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Agriculture biologique

Agriculture biologique

Un article de Encyclo-ecolo.com.

agriculture Bio
agriculture Bio

Sommaire

L'agriculture biologique ; état des lieux

Agriculture biologique : cultiver des plantes sans pesticides ni engrais chimiques contrairement à l’agriculture traditionnelle. L ‘agriculture biologique obéit à des règles de production strictes ( méthodes naturelles ). L'agriculture biologique respecte plus la nature que l'agriculture traditionnelle.


Qu'est ce que l' agriculture biologique

Un produit issu de l' agriculture biologique ne contient pas d’élément chimique de synthèse. c'est un produit naturel comme avant l’apparition de l’agriculture industrielle et de l’industrie agroalimentaire.


Le label agriculture biologique

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  • Le mot « bio » est un label défini par le ministère de l’agriculture français puis par la communauté européenne. Il signifie que les produits que nous mangeons ou utilisons ne contiennent aucun élément chimique de synthèse fabriqué par l’homme. Les produits bio sont cultivés, fabriqués de manière naturelle ; l’intervention de l’homme est une collaboration avec la nature dans la combinaison des éléments de celle-ci ( engrais vert - rotations - plantes compagnes - ennemis naturels des parasites - ... ).

Les chiffres de l'agriculture biologique

L'agriculture biologique a progressé en 2008 atteignant 2,12% de la surface agricole utilisée en France, selon l'Agence Bio.

Les surfaces biologiques ou conservatoires représentent 3300 hectares .

agriculture4.gif Implantation de l'agriculture biologique en 2009 : le Nord de la France est moins développé en agriculture biologique, que le Sud, l’Est et l’Ouest de la France.


  • En 2008, 13.298 exploitations agricoles se sont engagées dans l'agriculture biologique (+11%). Les 4premiers mois de l'année, 1.320 agriculteurs se sont lancés dans l'agriculture biologique malgré la crise économique en Europe.
  • La surface en hectares en conversion vers l'agriculture biologique en 2008 a progressé de 36% (580.000 hectares consacrés à l'agriculture biologique).

Les chiffres de l'agriculture biologique en 2009

  • Selon le bilan annuel de l'Agence Bio, même si l'objectif fixé par le Grenelle qui est de consacrer 6% des terres agricoles au bio d'ici 2012 n'est pas encore atteint, l'agriculture bio continue son ascension en représentant 3,14% des exploitations agricoles fin 2009, et 2,46% de la surface agricole.

Le nombre d'agriculteurs bio a augmenté de 23,7% entre 2008 et 2009, et le premier trimestre de 2010 montre une progression de 30% par rapport à 2009. Actuellement, plus de 19.594 producteurs cultivent en suivant scrupuleusement les normes de l'agriculture biologique.

D'autre part, avec 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui représente 1,9% du marché alimentaire total, l'agriculture biologique confirme son dynamisme.

Enfin, côté consommation, les achats par le consommateur final ont augmenté de 31% pour les liquides vendus en grande surface et de 16% pour les produits d'épicerie, depuis début 2010. Les grandes surfaces alimentaires vendent 45% des aliments bio, tandis que la part de marché des magasins spécialisés est de 38%.


Agriculture biologique -le saviez-vous ?

  • 71% des restaurants collectifs ont indiqué vouloir introduire le bio dans leur menu de façon certaine d'ici 2012.
  • 44% des Français ont consommé au minimum un produit bio une fois par mois minimum, selon le baromètre de l'Agence Bio
  • Avec un marché de 2,6 milliards d'euros en 2008, le bio ne représente que 1,7% du marché de l'alimentaire.

Certes, les produits issus de l'agriculture biologique ne représentent encore qu'une part infime du marché de l'alimentaire et notamment sur le territoire, mais elle continue de se développer doucement mais sûrement.

>>> En 2008, selon l'Agence Bio, en France, l'agriculture bio s'étendait sur près de 584 000 ha, c'est à dire sur 2,12% de la surface agricole totale seulement.

La France est largement battue en termes de taille des surfaces bio : l'Italie a la palme d'Europe, suivie de l'Espagne (qui exporte l'essentiel de ses produits bio), de l'Allemagne et du Royaume-Uni. La France, quant à elle, est cinquième pour l'importance des terres, mais 21e si l'on considère la part de la production bio dans le total de l'agriculture !

Fruits et légumes bioCependant, alors que l'un des objectifs du Grenelle de l'environnement est de multiplier par 3 les surfaces agricoles bio, ces dernières ont augmenté de 36,4% par rapport à 2007.


En 2006, l’agriculture biologique représentait 31 millions d’hectares dans 120 pays et constituait un marché de 40 milliards de dollars. Le marché français estimé à 1,6 milliard d’euros en croissance de 10% par an depuis 1990. Selon le baromètre 2007 de l’Agence Bio, en 2007 comme en 2006, 4 Français sur 10, 42% exactement, ont consommé un produit bio au moins une fois par mois.

  • Selon ce sondage du CSA, 2 Français sur 3 déclarent qu’ils prévilégient l’achat de produits respectueux de l’environnement ou des principes du développement durable. La plupart des consommateurs achètent des produits BIO parce qu’ils ne nuisent pas à l’environnement et car ils sont sûrs d’obtenir des produits sans pesticides ou produits chimiques ET parce qu’ils sont meilleurs pour leur santé que les produits traditionnels.
    • Le saviez-vous ? Les produits laitiers biologiques contiendraient 6% d'oméga3 de plus que les produits laitiers classiques non bio car ce lait est fourni par des vaches qui broutent de l'herbe naturelle dans les prés.

Les normes définissant le BIO sont un bénéfice pour l’environnementcar elles excluent tout pesticide, fongicide, fertilisant, antibiotique, polymère, etc…La France est le 1er pays européen pour l’utilisation de pesticides avec 78 000 tonnes de produits phytosanitaires répandus dans les champs.

Les produits phytosanitaires, qui sont présents dans 2/3 des produits classiques non bio, ne se retrouvent pas dans les produits bio. Un rapport officiel du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) britannique confirme que la production de produits biologiques a moins d’impact sur l’environnement que la production conventionnelle moderne qui utilise engrais et pesticides.

L’IFEN, Institut Français de l’Environnement, confirme l’intérêt de l’agriculture bio alors que plus de 96% des rivières et 61% des nappes d’eau souterraines sont contaminées.

Quels sont les avantages environnementaux de l'agriculture biologique ?

  • L'élevage en agriculture biologique utilise moins d'aliments industriels achetés pour les animaux mais plus d'herbes, de luzerne produits naturellement et localement. On estime que du point de vue du bilan carbone, manger la viande nourri à l'herbe de l'exploitation a un impact d'environ 30% inférieur à la viande de l'élevage intensif traditionnel. Donc, si vous n'arrivez pas à ne pas manger moins de viande, manger de la viande "bio". (Effet de serre. La viande de bœuf en accusation)
  • L'agriculture bio émet de 20 à 50% de gaz à effet de serre en moins que l'agriculture intensive moderne : moins de CO2 car moins de carburants du fait d'une moindre motorisation mais surtout moins d'engrais chimiques synthétiques, les engrais azotés.
  • L'agriculture biologique emploie plus de composts comme engrais naturels. Elle utilise moins d'engrais et notamment de protoxyde d'azote (N2O) dont l'impact nocif en tant que gaz à effet de serre et 300 fois plus fort que celui du C02.
  • Au global, dans les exploitations agricoles biologiques qui parviennent à obtenir un bon rendement , l'agriculture biologique a un moindre impact sur l'environnement, favorise moins le réchauffement climatique et utilise plus de ressources recyclables ou recyclées naturelles.

Les ventes de produits bio explosent et dopent les importations

Les ventes de produits bio ont progressé dans les grandes surfaces : 39% en 2008 et de 75% en trois ans. En pourcentage de surface agricole consacrée au biologique, la France est loin des objectifs fixés lors du Grenelle de l'environnement et reste l'un des plus mauvais élèves de l'Europe, loin derrière l'Italie, premier pays bio européen,


l' agriculture biologique peut-elle nourrir la planète ?

par Brian Halweil, traduit de World Watch

  • L'argument qui veut que le rendement de l’agriculture biologique représente 1/3 ou la moitié du rendement de l’agriculture traditionnelle est basé sur des hypothèses biaisées et un manque d’information. Par exemple, la statistique souvent citée selon laquelle une transition vers l’agriculture biologique aux Etats-Unis ne permettrait de produire qu’un quart de la nourriture produite actuellement est basée sur une étude du Département américain de l’agriculture montrant que tout le fumier des Etats-unis ne pourrait couvrir qu’un quart des besoins en engrais du pays - même si l’agriculture biologique ne dépend pas que du fumier.
  • Ces arguments sont contredits par des recherches poussées. Par exemple, une étude récente menée par des scientifiques de l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique en Suisse a montré que les fermes biologiques avaient un rendement inférieur de seulement 20% aux fermes conventionnelles sur une période de 21 ans. En passant en revue plus de 200 études menées aux Etats-Unis et en Europe, Per Pinstrup Andersen (professeur à Cornell et gagnant du World Food Prize) et ses collègues sont arrivés à la conclusion que le rendement de l’agriculture biologique arrive environ à 80% du rendement de l’agriculture conventionnelle. Beaucoup d’études montrent une différence encore moins marquée. Analysant les informations de 154 saisons de croissance sur diverses cultures, arrosées par la pluie ou irriguées, Bill Liebhardt, scientifique agricole de l’Université de Californie à Davis, a découvert que la production de maïs biologique atteignait 94% de celle de la production conventionnelle, celle de blé biologique 97% et celle de soja biologique 94%. La production de tomate biologique quant à elle égalait la production conventionnelle.

Plus important encore, dans les pays les plus pauvres où se concentrent les problèmes de famine, la différence de rendement disparaît complètement. Les chercheurs de l’Université d’Essex Jules Pretty et Rachel Hine ont étudié plus de 200 projets agricoles dans les pays en voie de développement et ont découvert que pour l’ensemble de ces projets - ce qui inclut 9 millions de fermes sur près de 30 millions d’hectares - le rendement augmentait en moyenne de 93%. Une étude sur sept ans portant sur 1000 fermiers cultivant 3.200 hectares dans le district de Maikaal, dans le centre de l’Inde, établit que la production moyenne de coton, de blé et de piment était jusqu’à 20% plus élevée dans les fermes biologiques que dans les fermes conventionnelles de la région. Les agriculteurs et les scientifiques agricoles attribuent les rendements plus hauts dans cette région sèche aux cultures de couverture, au compost, au fumier et à d’autres pratiques qui augmentent la matière organique (qui aide à retenir l’eau) dans les sols. Une étude menée au Kenya a démontré que si la production de maïs biologique était moins élevée que la production conventionnelle dans les « zones à fort potentiel » (avec des précipitations au-dessus de la moyenne et une meilleure qualité de sol), dans les régions plus pauvres en ressources, en revanche, la production des agriculteurs biologiques dépassait systématiquement celle des agriculteurs conventionnels. (Dans les deux régions, les agriculteurs biologiques obtiennent des bénéfices nets, un revenu du capital et une rémunération du travail plus élevés).

Contrairement aux critiques qui affirment qu’il s’agit d’un retour à l’agriculture de nos grands-parents ou que la majeure partie de l’agriculture africaine est déjà biologique, que cela ne peut pas fonctionner, l’agriculture biologique est une combinaison sophistiquée de sagesse ancienne et d’innovations écologiques modernes qui permettent d’aider à maîtriser les effets générateurs de rendement des cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la synergie des cultures. Elle dépend énormément de la technologie - et pas seulement de la technologie issue des usines chimiques.

Des fermes biologiques à haut contenu énergétique

  • Nous pourrions donc nous passer des usines chimiques ? Inspiré par une mission de terrain dans la ferme biologique d’un agriculteur de la région qui affirmait avoir récolté la quantité incroyable de 26 tonnes de légumes sur six dixièmes d’hectares dans une période végétative relativement courte, une équipe de scientifiques de l’université du Michigan a essayé d’estimer la quantité de nourriture qui pourrait être récoltée après une transition mondiale vers l’agriculture biologique. L’équipe a passé au peigne fin toutes les études comparant le rendement des fermes biologiques et celui des fermes conventionnelles.
  • En se basant sur 293 exemples, elle a établi un ensemble de données globales sur le taux de rendement des cultures mondiales les plus importantes dans les pays développés et les pays en voie de développement. Comme prévu, le rendement de l’agriculture biologique s’est révélé inférieur à celui de l’agriculture conventionnelle pour la majorité des catégories de cultures dans les pays riches, alors que les études menées dans les pays en voie de développement ont montré que l’agriculture biologique améliorait le rendement. Les scientifiques ont ensuite lancé deux modèles.
  • 1 - Le premier conservateur, dans le sens où il appliquait le taux de rendement des pays développés à la planète entière, autrement dit, selon ce modèle, toutes les fermes, où qu’elles soient, obtiendrait uniquement les rendements les plus faibles des pays développés.
  • 2 - Le second appliquait le taux de rendement des pays développés aux pays riches et leur propre taux de rendement aux pays en voie de développement.



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La filière agriculture biologique peine à se développer

Ci-dessous un article faisant un point sur les difficultés de l'agriculture bio en 2008, par Nolwenn WEILER

  • "Le marché français des produits issus de l’agriculture biologique est en pleine croissance. De nouvelles marques et enseignes fleurissent et même la grande distribution s’y met. Problème : l’agriculture conventionnelle a bien du mal à se mettre au vert. La filière connaît des pénuries de plus en plus régulières. Pour y répondre, les acteurs de l’agriculture biologique plaident pour la mise en place de filières inter-régionales.

Prendre soin de la terre et de sa santé sont les deux motivations principales des consommateurs de produits bio. Ils ne déambulent pas encore en masse dans les rayons bio des supermarchés, mais ils incarnent une tendance lourde, en nette progression. Face à l’industrie agroalimentaire classique, le marché du bio français est cependant encore loin de faire le poids. Les produits sans pesticides ni engrais de synthèse représentent 2% du chiffre d’affaires global du secteur. Ils bénéficient cependant d’une croissance à faire rêver n’importe quel investisseur : 9,5% par an depuis 1999, pendant que l’ensemble du marché alimentaire progressait de 3,6%. Plus de quatre Français sur dix déclarent consommer des produits bio au moins une fois par mois selon le baromètre Agence Bio/CSA (2007). 77% des sondés estiment que l’agriculture biologique « est une voie d’avenir face aux problèmes environnementaux ». Le succès de la filière se mesure aussi par la diversité des consommateurs : un sur quatre est un converti de fraîche date au label AB. Les acteurs du secteur le confirment : Claude Gruffat, PDG des magasins Biocoop, découvre une nouvelle « clientèle familiale du samedi » ; Bruno Cousquer, codirecteur d’une petite chaîne de magasins bios à Strasbourg (Serpent vert) observe « un intérêt nouveau des très jeunes adultes ». « Beaucoup d’étudiants viennent faire leurs courses chez nous alors que la problématique santé n’est pas une préoccupation habituelle dans cette population. En fait, c’est plutôt l’envie de lutter contre la mal-bouffe qui les motive. »

Le développement des supermarchés spécifiquement bio (Biocoop, La Vie claire, Naturalia…) est l’élément le plus visible de cet essor. Avec près de 2 000 points de vente et un chiffre d’affaires moyen qui grimpe de 15% par an, ces magasins spécialisés offrent une diversité de produits appréciée par les éco-consommateurs purs et durs. Plus faciles d’accès pour les non-initiés, les grandes et moyennes surfaces participent également à la banalisation de ces produits. Fréquentées par les trois quarts des acheteurs réguliers ou épisodiques, elles restent les principales distributrices de la filière. Paradoxe : le bio se porte bien grâce à ces temples de l’hyperconsommation. « Il leur suffit d’élargir leur offre, en allongeant leurs rayons spécialisés ou en réunissant tous les produits bio au même endroit. Auchan l’a fait l’année dernière. Cela a été très efficace. La chaîne a contribué pour moitié à la croissance du marché bio en France en 2006. », se réjouit Jean-Denis Bellon, directeur marketing du groupe Distriborg, spécialisé dans la distribution de produits naturels et diététiques.

Le bio se heurte cependant à un problème de taille. L’offre ne suit pas la même courbe croissante que la demande. Les volumes disponibles sont trop réduits. Producteurs et transformateurs français fournissent encore la grande majorité des produits vendus dans les magasins spécialisés ou dans la grande distribution (entre 60 et 90% selon les enseignes), mais les ruptures de stocks menacent. Un ralentissement du développement du bio dans l’hexagone pourrait en découler. Un grossiste comme Bonneterre, dont environ 80% des fournisseurs sont français, se dit confronté à des pénuries assez fréquentes. En 2007, ils ont été obligés de se tourner vers l’Italie pour s’approvisionner en porc élevé en bio. Une pénurie de porcs en France, on croirait rêver ! « La surface agricole utile en bio est aujourd’hui largement en deçà de la croissance de la demande. Il va y avoir un problème de capacité de la France à être autosuffisante en produits bio. », souligne Jean-Denis Bellon.

Réorganiser les filières de l'agriculture biologique

En dix ans, les surfaces certifiées françaises ont été multipliées par cinq. Le nombre d’exploitations bio a triplé. Mais les cultures ne représentent qu’un ridicule 2% de la surface agricole utile. La France, première puissance agricole européenne, se situe au 20e rang en la matière, loin derrière l’Autriche (13,5%), l’Italie (8%), la Finlande (6,5%) ou la Suède (6%). « Cette faiblesse de la production plombe la dynamique. », estime Vincent Perrot, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Pas facile d’attaquer des gros marchés quand on est si faible numériquement. Peu nombreuses, les exploitations bio sont en plus très éparpillées sur le territoire. L’organisation de la collecte et de la transformation implique d’importantes contraintes logistiques et des coûts peu compétitifs. Des difficultés que n’ont pas nos voisins belges, hollandais ou allemands qui ont mis en place depuis longtemps des bassins de production. « En France, la structure agricole n’est pas faite pour développer le bio. », déplore Cécile Frissur, déléguée générale du Synabio, le syndicat national des transformateurs de produits naturels et de culture biologique.

Héritière des réformes radicales lancées il y a 50 ans, et financée en grande partie par la PAC (politique agricole commune), la filière agricole et agroalimentaire française est adaptée aux gros volumes qui empochent la majorité des subventions. Résultat : « L’industrie agroalimentaire classique est aujourd’hui incapable de gérer les petits volumes de la production bio. », souligne Cécile Frissur. Les Lorrains de Biogam, une petite unité de transformation laitière qui a ouvert en janvier 2007, ont dû se rendre en Belgique pour acquérir une machine à fabriquer des yaourts. Et pour trouver l’appareil - d’occasion - nécessaire à fermer les bouteilles de lait, Georges Prost, le directeur, a épluché les petites annonces des revues spécialisées… « Aujourd’hui, les industries laitières sortent entre 100 et 300 millions de litres à l’année, alors que nous n’en produisons qu’un million. On ne trouve plus de fabricants de petites machines. », regrette-t-il. Difficile aussi de convaincre les transporteurs, peu intéressés par un fret trop maigre pour eux. Que faire ? Un soutien public aux transports des petits volumes et à une mise en réseau des PME serait bienvenu. Les prix proposés aux consommateurs seraient ainsi revus à la baisse. L’encouragement aux petites unités de préparation de produits bio serait aussi bien accueilli par les fournisseurs et distributeurs. « La taille modeste des PME rend le suivi et le contrôle qualité plus aisés. », insiste Jean-Denis Bellon, de Distriborg.

Il ne s’agit pas pour autant de créer un réseau de petites industries alimentaires complètement coupées du reste du secteur. Les capitaux brassés par les grosses entreprises et la grande distribution sont attendus impatiemment. Lactel l’a fait pour le lait. Danone a commencé timidement pour les yaourts, après avoir entretenu la confusion avec ses pots « Bio » au bifidus, qui n’avait rien de bio. On est loin de l’image sympathique mais réductrice d’une agriculture biologique uniquement portée par des associations réunissant producteurs et consommateurs (les Amap) ou des petites entreprises agricoles d’insertion. « Cela ne sert à rien d’opposer les circuits de distribution. », insiste Vincent Perrot, de la Fnab. « Circuits longs et circuits courts se complètent. D’ailleurs, grande distribution ne signifie pas forcément circuit long. Les magasins Leclerc, par exemple, se fournissent auprès de producteurs bio locaux. » Les filières très courtes ont leur limite : « Le marché est trop étroit pour n’être organisé qu’à l’échelle régionale. », précise Cécile Frissur, du Synabio. « L’idéal, pour répondre à la demande, serait une organisation inter-régionale. C’est la prochaine étape. Mais nous partons de loin. »

La PAC : un frein au bio

La réorientation de la politique agricole française vers un soutien à l’agriculture biologique est indispensable à la croissance du secteur. Reste que l’État brille par son absence. « Il faudrait arrêter de plomber le bio avec le soutien à l’agriculture raisonnée. », proteste le directeur marketing de Distriborg. Bénie par le gouvernement actuel, l’agriculture raisonnée est très soutenue par l’industrie phytosanitaire (la France est le troisième consommateur mondial de pesticides). Avec un recours « modéré » aux pesticides, aux engrais chimiques ou à l’arrosage, elle fait office d’intermédiaire entre une agriculture conventionnelle productiviste et l’agriculture biologique. « Cela crée de la confusion chez les consommateurs, freine le rythme des conversions en bio et laisse le terrain libre aux autres pays. », s’agacent les partisans du bio.

À la FNSEA, on ne partage pas cet engouement pour le bio et son essor, au contraire de son ennemi juré, la Confédération paysanne. « S’ils parlent beaucoup du bio, les consommateurs continuent à vouloir des produits toujours moins chers et à acheter du non-bio. Pour que la filière se développe vraiment et que des agriculteurs s’installent, la grande distribution doit arrêter de capter aussi copieusement des marges. », se défend Christiane Lambert, vice-présidente de l’incontournable syndicat agricole. Bref, si le bio stagne, c’est la faute aux consommateurs et aux distributeurs, surtout pas celle des agriculteurs ! Christiane Lambert assure que ses ouailles font « de réels efforts pour diminuer leur impact sur l’environnement ». En juin dernier, quand la France a été condamnée par Bruxelles pour non-respect de la législation européenne en matière de limitation de la pollution aux nitrates, des agriculteurs français ont manifesté leur mécontentement en bloquant une route nationale pendant plusieurs jours… De quoi douter de la bonne volonté de certains en matière de respect de l’environnement et, indirectement, du consommateur et de sa santé.

Paradoxe : les importations bio en augmentation

En attendant que la France rattrape son retard, « la solution, c’est l’importation ! », assène Sylvain Marion, de la Fédération nationale de l’épicerie. Cette tendance lourde à l’augmentation des importations est impossible à chiffrer avec précision. Les statistiques de l’Agence Bio précisent simplement que le nombre de demandes d’importation auprès du ministère de l’Agriculture a doublé entre 2001 et 2007. « Il est quasiment impossible d’avoir une connaissance précise de l’origine et des volumes importés, car il n’existe, hélas, aucun recensement spécifique des flux de produits biologiques. Nous ne pouvons que nous baser sur la déclaration volontaire des opérateurs économiques français, ce qui est toujours sujet à caution. », explique Jacques Caplat, de la Fnab. Que l’offre bio repose, à terme, sur les importations, serait un grand paradoxe écologique. Le Maroc est déjà devenu le premier fournisseur étranger, hors Union européenne, du marché hexagonal. Et les produits bio viennent parfois de beaucoup plus loin. « Il y a en ce moment une grande croissance de l’Asie, notamment pour les produits périssables » souligne Sylvain Marion. « Pour le moment, les coûts de transport sont largement couverts par le moindre coût de la main-d’œuvre sur place. »

En plein essor, l’agriculture biologique des pays du Sud va-t-elle, comme sa grande sœur conventionnelle, passer sa vie à nourrir les consommateurs du Nord de la Planète ? Pas si sûr… Car les consommateurs de bio préfèrent les produits locaux, une attitude finalement assez cohérente, et responsable. Stéphane Lagarde, directeur de Filéane, une société qui importe des produits bio de Chine (gingembre, thé…), s’en est rendu compte à ses dépens. Les consommateurs ont boudé ses pommes bio venues de Chine. Autre importateur, Alterbio privilégie les produits français face aux autres. « Même plus cher, il se vend mieux », confie son responsable d’achat Antoine Géa. Cette demande très forte des consommateurs, qui suppose une réorientation totale de la politique agricole française, est confirmée par le baromètre de l’agence bio qui constate que 80% des acheteurs de produits bio privilégient les produits locaux.


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[ Agriculture raisonnée ] [ AMAP ] [ Agrosystème ] [ Biodynamie ] [ Pesticides bio ]

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