatiquement des hameçons en buttant sur deux rouleaux. Les palangres passent alors dans un tuyau métallique puis le séparateur automatique à hameçons. Pour être ranger sur les rails de stockage. (source : sapmer.com/p-La-legine.html&uuidsscategorie=473c657e7d8d8?SSID=gqzgnjnnvqih)


Les poissons et la faune des grands fonds

  • Dans les profondeurs, la vie existe, elle est même riche mais elle se déroule au ralenti. Les écosystèmes profonds abritent une vie foisonnante malgré l'absence de photosynthèse, les énormes pressions (à 10 000 mètres, elle est d'une tonne par cm2, soit le poids de 50 avions sur 1 personne), des températures proches de zéro...

Mais la faune et la flore des grands fonds est très très fragile : la biodiversité d'eaux profondes alterne des zones désertiques et des oasis de profusion animale et végétale. La vit tourne au ralenti, alimentée par une pluie délicate et continue de déchets coulant lentement vers le fonds des zones plus proches de la surface océanique.

Du fait de leur profondeur, les espèces abyssales et des grands fonds sont très mal connues, tant par leur biologie que par leur répartition. Cependant, on estime qu'il y aurait de 1 à 10 millions d'espèces à découvrir dans les abysses, un capital biologique d'une richesse énorme pour l'avenir de la recherche biologique, chimique ou médicale et donc pour l'humanité.

Ainsi à l'Ifremer on étudie quelques uns des étonnants organismes des eaux profondes, dont les qualités pourraient être à l'origine de brevets pour les industries agroalimentaire, pharmaceutique ou cosmétiques :

  • les enzymes des abysses hydrothermaux qui simplifient la fabrication d'amidon,
  • les bactéries ou enzymes résistant à des pressions énormes ou à des pH super acides,
  • le ver géant Riftia qui près des sources chaudes transforme les métaux lourds en sucre en symbiose avec des bactéries tout en maîtrisant la prolifération de celles-ci,
  • les micro-organismes aux propriétés étonnantes de régénération, ou aux vertus anti-oxydantes

Quels pays pratiquent la pêche en eaux profondes


Captures françaises d’espèces profondes

source : bloom

  • En cumulé, la France a capturé 573 500 tonnes d’espèces profondes au cours de la période 1950-2008, ce qui la place au 7ème rang mondial des nations de pêche profonde.
  • La première espèce profonde à être débarquée en 1976 est la lingue bleue (16 500 tonnes). Il faut attendre 1989 pour qu’une autre espèce profonde : il s’agit du grenadier de roche en 1989 avec 2600 tonnes. Suivent ensuite le sabre noir (1400 en 1990) et l’empereur (4000 tonnes dès 1992).
  • La première espèce profonde à être débarquée en 1976 est la lingue bleue (16 523 tonnes). Il faut attendre 1989 pour qu’une autre espèce profonde : il s’agit du grenadier de roche en 1989 avec 2690 tonnes. Suivent ensuite le sabre noir (1451 tonnes en 1990) et l’empereur (4050 tonnes dès 1992).
  • Seules quatre espèces (légine, lingue bleue, grenadier de roche et sabre noir) constituent plus de 85 % des captures françaises en 2008.
  • Si l’on exclut la légine australe, dont seuls 3 % des aptures sont exportés vers la France métropolitaine et le reste de l’Europe, la proportion des trois espèces d’Atlantique Nord-Est (lingue bleue, grenadier de roche, sabre noir) atteint 77 % des débarquements français d’espèces profondes.
  • Les pics historiques de capture de lingue bleue et d’empereur correspondent à la première ou deuxième année de leur exploitation. Dans les deux cas, il s’agit d’espèces formant des agrégations au moment de la ponte, ce qui facilite une pêche localisée substantielle et une réduction rapide du stock. Pour les autres espèces, les pics de capture sont atteints en 2000 ou 2001.
  • Les débarquements d’espèces profondes ont connu des phases de croissance et de déclin avant la mise en place des quotas (1er janvier 2003). Ce n’est

donc pas à l’établissement de mesures de gestion qu’il est possible d’imputer les chutes de captures.

  • La criée de Lorient vient en tête des débarquements d’espèces profondes, suivie de celle de Boulogne (avec une quantité environ deux fois moindre). L’activité pêches profondes du Guilvinec est devenue résiduelle.

Flotte francaise de grands fonds environ 80 % de chalutiers (une proportion égale aux 0,9 % du total des espèces profondes, contre plus de 99 % des captures réalisées par les chalutiers.

La pêche profonde française s’est accrue pour atteindre son apogée en 1995 avec un total de 58 navires pratiquant au moins en partie la pêche profonde et ensuite rapidement à 49 unités en 1997, même si le nombre de bateaux spécialisés resta stable.


La pêche profonde française représente 79 % de l’effort communautaire mais ne concerne que huit bateaux dans les eaux internationales. Les captures en haute mer ne représentent que 0,12 % des débarquements français pour la période 1993-2005.


La position de la France


La Proposition de règlement du Conseil établissant, pour 2011 et 2012, les possibilités de pêche ouvertes aux navires de l'UE pour certains stocks de poissons d'eau profonde explique bien la vision des Autorités françaises sur la pêche en eaux profondes :

"Si plusieurs États membres disposent de quotas d'espèces d'eaux profondes, seuls la France, l'Espagne, le Portugal et dans une moindre mesure la Pologne et les États baltes (pour le grenadier de roche) disposent d'armements réellement concernés par ces espèces. Pour sa part, la flotte française est particulièrement présente dans la pêche du sabre noir, de la lingue bleue et du grenadier de roche, la mostelle de fond étant capturée en prises accessoires par les pêcheries artisanales de Bretagne.

Les stocks d'eau profonde sont des stocks de poissons capturés au-delà des principaux lieux de pêche du plateau continental. Encore peu connues, les espèces qui les composent ont une croissance lente et sont considérés comme particulièrement vulnérables à la surexploitation. Pour l'ensemble du stock couvert par la proposition, les données disponibles sont insuffisantes pour démontrer le caractère durable des pêcheries. Aussi, le Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM), plus encore que pour d'autres pêcheries, fonde son approche sur le principe de précaution.

Concrètement ; la pêche aux requins des profondeurs et aux poissons empereurs (hoplostètes orange) est gelée depuis 2010 (total admissible de capture, TAC, égal à zéro) et devrait le rester pour les deux années à venir. Pour les autres espèces, après une diminution considérable des possibilités de pêche ces dernières années, la Commission propose une réduction des TAC 2010 limitée à 15%. Plusieurs États, dont la France, souhaiteraient conserver le droit à des prises accessoires, notamment en ce qui concerne le sabre noir et le grenadier de roche."


Part dans les captures d’eaux profondes de l’UE en 2088

  • Au cours de la période 1950-­‐2008, 52 nations ont été impliquées à des degrés très variés dans les captures d’espèces profondes !
  • + de 4 millions de tonnes pour la Nouvelle-­‐Zélande
  • 4 tonnes déclarées pour Saint-­‐Pierre et Miquelon et 18 tonnes pour Chypre
  • Le total cumulé de toutes les captures mondiales atteint près de 15 millions de tonnes (14 864 108 tonnes).
  • La Nouvelle Zélande et la Russie ont capturé à elles seules plus de 31% et 16% respectivement du total sur la période.
  • Le Japon 10% suivi de l’Islande.
  • L’Espagne, le Portugal et la France, plus de 4 et 3%.
  • Les 10 premières nations ont capturé plus de 83% des prises mondiales.

La répartition par pays des captures d’eaux profondes a été de :

  • Espagne 38 %
  • France 31 %
  • Portugal 20 %
  • Autres 11 %

> Total 100 %


La pêche en eaux profondes, la plus dévastatrice de toutes les formes de pêche

  • La diminution des débouchés offerts par les pêches côtières ainsi que l'amélioration des engins de pêche et des instruments de navigation ont entraîné une expansion de la pêche en eaux profondes dans les années 1990. Un exemple probant d'un secteur de pêche en eaux profondes ayant connu une expansion ces dernières années est celui de l'hoplostète orange (voir plus bas)

Ne plus acheter les espèces visées par ce type de pêche, telles que le flétan ou le grenadier.

Les océans sont en train de mourir, notamment en Europe. Parmi les espèces de poissons que l'on trouve sur nos étals, 9 sur 10 sont surexploitées ou au bord de la surexploitation. Si on continue à ce rythme, d'ici 35 ans les océans seront vides.


Une pêche minoritaire mais dramatique

  • L’Union européenne a déclaré un total de capture supérieures à 43 000 tonnes de poissons d’eaux profondes dans l’Atlantique nord-est en 2008.
  • Ce chiffre est probablement inférieur au nombre exact des captures communautaires. L’UE ne tient des statistiques que pour 46 espèces d’eaux profondes, alors que près de 70 espèces sont prises par les pêcheries d’eaux profondes de l’Atlantique nord-est.7

La capture par l’UE de ces 46 espèces a représenté en 2008 83 % du total de captures de ces espèces, tous pays confondus, en Atlantique nord-est8. La valeur de ces captures équivalait à 121 millions d’€ , soit seulement 1,8 % du total des débarquements communautaires pour l’ensemble des pêcheries.


Valeur des captures d’eaux profondes de l’UE en 2008

>> 121,3 millions € au total au niveau européen

  • Cernier atlantique 20 %
  • Grenadier de roche 15 %
  • Sabre noir 13 %
  • Congre commun 10 %
  • Dorade rose 10 %
  • Autres 33 %

> Total 100 %

Les principales espèces profondes ciblées par les flottes européennes et auxquelles le rapport MRAG se réfère sont :

  • le flétan noir ou « flétan du Groenland » (Reinhardtius hippoglossoides),
  • l’empereur (Hoplostethus atlanticus): l’empereur est une espèce à forte valeur marchande et facilement commercialisable. Il semblerait que ce soient les débarquements effectués par les Français qui conduisirent d'autres nations à explorer le potentiel de la pêche profonde dans cette zone de l'Atlantique.
  • les dorades sébastes (sébaste du Nord Sebastes mentella et grand sébaste Sebastes marinus),
  • la crevette nordique (Pandalus borealis),
  • la lingue ou lingue franche (Molva molva),
  • la lingue bleue (Molva dypterygia),
  • la légine australe (Dissostichus

Impact de la pêche en eaux profondes sur l'habitat

  • En matière de pêche en eaux profondes, il ne faut pas parler de menace potentielle mais bien d'un danger avéré et de milieux naturels fragiles en cours de destruction
  • L'apparition de nouvelles technologies a en effet contribué au développement de cette pratique. « Les espèces concernées sont difficilement accessibles, rappelle Pascal Lorence. Elles vivent entre 400 m et plus de 2 500 m de profondeur dans des endroits très localisés. L'apparition, durant les années 80, de chaluts capables d'opérer à ces profondeurs, du GPS et de sondeurs de plus en plus performants, a permis de contourner ces difficultés. »


  • 80% des captures de poissons des abysses se fait par la pêche au chalut de fond à l'aide de filets géants atteignant 125 mètres d'ouverture. Comme l'a constaté un plongeur de l'Ifremer (Daniel Desbruyères), habitué des plongées profondes, cCes filets, trop grands et très lourds, ratissent les fonds de manière irrémédiable pour ne recueillir que ... pas grand chose ; un peu comme si on rasait une forêt au bulldozer pour cueillir une fleur.
  • Les engins de pêche sont devenus plus efficaces, grâce à l'introduction des lignes en fibre monofilament et à l'augmentation considérable du nombre d'hameçons par ligne (aujourd'hui compris entre 4000 et 5000).
  • Les habitats victimes des pêches profondes sont suraffectés par le contact des engins de pêche sur le fond. Selon l'Ifremer : "Les chaluts profonds dont chacun des panneaux peut peser près d'une tonne et le bourrelet plusieurs tonnes laissent des traces. Ces traces restent visibles sur les fonds sableux ou vaseux, mais c'est lorsqu'ils impactent des coraux profonds (préférentiellement appelés coraux d'eau froide, car on les trouve non seulement par grande profondeur, par exemple entre 400 et 1000 m dans le golfe de Gascogne mais aussi par des profondeurs bien moindres dans les régions froides, par exemple 40 m de profondeur en mer de Norvège) ou des zones couvertes de grandes éponges que l'effet des engins de pêche, notamment des chaluts est problématique. Les coraux d'eau froide sont présents un peu partout sur la pente continentale. Ils forment localement des communautés très denses et sont absents d'autres secteurs. Ils abritent une grande biodiversité et doivent à ce titre être préservés, c'est pourquoi certaines zones de l'océan sont désormais interdites à la pêche profonde".
  • Dans les années 90, les services de renseignement américains ont mis dans le domaine public leurs cartes détaillées des fonds sous-marins. Il faut savoir que si ces espèces de poissons vivent sur la pente continentale, elles abondent également autour des nombreuses montagnes sous-marines longtemps ignorées des cartes traditionnelles…


La pratique des rejets

La plupart des navires de pêche en eaux profondes capturent plusieurs espèces à la fois, de telle sorte que la capture d’espèces non ciblées, y compris des espèces de requins profonds en danger d’extinction, est inévitable.

  • Selon le rapport de mai 2011 du PEW Environment group, "La pratique des « rejets », qui consiste à rejeter à la mer les poissons les moins intéressants,

est particulièrement répandue dans le cadre des pêcheries d’eaux profondes avec 50 % ou plus des captures rejetées et donc gaspillées. Pire encore, de multiples preuves révèlent la pratique courante des fausses déclarations ou de l’absence de déclaration des captures. Sans données exactes sur les captures, les scientifiques et les gestionnaires ne peuvent pas gérer ces pêcheries de manière efficace."


Des poissons profonds qui se renouvellent peu

Dans les profondeurs, la vitesse de reproduction du vivant est très lente

  • 1 heure de pêche, 4000 ans de réparation : quand les filets de pêche raclent des coraux, refuges de biodiversité et des poissons, et qu'ils en détruisent des massifs entiers, il faut savoir qu'ils éliminent un patrimoine vivant qui a mis plusieurs milliers d'années à pousser, 4000 ans, parfois 10 000 dans certains cas. La campagne CARACOLE menée par l'Ifremer en 2001 ainsi que plusieurs études norvégiennes, ont montré que ces coraux sont définitivement détruits après le passage de chaluts de grand fond.
  • Suite à ces conditions d'environnement particulières, les stocks de poissons profonds sont globalement moins productifs (ils se renouvellent moins vite) que ceux de poissons côtiers. De nombreux exemples à travers le monde montrent qu'une exploitation non contrôlée peut rapidement réduire les stocks profonds. Il est néanmoins possible de les pêcher de façon durable, sans mettre en cause leur pérennité, si la quantité pêchée est en adéquation avec les capacités de renouvellement de ces espèces. Le tableau donnant les caractéristiques biologiques des principales espèces montre qu’il ne faut pas généraliser. Ainsi, la durée de vie et la maturité sexuelle varient considérablement selon les espèces. Les caractéristiques biologiques du sabre, comme celle de la lingue bleue, les rapprochent des espèces communes du plateau continental (lieu noir par exemple) et les distinguent profondément des espèces à vie longue (empereur, grenadier). (FAO)
  • La reproduction lente de ces poissons - ils atteignent la maturité sexuelle à l'âge à peu près identique comme êtres humains - est l'une des raisons principales qu'ils ne peuvent pas récupérer de la pêche excessive.

> Grande longévité + croissance lente + reproduction tardive = grande vulnérabilité des poissons des profondeurs

La pêche en eaux profonde, difficile à justifier économiquement

  • Dans un rapport publié récemment, l'association Bloom, spécialisée dans la protection des poissons et du milieu marin, montre que cette pêche est également difficile à justifier d'un point de vue économique (bloomassociation.org/bloom/download/Profil_ecologique_et_socio-economique_des%20peches_profondes.pdf)

Selon Bloom, en France, les 2 principales flottes pratiquant la pêche au chalut de fond auraient touché chacune plusieurs millions d’euros de subventions publiques au cours de ces dernières années, d’après les calculs de l’association. Sa présidente, Claire Nouvian, juge « éthiquement problématique que ces subventions soutiennent une pêche qui anéantit des écosystèmes et des espèces vulnérables ».

  • Depuis 2003, l'Europe a instauré un système de quotas basés sur l'état des stocks estimés par le CIEM, Conseil international pour l'exploration de la mer. Pour l'année 2006, les prises autorisées ont été réduites de 20 % par rapport à celles de 2003.
  • Selon Greenpeace, le chalutage en eaux profondes est pratiqué par une petite flotte de moins de 400 bateaux basés à 60% en Espagne (107), au Danemark (77) et en France (74).

Selon les chiffres de la FAO, la pêche de grands fonds n'a représenté en 2001 que 280 à 320 millions €, soit 0,5% du chiffre d'affaires de la pêche mondiale.

  • Selon Phil Weaver (1): Depuis cinquante ans, l’industrie de la pêche, confrontée à l’épuisement des stocks de poissons de surface, s’est tournée vers les profondeurs (au-delà de 500 m). L’activité est pratiquée par une flotte mondiale de 285 navires seulement, et par dix pays dont la Nouvelle-Zélande, la Russie, l’Espagne et la France. Elle reste modeste au regard de la pêche globale : 450 millions d’euros au niveau mondial contre 55 à 60 milliards d’euros. Mais elle a pourtant un «très fort impact écologique. Dans les eaux européennes, 30 à 50 % des récifs coralliens sont déjà détruits.»

L'association Bloom a décortiqué les comptes des trois principales entreprises françaises concernées, Dhellemmes, Euronor et Scapêche, regrette que ces sociétés "non rentables" continuent à bénéficier de subventions publiques.

"Ces subventions sont venues à un moment où pourtant il avait été clairement et scientifiquement établi que l'objectif était de réduire la pression de pêche", note Claire Nouvian, présidente de Bloom, précisant que le rapport ne traite pas de la pêche française de la légine en Antarctique, activité quant à elle rentable et réalisée dans des conditions jugées satisfaisantes.

En Atantique du Nord-Est, une dizaine de bateaux français réalise 80 à 90% de la pêche profonde française, souligne-t-elle, pointant notamment la "vulnérabilité structurelle" des entreprises par rapport au coût du carburant, qui peut représenter "près de la moitié de leur chiffre d'affaires"

Interdire ne déséquilibrerait pas l'industrie de la pêche et naurait que peu d'impact économique au niveau mondial.


L'état des stocks de poissons d'eaux profondes

  • Selon le Conseil international pour l’exploitation de la mer (principal organe consultatif scientifique pour la pêche dans l’Atlantique nord est), les informations disponibles indiquent que toutes les espèces d’eaux profondes sont actuellement pêchées « au delà des limites biologiques de sécurité ». (CIEM, 2010, Report of the ICES Advisory Committee. Livre 11: Technical Service. 11.2.1.1. sur les captures des stocks (gérés par la Communauté) à l’intérieur et au-delà des

limites biologiques de sécurité,)

Une étude canadienne, 5 espèces des poissons d'eau de mer profonde seraient au bord de l'extinction dû au décalage de la pêche professionnelle des plateaux continentaux des pentes des plateaux continentaux, vers le bas des profondeurs de 1600 mètres :

  • grenadier à pointe ronde,
  • grenadier d'oignon-oeil,
  • merluches bleues,
  • anguille épineuse
  • raie de spinytail


Selon Phil Weaver (1), les espèces des profondeurs sont particulièrement vulnérables : d’une grande longévité, elles ne se reproduisent pas rapidement. «Entre 1975 et 1999, les prises de poissons profonds ont baissé très rapidement», constate Phil Weaver, ce qui signe le déclin des stocks. «On comptait 25 000 individus au km2 avant le début de la pêche profonde, on est passé à 7 225.» Empereurs, grenadiers de roche et sabres noirs sont les principaux menacés. Les pêcheurs ne recherchent que 3 ou 4 espèces mais 78 se retrouvent dans leurs filets : les poissons sont relâchés morts à la mer.

La position officielle des pêcheurs

  • Le comité des pêches, au sujet de la pêche profonde, écrit sur son site web :

" ..;la plupart des espèces d’eau profonde ne sont pas pêchés au-dessus des coraux. D’autre part, les coraux sont principalement établis dans les zones les plus accidentées non accessibles à la pêche ou dangereuses pour leurs filets. Enfin, plusieurs zones de protection des coraux profonds ont été instaurées par l’Union européenne dans les eaux communautaires et par la NEAFC (Commission des Pêches de l’Atlantique Nord Est) en haute mer.

Interdire le chalutage en eau profonde n’est pas la solution. Cette mesure est disproportionnée et discriminatoire ; elle ne règle pas le problème global de conservation de l'environnement profond, également soumis aux forages pétroliers et à la pose de câbles sous-marins.

D’autres mesures, supportables par la profession, peuvent être envisagées :

  • création de nouvelles zones de protection des coraux profonds,
  • modification des engins pour réduire leur impact.
  • Par ailleurs, il serait souhaitable que les mesures soient prises au sein d’organisations régionales de pêche ayant un véritable mandat sur les espèces d’eau profonde."


Le combat de Greenpeace contre le chalut en eaux profondes

  • Selon l'ONG Greenpeace, le chalutage profond entraîne des rejets en mer d’animaux morts et détruisent le fond des océans. Intermarché possède la plus importante flotte de chalutage profond en France.Focus de Greenpeace sur l’activité chalutage profond d’Intermarché ici : http://bit.ly/l26ndZ

Intermarché montré du doigt

  • Intermarché possède la plus grande flotte de chalutage profond en France. Intermarché capture 60% des prises françaises en termes de pêche profonde. Si cela ne représente que 8 bateaux, la technique de pêche est particulièrement destructrice. Les chaluts sont des filets coniques, dont l’ouverture peut être aussi large qu’un terrain de football, tirés par des bateaux au dessus du plancher océanique, raflant tout sur leur passage. Un désastre écologique.

Greenpeace demande à Intermarché d’arrêter la pêche par chalutage profond et d’orienter son activité vers des pratiques qui n’engendrent ni la surpêche ni la destruction des fonds marins.

Une activité qui survit sous perfusion des fonds de l’Union européenne

L’Union européenne a entamé un processus de réforme de la Politique commune des pêches européenne, qui régule les pratiques de nos flottes dans et hors des eaux communautaires. La flotte d’Intermarché a survécu malgré sa mauvaise santé économique grâce à 9,7 millions d’Euros de fonds publics, payés par le contribuable français et européen, entre 1996 et 2008. Intermarché a par la suite, en 2008, injecté 20,4 millions d’Euros dans sa flotte pour la maintenir à flot.

Dans le cadre de cette réforme, Greenpeace demande que l’UE cesse de subventionner les techniques destructrices comme le chalutage profond


Des actions ponctuelles pour dénoncer la pêche en eaux profondes

  • Le 25 juin et le 23 juillet, comme dans les Intermarchés de 22 villes en France, les militants bénévoles de Greenpeace groupe local de Lille se sont mobilisés à Intermarché Lambersart et Marquette-Lez-Lille pour dénoncer les dégâts de la pêche de grands fonds, en signalant par une étiquette les principales espèces de grands fonds (le grenadier, le flétan, l’empereur, la lingue, le sabre noir, le sébaste…). Le chalutage profond est emblématique de ces mauvais pratiques : trop industrielles, elles menacent des espèces qui se reproduisent très tardivement et sont donc particulièrement vulnérables à la pêche, de plus le chalutage profond entraîne des rejets en mer d’animaux morts et détruit le fond des océans.

Les zones de pêche en eaux profondes

  • Selon le CIEM, la quasi totalité des captures d’espèces profondes dans les eaux européennes se trouvaient en dehors des limites de sécurité biologique : un stock de poissons est en dehors des limites biologiques de sécurité si sa biomasse est inférieure à la valeur correspondant à un principe de précaution préconisé par le CIEM, quand sa taille ne garantit pas pleinement sa survie.

De plus, dans certaines zones de pêche, sur 3 à 4 espèces recherchées pour l’alimentation, 78 autres sont pêchées sans aucune chance de survie ! Ces prises normalement qualifiées d’accessoires deviennent ici prépondérantes…

Les principales zones de pêche en eau profonde des navires européens se situent à l’ouest de l’Ecosse et de l’Irlande dans les eaux sous souveraineté irlandaises et britanniques, dans les eaux sous souveraineté des Iles Féroé, et sur le banc d’Hatton (haute mer). Une pêcherie portugaise s’est également développée autour des îles de Madère et des Accores. La pêche en eau profonde se pratique entre 600 m et 1500 m de fond et les principales espèces exploitées sont :

La pêche en eaux profondes dans l’Atlantique nord

  • La pêche en eaux profondes dans l’Atlantique nord concerne le grenadier de roche (« roundnose grenadier »), le sabre noir (« black scabbard »), la lingue bleue (« blue ling »), les requins siki (« deepsea sharks »), l’empereur ou hoplosthète (« orange roughy »), le flétan noir (« greenland halibut »), le brosme (« tusk »), la lingue franche (« ling »), la physis (« forkbeards »).

La pêche en eaux profondes ailleurs dans le monde

  • La pêche en eaux profondes ailleurs dans le monde concerne la légine (« toothfish ») (eaux antarctiques, notamment celle des Terres Australes et antarctiques Françaises), l’empereur (eaux néo-zélandaises et australiennes), le hoki – sorte de grenadier – (eaux néo-zélandaises), les crevettes profondes (notamment en Méditerranée), ….

D’autres espèces de poissons, qui ne sont pas qualifiées d’eau profonde, sont néanmoins également capturées dans des profondeurs de 600 à 800 mètres dans l’Atlantique Nord (baudroie, merlu...).


La pêche en eaux profondes

Communiqué AFP de 2011 :extraits

La pêche en eau profonde, au-delà de 500 m, cible notamment empereurs, grenadiers de roche et sabres noirs. Elle s'est développée au tournant des années 80, les chalutiers allant pêcher toujours plus loin et plus profondément en raison de l'appauvrissement des ressources sur les côtes.

"La pêche en eau profonde pourrait connaître les mêmes problèmes de surexploitation que la pêche côtière", rappelle Matthew Gianni, conseiller politique de Deep Sea Conservation Coalition qui réunit une soixantaine d'organisations internationales.

Cette activité constitue, de très loin, l'impact humain le plus important sur les fonds dans l'Atlantique Nord-Est, largement devant les activités pétrolières, la pose de câbles sous-marins ou les activités scientifiques, selon une étude présentée par le Pr Weaver.

"C'est bien que l'industrie pétrolière soit contrôlée, mais nous avons besoin du même niveau de contrôle pour la pêche", estime-t-il.

Une pêche durable est possible, estiment les ONG, mais à certaines conditions comme l'abandon du chalutage profond et le prélèvement en petite proportion des espèces ciblées.

La pêche en eaux profondes : avis d'experts


  • “D’ici 2015, je ne pense pas que les choses seront tellement différentes, mais d’ici 2020, on peut imaginer que les pêcheries industrielles auront cessé et que les pêcheries restantes soient des pêcheries « boutiques », très réduites et ciblant un marché haut de gamme.” Matthew Dunn, National Institute of Water and Atmospheric Research Ltd. (NIWA)


“La situation dépendra essentiellement des subventions et du prix du carburant. En l’absence de subventions, l’activité de pêche profonde cessera rapidement, car elle ne sera plus économiquement viable. En revanche, Si les pays continuent de subventionner ces pêcheries, les stocks de nombreuses espèces ’effondreront sans doute très rapidement.” Telmo Morato, Université des Açores, Portugal


“La pêche profonde est un exemple classique d’épuisement séquentiel des ressources dans la plupart des régions, perpétré par seulement quelques navires qui reçoivent des subventions très importantes. L’avenir est sombre, sauf si une vision à long-terme venait limiter les efforts, les zones de pêche et les engins utilisés.” Peter Auster, Université du Connecticut, Etats-Unis


“ [La pêche profonde] est un gâchis de ressources, c’est un gâchis de biodiversité, un gâchis de tout. A la fin, il ne reste plus rien.” Daniel Pauly


La pêche en eau profonde peut-elle être durable ?


  • Une pêche véritablement durable en eaux profondes peut-elle exister et si oui, où doit-elle être réalisée et dans quelles conditions ?

Etude de l'Universtié du Maine, Etats-Unis,

La gestion écosystémique des pêches exige d’aborder conjointement la notion d’habitat, de prises accessoires et de populations de poissons ciblés, dans un contexte dit “écosystémique”.À cette fin, un séminaire (workshop) scientifique international a été organisé en France, afin de développer une approche écosystémique de la pêche en eaux profondes et de savoir si les espèces profondes pouvaient être pêchées de manière durable.

Les scientifiques ayant participé au workshop ont pu intégrer des informations sur les prises accessoires dans leurs modèles, mais d’autres indicateurs écosystémiques, tels que les caractéristiques de l’habitat, ont été plus difficiles à intégrer.

Le terme “eaux profondes” désigne par convention les profondeurs océaniques supérieures à 200 m, bien que les espèces de poissons examinées fussent celles dont les adultes vivent à des profondeurs supérieures à 400 m.

Les juvéniles de certaines espèces se rencontrent parfois dans les eaux peu profondes du plateau continental.

Tous les poissons d’eaux profondes ne sont pas semblables. En effet, un poisson profond peut aussi bien être issu d’un processus d’évolution lente en profondeur que d’un ancêtre récent vivant sur le plateau.

La profondeur à laquelle on rencontre les espèces profondes est fortement corrélée à leurs paramètres biologiques.

Afin d’évaluer le potentiel de la pêche profonde en termes de durabilité écosystémique, il a d’abord été jugé bon d’utiliser la classe de modèles relativement simple de Lotka-Volterra,mais les experts ont vite reconnu que les pêcheries en eaux profondes souffraient d’un manque de données important (par exemple des renseignements comme les caractéristiques du cycle de vie, les prises accessoires ou encore le taux de rejet n’existaient pas). Cela a rendu l’utilisation de modèles quantitatifs difficile. Une méthode alternative a permis d’appliquer un modèle semi-quantitatif (l’Analyse Productivité-Sensibilité, PSA), pour les espèces couramment capturées dans les pêcheries d’eaux profondes, en combinant à la fois les données de cycle de vie des poissons et des critères écosystémiques.

Ce modèle classe les espèces de façon subjective sur une échelle de 1 à 3 en fonction de leur potentiel de productivité issu des données de cycle de vie et de leur sensibilité à la surpêche, basée sur la distribution et le comportement des espèces ainsi que sur les mesures de gestion. La représentation graphique du modèle produit expose la vulnérabilité de chaque espèce par rapport aux autres espèces analysées.

Les scientifiques ont pu se mettre d’accord sur une liste de critères objectifs de productivité (taille et âge maximum, estimation de la mortalité naturelle, mesure de la fécondité, stratégie de reproduction, âge à la maturité et niveau trophique moyen).

En revanche, l’identification des critères reflétant la sensibilité des espèces à la surpêche a posé plus de problèmes. Certains de ces critères – par exemple l’aire de distribution et la zone de chevauchement vertical avec les activités de pêche – sont imprécis car ils reposent sur des informations qui ne sont pas toujours disponibles, tandis que d’autres, tels que le fait d’avoir actuellement un plan de gestion ou non, ne tiennent pas compte de l’histoire des pêcheries.

En conséquence, certaines espèces d’eaux profondes comme le sabre noir et les grenadiers de roche ont été considérées comme moins sensibles à la surpêche, bien que leur population ai gravement diminué au cours des 10 dernières années.

Ces résultats créent donc dans certains cas une impression trompeuse quant à la vulnérabilité des espèces d’eaux profondes. Le modèle de vulnérabilité PSA est avant tout une analyse de risque mais il n’aborde pas directement la question de la durabilité. Toutefois, en affinant les critères de sensibilité et en ajoutant des critères sur les habitats, il pourrait être utilisé pour identifier les espèces particulièrement vulnérables dans un contexte écosystémique et également permettre de proposer des stratégies de gestion potentielles.


Les multiples études scientifiques des océans profonds présentent une image d’un monde où la vie se déroule à un rythme lent.

Les espèces ont une croissance lente, vivent longtemps, atteignent leur maturité tardivement et possèdent un faible taux de fécondité, mais la diversité y est extrêmement élevée, surtout dans les profondeurs bathyales supérieures (200 - 2000 m).

Etant donné que toutes les pêcheries dites « profondes » atteignent ces profondeurs, les caractéristiques de la faune vivant en eaux profondes ont conduit les scientifiques, les gouvernements et les ONG à se préoccuper de la durabilité des pêches profondes et de leur impact sur la biodiversité et les habitats.

Les gouvernements ont réagi à cette préoccupation croissante et en 2002, l’Assemblée Générale des Nations Unies a entamé un processus de négociation qui a abouti à l’adoption de la résolution 61/105 de l’AGNU en 2006 ainsi que de la résolution supplémentaire 64/72 en 2009, afin d’assurer la durabilité des populations de poissons d’eaux profondes et la préservation des écosystèmes marins vulnérables à long terme.

Reconnaissant que les espèces de poissons d’eaux profondes sont vulnérables à la surexploitation et que certaines pêcheries causent de graves dommages aux habitats, la Commission Européenne a également fixé des quotas de pêche, qui ont été régulièrement réduits depuis 2003, et imposé la fermeture de zones dans lesquelles aucun engin de fond ne peut être utilisé. Toutefois, les pêcheries pro fondes continuent d’être exploitées en dehors des limites biologiques de sûreté et ne peuvent être considérées comme étant gérées de façon durable.

Les Etats ont l’obligation d’assurer la viabilité à long terme des stocks de poissons ciblés et des espèces de prises accessoires, d’éviter les effets néfastes notables sur les écosystèmes d’eaux profondes par la mise en place d’études d’impact environnemental préalablement à l’activité de pêche, et de fermer les zones de pêche où l’on rencontre des écosystèmes vulnérables.

Trois types de pêches profondes sont étudiés en utilisant le modèle semi-quantitatif PSA et a comparé les conséquences environnementales de l’utilisation du chalut et de la palangre. A la suite du workshop, des analyses plus approfondies ainsi que la rédaction des résultats ont été poursuivies pendant deux mois, au cours desquels des tendances et des règles générales ont vu le jour, permettant d’extraire ce que les participants ont appelé des « leçons » qui devraient être appliquées par les gestionnaires comme autant de règles d’or dont la mise en oeuvre est essentielle pour assurer la durabilité écosystémique à long terme de la pêche en eaux profondes.

LEÇON 1 : AUCUNE PÊCHERIE AU CHALUT PROFOND NE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME DURABLE SI ELLE IMPLIQUE D’IMPORTANTES PRISES ACCESSOIRES OU DES EFFETS SUR LES HABITATS

« Les chaluts de fond ne sont pas discriminatoires et causent des dommages irréversibles sur l’écosystème »

LEÇON 2 : CERTAINES PÊCHERIES EN HAUTE MER POURRAIENT ÊTRE EXPLOITÉES DE MANIÈRE DURABLE DANS DES CONDITIONS SPÉCIFIQUES

Les grenadiers profonds sont capturés dans presque toutes les prises réalisées au chalut ou à la palangre sur les pentes continentales du monde entier et sont tous sensibles à la surpêche.

Cependant, la population de grenadiers géants (Albatrossia pectoralis) du Pacifique Nord, peu pêchée et relativement abondante, pourrait potentiellement devenir une pêcherie durable. Un petit pourcentage pourrait être prélevé à long terme à partir de cette biomasse actuellement importante.

Le sabre noir et la mostelle de fond se retrouvent à l’extrémité « la moins vulnérable » sur la représentation graphique du modèle PSA

Le requin griset (Hexanchus griseus), le squale chagrin de l’Atlantique (Centrophorus squamosus), le squale chagrin commun (Centrophorus granulosus) et d’autres requins, se situent quant à eux à l’extrémité « la plus vulnérable », en particulier en raison de leur productivité très faible.

LEÇON 3 : THÉORIQUEMENT, TOUTES LES PÊCHERIES D’EAUX PROFONDES AURAIENT PU ÊTRE CONDUITES DE FAÇON DURABLE


… mais cela n'a pas été fait :

Parmi les nombreuses espèces d’intérêt commercial qui avaient un potentiel de durabilité à long terme : l’empereur. L’exploitation de l’espèce dans l’Atlantique a entraîné la réduction de la taille du stock à seulement 30% de ce qu’il était à l’origine.

Même dans un scenario de « zéro capture », ila population mettrait plus de 100 ans à se rétablir. L’empereur est une espèce particulièrement longévive, les femelles matures ne pondent pas jusqu’à ce qu’elles soient plus âgées que la plupart des autres poissons, le cycle de vie de l’espèce est peu connu et la pêche réalisée pendant la période d’agrégation.

L’empereur est ainsi un exemple d’espèce dont les caractéristiques indiquent qu’il ne pouvait être pêché de manière durable qu’en prélevant de très faibles proportions de sa population, ce qui ne s’est pas produit dans l’Atlantique Nord et ne semble pas non plus être le cas dans le Pacifique Sud. Au lieu de cela, on a connu une série d’épuisements des stocks dans la plupart des zones de l’océan où l'empereur est pêché.

LEÇON 4 : UNE RECHERCHE SCIENTIFIQUE DÉDIÉE AINSI QU’UN « MONITORING » ET UNE SURVEILLANCE ACCRUS DOIVENT ÊTRE ASSOCIÉS À TOUTE PÊCHERIE EN EAUX PROFONDES

Certains poissons, tels que le sabre noir, la mostelle de fond et la lingue bleue, sont plus étroitement liés à la productivité d’espèces de surface et ont des distributions plus superficielles que celles de nombreuses espèces profondes. Ces espèces ont un taux de fécondité élevé et des temps de renouvellement relativement courts et pourraient donc être candidates à une pêche durable … et donc étroitement contrôlée


LEÇON 5 : LA PÊCHE PROFONDE DEVRAIT ÊTRE ÉCONOMIQUEMENT DURABLE.

1 - Pour être considérées durables, les pêcheries d’eaux profondes doivent réduire considérablement leurs impacts sur les habitats et les espèces non ciblées et ne doivent prélever que de très petites quantités de biomasse. 2 - Dans l’ensemble, les biomasses de poissons profonds ont été substantiellement réduites.

> Par conséquent, les rendements futurs ne pourront jamais égaler ceux obtenus par le passé et à l’exception notable du grenadier géant (Albatrossia pectoralis), il semble n’y avoir aucune espèce d’intérêt commercial qui présente des biomasses vierges potentiellement importantes.

Une question importante se posr: unr gestion durable des pêcheries profondes peut-elle être compatible avec une activité économique viable, en particulier à la lumière des coûts supplémentaires d’une évaluation et d’un suivi scientifiques adéquats ?

Compte tenu de ces considérations, du coût environnemental imposé aux habitats par le chalutage profond et de l’extrême lenteur de rétablissement de ces habitats, les spécialistes qui ont participé à l'étude ont remis en question à plusieurs reprises rla viabilité économique d’une pêche profonde véritablement écosystémique et basée sur des avis scientifiques ». Autrement dit, il n'y croient pas.

Et pourquoi, la seule manière de stopper l'hémorragie est d'agir au niveau du consommateur en refusant d'acheter ces espèces profondes ou abyssales.



Au sujet de l'achat de poisson


  • Pour compléter cette partie du Guide d'achat poissons, consulter l'article Apports nutritionnels des poissons qui détaille les qualités nutritionnelles des poissons et leur mode de consommation.

sources : ifremer, gouvernement, bloomassociation.org/bloom/download/PEWTop10FR.pdf, FAO, François Latour in "Au coeur des océans", CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer : 2010, Report of the ICES Advisory Committee,

(1) Publiés dans Plos One en septembre 2010 par Phil Weaver, Coordonnateur pour la Commission européenne du programme de recherche sur l’impact environnemental de la pêche profonde, les résultats de l’exploration menée en 2005 dans l’Atlantique nord-est sont alarmants

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