Artificialisation
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Artificialisation
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Définition
L’artificialisation des sols ou d’un milieu désigne le processus par lequel des espaces naturels sont transformés du fait de la construction d’infrastructures, rendant les surfaces ainsi couvertes artificielles – par opposition à leur nature originelle : bâti, revêtement ou stabilisation des sols, mise en herbe…
L’artificialisation réduit donc la naturalité des espaces touchés, c’est-à-dire leurs qualités d’écosystème capable de s’auto-entretenir.
Conséquences
La transformation de l’usage des milieux, de naturel à artificiel, a un impact sur les services que peuvent rendre les écosystèmes ainsi transformés, ainsi que les usages agricoles qui peuvent en être faits. Les conséquences sont donc multiples :
- Réduction de la surface cultivable : l’artificialisation des sols se fait en France à 90% aux dépens de terres agricoles. - Impact sur la biodiversité : La disparition d’espaces et la fragmentation apparaissent aujourd’hui comme l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité. - Augmentation des risques de catastrophes liés aux risques naturels : inondations, tempêtes, incendies de forêt… En étant à l'origine d'une imperméabilisation accrue des sols, cette artificialisation conduit à un risque d’inondation plus important - Effet de réchauffement local / hotspot - Cycle naturel de l’eau – réduit les services de filtrage de l’eau, à l’inverse ruissellement des eaux, perturbation plus généralement du cycle de l’eau, concentration des effluents. - Cycle du carbone - Cycle de l’azote - Capacité de stockage du carbone - Cycle de l’oxygène. - Artificialisation des paysages naturels
Au-delà du taux de terrains effectivement transformés, c’est le phénomène du mitage, de la fragmentation écologique qui aggrave ces conséquences, affaiblit et réduit la capacité de résilience des milieux naturels ainsi affectés. En fragmentant ou en cloisonnant les milieux naturels, elle transforme l’habitat naturel de certaines espèces.
Ces conséquences sont par ailleurs aggravées par le phénomène du réchauffement climatique, multiplicateur de risque
Evolution du phénomène
France
Les espaces artificialisés augmentent d’environ 60 000 hectares de surface par an depuis 1993, principalement au détriment des terres agricoles, mais aussi des milieux semi-naturels. Au total, ce sont quelque 7 % des terres agricoles qui ont été ainsi perdues depuis une trentaine d’années dans l’Hexagone. Seraient ainsi détruits quelque 165 hectares – 1,65 million de m2 – de terres agricoles et de terrains naturels chaque année.
Deux outils d’observation de l’occupation du sol permettent de suivre l’évolution des surfaces artificialisées en France : l’outil Teruti-Lucas, qui existe lui depuis 1993 et procède par observations autour de points de repère quadrillant le territoire, et l’outil Corine Land Cover, moins précis, qui se sert d’images satellite sur l’ensemble du territoire et existe depuis 1990. Du fait d’une de 25 ha,Corine Land Cover « voit » mal l’habitat dispersé des territoires ruraux et la plupart des routes, avec pour conséquence une sous-estimation du taux réel d’artificialisation.
Selon Teruti-Lucas, les surfaces artificialisées représentent 7 % de la surface métropolitaine en 1993 et 9,4 % en 2008. L’artificialisation s’accélère. La France aurait perdu 7 million d’hectares de terres agricoles en 50 ans et 900 000 hectares de prairies entre 1992 et 2003, soit 7 % de leur superficie. S’il n’est pas remédié au phénomène, il est anticipé que l’étalement urbain se prolonge, avec en 2030 encore plus de zones à basse densité de population dépendant de l’automobile, selon l’économiste Stéphane Hallegatte du Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, cité par l’AFP.
Europe
L’Allemagne souhaite diviser par trois l'évolution de l'artificialisation de ses sols d'ici 2020. L’Angleterre quant à elle au contraire assouplit ses règles urbaines.
Monde
La surface urbanisée a quasiment quadruplé en Chine du début des années 1980 à 2012. L'artificialisation est estimée à l'équivalent de deux fois la surface de l'Île de France chaque année ; et une estimation à 15 ans porte sur une surface équivalente à la surface actuellement urbanisée de l'Europe.
Prise de conscience
Pour ralentir ce phénomène, il est important de modifier la manière dont est perçue la terre, vue trop souvent d’un simple point de vue foncier. C’est ainsi que les terres cultivables en proximité d’agglomération tendent à ne pas être préservées pour leur valeur agricole, face au renchérissement du coût des terrains constructibles. La prise de conscience et les prémisses d’une législation contre l’étalement urbain sont récentes.
Solutions
La densification des zones déjà construites est indispensable pour éviter l’émiettement urbain, tout en répondant à la demande croissante de logement. Pour cela une solution simple, mais radicale, serait l’interdiction de toute nouvelle construction au-delà des limites des agglomérations existantes. Cela nécessiterait une politique urbaine intégrée et forte, notamment en matière de transports en commun.
D’autres mesures intermédiaires apporteraient également un élément de réponse, comme l’interdiction, et le respect de l’interdiction de toute construction en zone inondable.
La France a par ailleurs développé la Trame Verte et Bleue : issue des travaux du Grenelle de l’environnement, elle vise à limiter cette fragmentation. L’ambition est de constituer un véritable maillage écologique du territoire, à toutes les échelles spatiales, via notamment une intégration de ses principes dans l’aménagement du territoire.
Le projet de loi issue du Grenelle de l'environnement prévoyait par ailleurs une étude sur la réforme de la fiscalité et sur les incitations possibles pour limiter l'extension du foncier artificialisé, dans les six mois suivant la publication de la loi ; ainsi que la lutte par le droit contre la régression des surfaces agricoles et naturelles, « les collectivités territoriales fixant des objectifs chiffrés en la matière après que des indicateurs de consommation d'espace auront été définis ». Par ailleurs, la Loi de modernisation de l'agriculture du 27 juillet 2010 vise à réduire de moitié le rythme de consommation des terres agricoles d'ici 2020. Certains schémas régionaux climat air énergie (SRCAE) incluent des objectifs chiffrés, comme celui de la Région Nord-Pas-de-Calais : diminution par trois de l'évolution de l'artificialisation.