Pêche dans le monde
Un article de Encyclo-ecolo.com.
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La pêche moderne vide les mers de leurs poissons
Selon la FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture, 7 des 10 plus importantes espèces de poisson sont au bord du dépeuplement total.
Pourtant, on le sait, le poisson est sain et nous avons tous envie d’en consommer. Nous en mangeons deux fois plus qu’en 1995 soit 16,3 kilos par habitant, soit 132 millions de tonnes. Depuis 2002, l’humanité en consomme 84 millions de tonnes par an contre 20 millions en 1950. Alors comment faire ? Faut-il continuer à acheter du cabillaud, de la dorade rose en voie de disparition ?
La pêche moderne est une industrie en surcapacité
La FAO estime que la flotte de pêche compte 3,8 millions de navires dans le monde en 1995. Une grave surcapacité , soit un trop grand nombre de navires de pêche, est apparu dès la révolution industrielle vers 1820, avec la forte réduction des du nombre de baleines et de saumons. Depuis les années 1950, la surpêche s’est généralisée à la plupart des espèces pêchées.
Surpêche : des navires de plus en plus grands
Les Norvégiens ont construit l'Atlantic Dawn, un super chalutier gigantesque, pour les Irlandais : ce navire de pêche représent à lui seul 15% des capacités de pêche d'Irlande en 2005! Ses sennes coulissantes sont 2 fois le volume du dome du millénaire de Londres et il peut traiter jusque 700 tonnes de poisson par jour !
Ce type de navire peut capturer jusque 80 % de poissons qu'il ne recherche pas et les recherche à l'eau, mort, avec de nombreux dauphins, requins et tortues qui se trouvent également pris dans leurs filets. Un massacre de très grande échelle.
Les super chalutiers ravagent les écosystèmes de la mer du Nord, de l'Atlantique, etc mais continuent à être subventionnés par l'Union Européenne.
Les bateaux usines vident les océans
De nombreux bateaux de pêche sont de véritables usines des mers et plus simplement les traditionnels chalutiers familiaux,. De plus, en dehors des premiers 200 milles nautiques qui délimitent le littoral national et donc la zone d’exclusivité pour les pêcheurs d’un pays, la pêche, même massive, n'est pas réglementé.
Du fait de cette absence de contrôle et de règle du jeu, il y a une véritable surexploitation des ressources et un nombre de bateaux beaucoup trop important de bateaux dans certaines zones de pêche.
La surpêche pose un vrai défi économique et écologique
L’industrie de la pêche emploie environ 200 millions de personnes dans le monde. La surpêche entraîne une offre de poissons pléthorique : une surabondance de poissons à la vente, qui tire leur prix vers le bas, et ensuite, dans la durée, une pénurie de certaines espèces et baisse des quantités de poissons pêchées, qui tire les prix vers le haut mais sur une offre restreinte.
Océans : les espèces de poisson menacées
Globalement, 1 espèce de poisson sur 3 est menacée d’extinction et la moitié parvient tout juste à se renouveler. 7% des espèces marines ont disparu depuis 1950. 29% des 600 espèces pêchées dans le monde sont en voie d’extinction totale : autrement dit, leur niveau est descendu à 10% de celui de 1950. C’est le cas au Canada de la Morue, du saumon, du marsouin commun, du fouille-roche gris, de la raie tachetée, du colin de l’églefin, etc.
Depuis 2000, les quantités de poisson ont diminué de 5%, non du fait d’une moindre pêche mais plutôt de ressources qui s’épuisent. Dans la mer du Nord, le cabillaud, très prisé en France, a vu le nombre de poissons adultes en âge de se reproduire divisé par 5 en 20 ans. La pêche à la morue est quasiment un fait du passé du fait que 85% des morues pêchées étaient trop jeunes pour avoir eu le temps de se reproduire.
Alors, si on pose la question du point de vue de la préservation de la biodiversité et des espèces marines, il faut se référer aux listes des poissons en danger et de ceux relativement épargnés.
- Du point de vue de contamination au mercure, il faut préférer les poissons marins. Pourquoi ? Parce que les poissons de mer sont moins contaminés que les poissons de rivière, notamment ceux qui sont proches des zones d'orpaillage clandestin.
- Il est souvent recommandé aux enfants et aux femmes enceintes de ne pas choisir des poissons carnivores de longue durée de vie (mammifères marins, daurade, thon, espadon, daurade, le requin).
- D’une manière générale, il faut choisir des poissons avec des forts taux d'acides gras pour réduire les risques.
Les poissons qu'il faut épargner et ne pas consommer
Consommation : les poissons à ne pas acheter Etat des stocks des poissons gravement menacés et à éviter
- L’anchois : de France, Espagne,
- Le caviar, l’esturgeon : : risque de PCB, de dioxines, de pesticides et de mercure
- Le thon rouge de Méditerranée : les captures ont diminué de moitié en Méditerranée. Poids minimal de capture de 30kg. On craint qu’au rythme actuel, l’espèce sera quasiment disparue d’ici 2 à 3 ans.
- La lotte, baudroie : de l’Atlantique Nord
- Le Lieu, colin d’Alaska : pêché en Pacifique Nord
- Le Carrelé, plie : de l’Atlantique Nord
- Le merlu : aussi appelé « colin » a vu le nombre de poissons géniteurs divisé par 2 en 20 ans
- Le flétan : de l’Atlantique Nord
- La lotte : d’Europe, rique de de dioxyne et pesticides (aquaculture)
- La sole de la mer du Nord : de l’Altantique Nord et surexploitée, notamment dans la Manche, la sole est en grave danger. Taille minimale de capture de 24 cm.
- Le Haddock
- Le cabillaud : stock divisé par 5 en 20 ans, surtout en Europe, en voie de disparition.
- La dorade rose : a disparu, ou presque, du golfe de Gascogne
- L’empereur : menacé de disparition d’ici 3 à 5 ans. Cette espèce des grand fonds à la croissance lente, a une maturité sexuelle tardive et se reproduit peu. Pas de taille minimum pour sa capture.
- L’espadon : très menacé
- Le saumon sauvage d’Atlantique : ce poisson, 2 fois moins nombreux qu’il y a 20 ans , ne se reproduit plus dans 15% des rivières où on le voyait habituellement. Taille minimum de capture : 50 cm.
- Le grenadier de roche : plutôt laid à regarder, ce poisson de grand fond est menacé de disparaître d’ici 3 à 5 ans. Pas de taille minimale de capture.
- Le pangasius du Vietnam (aquaculture)
- Le Thon rouge : des grandes surfaces européennes, dont Auchan et Wal-Mart, appellent à une réduction par deux des quotas de thon rouge dans l’Union européenne. Elles ont signé une lettre adressée à la Commission car, selon ces enseignes, ce poisson pourrait bientôt disparaître de la mer Méditerranée.
- Le sébaste d’Atlantique Nord
Feu rouge, les poissons à bannir de vos listes de courses:
Le thon rouge est le plus menacé, en raison, entre autres, de la passion des sushis. Mais la situation n'est pas terrible non plus pour le cabillaud, la raie, le saumon de l'Atlantique ou la sole.
Les poissons qu'il faut consommer avec parcimonie
Les poissons « à problème » mais dont il ne faut pas abuser
- Le calamar de l’Atlantique sud et du Pacifique sud
- La dorade royalede Grèce (aquaculture), risque de mercure
- Le loup de mer ou bar de la Méditerranée
- Le loup de mer d’aquaculture de France ou de Grèce
- L’omble : aquaculture, Suisse, Islande, France
- La morue ou cabillaud de Norvège ou d’Ecosse
- La sardine d’Atlantique Nord et de Méditerranée
- Le saumon Atlantique : Europe, Chili. On ne consomme plus que 4000 tonnes de saumon sauvage. Le reste provient de l’aquaculture.
- La sole du Pacifique, risque PCB, pesticides, dioxines
- Le Thon jaune albacore du Pacifique et de l’océan Indien
- Le turbo de France
Feu orange, les poissons à acheter avec parcimonie:
Homard (de toutes façons, même pour le porte-feuille, on reste modéré en général), coquilles Saint-Jacques, Calamars et Langoustines.
Les poissons que l'on peut consommer
Voici quelques poissons par lesquels les remplacer :
- Les crevettes : aquaculture, de Vietnam et d’Equateur, protégées par un label
- Les crevettes d’Atlantique nord
- Le hareng, redevenu abondant suite à une quasi disparition dans les années 70 et à la mise en place de quotas
- Le Bar
- Le flétan du Pacifique nord
- Le homard d’aquaculture, d’Australie, Etats-Unis, Basse-Californie au Mexique
- Les huîtres d’Europe, aquaculture, risque de toxiques à vérifier selon les régions
- Le merlan
- Le lieu noir de l’Atlantique nord-est
- La raie
- Le maquereau de Cornouailles (label)
- Le maquereau de l’Atlantique nord
- Le merlu du Cap (label)
- Le rouget barbet
- L’églefin : fumé il donne le haddock
- Le Hareng de Norvège : menacé de disparaître au début des années 70, le Hareng a fait l’objet d’une surveillance et voit à nouveau sa population et ses quantités pêchées augmenter, tout en restant sous surveillance.
- La sardine des Etats-Unis
- Le saumon atlantique d’aquaculture d’Ecosse et d’Irlande (label)
- Le saumon du Pacifique d’aquaculture du Pacifique nord (label)
- Le thon d’Europe – hormis le ton rouge
> Il faut bien sûr préférer le poisson d’élevage (aquaculture) mais celui-ci n’est pas la panacée car les poissons sauvages sont pêchés pour être transformés en farines pour les élevages ! Aujourd’hui, la FAO estime que 43% des poissons consommés proviennent d’aquaculture. Une liste assez conforme à la précédente somme toute.
Feu vert, les poissons à privilégier dans son assiette:
<huîtres, moules et truites d'élevage, aux crevettes, sardines, harengs ou au colin d'Alaska. C'est aussi possible de manger du saumon, mais alors du Pacifique ! (il se fait rare en Atlantique).
Pêche durable ou pas ?
Poisson Riche en huile Quantité d'oméga 3 pour 100gr. Contamination Pêche durable
- Bar blanc Non Sans Oui Non
- Cabillaud Non Sans Oui Non
- Carrelet Non Sans non Non
- Hareng oui 0,6 g Oui Non
- Lotte Non Sans non Non
- Moules oui 0,66 g Oui Non
- Saumon (élevage) oui 1,85 g non Pesticides, PCB, dioxynes
- Sardines oui 2,02 g Oui Non
- Thon (non dégraissé) oui 1,1 g Oui Mercure
Les poissons suivant sont des poissons écologiquement durables :la bonite à ventre rayé, l'albacore, le germon, le thon ventru de ligne, le bar d'élevage, le bar blanc, le cabillaud du pacifique, la sole, le flétan du Pacifique et d'Alaska, les crevettes d'eau froide (pas celles des eaux tempérées), le turbot, le tilapia, le rouget barbet de roche. Mais ce ne sont pas des poissons gras malgré leurs nombreux nutriments.
Pêche : les poissons riches en oméga-3
- Le kipper
- Le Hareng
- Le pilchard
- la sardine
- Le sprat
- La truite sauvage
- le hareng atlantique
- la carpe d'élevage
- les anchois
Le pilchard et le sprat ont la plus forte concentration en oméga 3.
Le thon en boite contient peu d'oméga 3 car sa graisse a été extraite pour être convertie en nourriture pour animaux.
Le thon frais est riche en oméga 3mais il est souvent contaminé par du mercure.
Les navires de la surpêche
Les navires de pêche sont de vraies usines qui ratissent les océans. Ils peuvent repérer les bancs de poissons par satellite, les pêcher avec des filets dérivants qui font 60 km de long et sont équipés de lignes de milliers d’hameçons pouvant atteindre 120 km de long.
Les navires de pêche peuvent traiter les poissons pêchés, les congeler et les emballer avec des capacités de stockage en mer équivalentes à 12 Airbus pour les plus gros chalutiers de 170 mètres de long.
Les labels écologiques et la surpêche
article du figaro très intéressant sur le sujet : "Des scientifiques dénoncent le laxisme et l'inefficacité du label MSC censé protéger les ressources marines.
Il va devenir de plus en plus difficile d'acheter du poisson sans se demander si on ne participe pas, sans le savoir, au pillage des mers. Une équipe d'océanographes conteste en effet l'efficacité du principal écolabel des produits de la mer - le MSC (Marine Stewardship Council). Ils affirment dans une tribune publiée jeudi par la revue scientifique Nature que cette organisation doit se réformer si elle veut promouvoir et garantir une pêche réellement durable. C'est la première fois que la petite étiquette ovale et bleue est contestée de manière aussi radicale.
Le label MSC est très présent en Europe du Nord et dans les pays anglo-saxons où il est distribué par plusieurs chaînes de grande distribution. Il figure en France sur certains paquets de poissons surgelés mais encore rarement sur les étiquettes de poissons frais. Deux pêcheries françaises ont été certifiées cette année: celle du lieu noir de l'armement Euronor et celle de la sardine de bolinche de Bretagne Sud. Trois autres sont en cours d'évaluation.
Le MSC a été créé en 1997 par la firme Unilever et le WWF (Fonds mondial pour la nature) pour lutter contre la surpêche. Quatre critères ont été retenus: toute pêcherie certifiée doit assurer la pérennité de son activité et ne pas surexploiter la ressource; elle doit préserver la productivité et la diversité de l'écosystème dont elle dépend; elle doit respecter toutes les réglementations et, enfin, assurer la traçabilité «du bateau à l'assiette».
Le MSC est fondé sur le code de conduite pour une pêche responsable de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Depuis le début, cette organisation voit dans le marché et l'étiquetage écologique un des leviers susceptibles d'empêcher la surpêche.
Le MSC est aujourd'hui et de loin le premier écolabel des produits de la mer au niveau planétaire. En 2010, 94 pêcheries de quatorze pays différents ont été certifiées, ce qui représente en tout 7% des captures mondiales. Sa montée en puissance est extrêmement rapide: une centaine de pêcheries ont posé leur candidature et sont en cours d'évaluation.
«Dans deux ans, le MSC couvrira un dixième des captures mondiales et il aura dans sa palette la quasi-totalité des espèces pêchées dans toutes les mers du globe, analyse Stéphan Beaucher, consultant. Il a supplanté les autres tentatives de labellisation et va devoir maintenant intégrer des pêcheries qui sont loin d'être exemplaires en les contraignant à changer de pratiques. C'est un piège pour le MSC qui se trouve pris entre ses contraintes de croissance et l'éthique qu'il défend.»
Les signataires de la tribune ne disent pas autre chose. Leur prise de position marque un revirement total car, au départ, scientifiques et ONG ont été les plus ardents à soutenir le MSC. Or, ce sont eux qui se montrent maintenant les plus critiques. Ils dénoncent, par exemple, le fait que la pêcherie du colin d'Alaska dans le détroit de Béring (1 million de tonnes par an) bénéficie depuis 2005 du label alors que ses populations sont en train de s'effondrer. Même chose pour une des pêcheries de merlu du Pacifique, certifiée l'an dernier bien que l'espèce soit en chute libre de 89% par rapport aux années 1980.
Le fait que le MSC commence à certifier des pêcheries en Antarctique suscite également beaucoup de réticences. De même, l'utilisation d'engins de pêche aussi destructeurs que le chalut de fond par des pêcheries certifiées apparaît inadmissible aux scientifiques. C'est pourquoi ils demandent une refonte de cette organisation avec plus de représentants du monde scientifique et des pays du Sud. Le MSC reçoit chaque année près de 10 millions d'euros de dons.
«Si le MSC ne se réforme pas, il y a des moyens plus efficaces de protéger les océans comme de demander l'arrêt des subventions à la pêche et la mise en place d'aires marines protégées», estime Jennifer Jacquet, de l'université de Vancouver (Canada). Très préoccupée par le maquis des étiquettes dans le domaine de la pêche, elle a récemment publié avec son colllègue Daniel Pauly une étude montrant qu'aux États-Unis, un tiers des espèces de poissons sont commercialisées sous des faux noms (Marine Policy, mai 2008). Des pratiques courantes en Europe aussi, qui échappent à la vigilance de la plupart des consommateurs."