Listeria monocytogenes
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Version du 11 juillet 2017 à 13:33
Listeria monocytogenes
Listeria monocytogenes : qu'est-ce que c'est ?
La Listeria monocytogenes est la [[bactérie]] responsable de la Listériose : une maladie infectieuse rare, mais dangereuse pour la santé de l’Homme. Généralement identifié dans les aliments contaminés et d'autres environnements bien spécifiques, cet agent - responsable d'environ 300 cas de Listériose chaque année en France - fait l'objet d'une surveillance biologique accrue et de mesures de prévention menées par les acteurs de protection de santé publique.
Découverte en 1926 au sein de l'animalerie de l'Université de Cambridge par le chirurgien naturaliste, micrographe britannique et L’inventeur de l'antisepsie moderne Joseph Lister (1827-1912), la Listeria monocytogenes est une bactérie de petite taille en forme de bâtonnet, mesurant entre 1 à 4 micromètres de longueur sur 0,5 micromètre de diamètre. Facultativement anaérobique, cette cellule mobile à 20°C, se développe à faible température, en colonies transparentes de 1 à 2 mm, et peut se reproduire entre 1 et 45°C.
Listeria monocytogenes : dans quels environnements retrouve-t-on cette bactérie ?
Qualifiés de "bactéries ubiquistes", on retrouve souvent ces agents très résistants et infectieux :
Dans notre habitat
Ne pouvant vivre plus d'une demi-heure à + 60 °C mais capable se développer entre -2°C et 4°C, la Listeria monocytogenes infecte souvent les fruits, les aliments réfrigérés mais pas congelés, sauf si la contamination alimentaire s'est faite avant la surgélation. Elle peut ensuite se poursuivre après décongélation et s’avérer dangereuse pour la santé humaine. Les aliments susceptibles de favoriser la transmission de cette bactérie infectieuse par voie digestive sont :
- ceux d'origine animale (fromages au lait non pasteurisés, plats froids, fromages au lait stérilisés ou microfiltrés, lait, viandes fraîches et viandes hachées, volailles fraîches, surimi, poissons fumés, poisson crus, tarama, coquillages crus, crustacés, charcuteries, œufs) ;
- ceux d'origine végétale (graines germées, légumes et fruits crus mal lavés, herbes aromatiques ...).
À cette liste non exhaustive, s'ajoutent les matières fécales humaines et animales, les eaux usées, certains animaux domestiques mais aussi, le réfrigérateur, les ustensiles de cuisine, les plans de travail : ce sont autant d'environnements favorables au développement de la Listeria monocytogenes dans notre habitat.
Bon à savoir : On compte 99 % des cas de contamination de la Listeria monoctytogenes par voie alimentaire : c'est donc la voie de transmission la plus importante.
À l’extérieur de notre habitat
À l'extérieur, on peut également retrouver la Listeria monocytogenes dans les débris végétaux, le fumier, l’eau de baies ou d'égouts, les sols, le foin, les ateliers et équipements de production de l'industrie agroalimentaire (où les mesures d'hygiène ne sont pas strictement respectées), des déchets d'abattoir, des produits d'ensilage, des aliments pour animaux et même chez certains animaux (lapins, chèvres, moutons, souris) et insectes (tiques, mouches).
Cette bactérie peut également se trouver dans les poussières d'une bergerie – confinée, mal entretenue - et se transmettre par voie respiratoire. Le milieu hospitalier (plus particulièrement les services de nurseries ou de gynécologie-obstétrique), est également un terrain propice à la contamination de listeria contractée lors d'actes thérapeutiques : on parle ainsi d'infections nosocomiales.
Bon à savoir : Très résistante, la bactérie Listeria monocytogenes peut séjourner plus d'un an dans les matières fécales, sept mois dans la paille, et de cinq à douze mois dans l'eau.
Infection par la Listeria monocytogenes : quelles sont les populations à risque ?
Si la transmission directe de la Listeria monocytogenes est possible mais rare, celle par voie alimentaire quant à elle, touche les enfants, les jeunes, les adultes, les personnes âgées (même bien portantes). De plus, certains facteurs tels que la maladie de Hodgkin ou l'alcoolisme, prédisposent à une infection par ce germe. Concernant les sujets à risque, on retiendra :
- Les femmes enceintes
- Les sujets fragiles ou dont le système immunitaire est affaibli par la maladie. Il peut s’agir de patients hémodialysés, ceux ayant subi une transplantation d'organes, ceux immunodéprimés ou dépendant du tabac. Sont également concernées, les personnes présentant une hépatopathie, souffrant de diabète mal équilibré, de cancer, celles infectées par le VIH/SIDA ou encore, ayant subi une lourde thérapie (corticothérapie, chimiothérapie).
- Les nourrissons
- Les personnes âgées (de plus de 80 ans)
Quels sont les symptômes de la Listériose humaine ?
Selon l'organisme du sujet contaminé, les symptômes de la Listeria monocytogenes se manifestent de deux jours à deux mois par :
- des troubles neurologiques (méningo-encéphalites ou méningites) accompagnés de nausées/vomissements, violents maux de tête, fièvre élevée. Ces affections neurologiques peuvent même causer une paralysie.
- des symptômes grippaux (maux de tête, courbatures, fièvre),
- une septicémie,
- des diarrhées, <il>une infection du sang.
Ces signes cliniques varient d'un sujet à un autre. Il peut arriver que certains organismes humains bien qu'infectés, ne présentent aucun symptôme spécifique à la contamination.
Listériose humaine : pathogénicité, toxicité et risques sanitaires
L'ingestion de Listeria monocytogenes n'entraîne pas nécessairement la Listériose : il faut avoir consommé une dose importante pour risquer une contamination. On peut donc être porteur sain, sans développer la maladie. Cependant, une fois avérée - surtout pour des sujets à risque - la Listériose peut être grave et entraîner la mort. Quels sont les cas et risques sanitaires identifiés ?
Listériose congénitale
Survenant généralement au cours du dernier trimestre de grossesse, ce cas rare de contamination directe, peut se produire soit par voie respiratoire, soit digestive. Pour que la contamination soit avérée de la mère au fœtus, il suffit :
- d'une infection du placenta ou du liquide cérébro-spinal. Cette « infection in utero » peut provoquer un avortement spontané, la mort du fœtus ou un accouchement prématuré.
- que le fœtus aspire - au cours de la délivrance - des bactéries situées au niveau du col de l'utérus, dans le vagin, les urines ou matières fécales. Cela peut entraîner le décès du nourrisson peu après l'accouchement.
NB : Cette maladie infectieuse se manifeste chez le nourrisson par une septicémie ou une pneumonie. Elle peut provoquer une Granulomatose sceptique chronique (maladie génétique caractérisée par des infections graves et répétées causées par des bactéries et des champignons), et déclencher des symptômes de méningite. La Listériose serait responsable de 1,6 % des interruptions de grossesses et entre 20 et 30 % de mortalité néonatale. Elle représente donc, "la troisième infection néonatale après les infections à Escherichia coli et Streptococcus".
Gastro-entérite fébrile
Ce cas d'infection bactérienne due à la Listeria monocytogene se manifeste par des symptômes similaires à la gastroentérite (diarrhée, fièvre, vomissements), et provoque une déshydratation sévère chez l’individu.
Listériose du Système Nerveux Central
Ayant comme symptômes, la rigidité de la nuque, une forte fièvre, des convulsions et l'ataxie, cette forme de méningite causée par une infection à Listeria est courante. Sa forme non méningée (ou encéphalite) provoque une inflammation du cerveau postérieur, pouvant affecter les fonctions vitales chez l'Homme.
À cela, s'ajoutent des cas cliniques :
Listériose atypique
Ses manifestations sont identiques à celles d'une urétrite, une pneumonie, des épanchements pleuraux purulents ou d’une endocardite.
Listériose glandulaire
Les symptômes sont comparables à ceux de la « mononucléose infectieuse avec tuméfaction des glandes salivaires ». Elle déclenche des ganglions lymphatiques de la nuque.
Listériose locale
Elle se caractérisée par des maux de tête, une myalgie et de la fièvre. Cette forme de maladie infectieuse humaine se traduit par des papules et des pustules sur les mains et les bras.
Listériose typhoïdique
Cette infection bactérienne se manifestant pas une forte fièvre, est très fréquente chez les personnes immunodéprimées.
Bon à savoir
Son mode de transmission étant généralement par voie alimentaire ou par contact direct avec des animaux ou environnements contaminés, la dose infectieuse de la Listeria monocytogenes chez les personnes en bonne santé varie entre 10 et 100 millions d'unités formant colonies, et chez les sujets dont le système immunitaire est fragile, entre 0,1 et 10 millions d'UFC.
Quant à sa période d'incubation, elle dépend du mode de transmission et de la dose reçue. Elle peut durer une à quatre semaines, voire plusieurs mois.
Quelles sont les précautions à prendre pour éviter toute contamination à la Listeria ?
Si la Listériose peut être dans certains cas, traitée par des antibiotiques, des précautions sont tout de même à prendre pour l'éviter. Au quotidien et dans notre environnement proche, des gestes simples et règles d’hygiène sont à respecter :
- Se laver régulièrement les mains (surtout avant et après les repas)
- Respecter la date limite de consommation des produits, et les consommer rapidement après ouverture
- Bien laver les fruits et légumes avant de les consommer
- Éviter tout contact d'aliments crus avec d’autres aliments
- Bien laver les ustensiles et plans de travail après usage
- Réchauffer les plats prêts à consommer et faire cuire à plus de 75°C, les aliments crus d'origine animale
- Nettoyer régulièrement son réfrigérateur
- Régler son réfrigérateur à une température basse (maximum 4°C)
- Pour éviter tout risque de contamination dans votre réfrigérateur, séparer les aliments crus des autres.
Prévention des risques sanitaires et protocole HACCP
En France, des contrôles (auto-contrôles, contrôles planifiés ou inopinés) réalisés par la Direction Générale de l'Alimentation, la veille sanitaire assurée par l'Institut de veille sanitaire depuis 1998, et par le Centre national de référence (CNR) des Listeria régulent les activités/exploitations des producteurs et distributeurs de l'industrie alimentaire. Ils sont donc soumis à des réglementations strictes d'hygiène et de respect des normes microbiologiques.
Pour lutter efficacement contre les facteurs et modes de transmission de la Listeria monocytogene, l'instauration systématique du protocole HACCP dans l'agroalimentaire, les cuisines de collectivités et ateliers de l'industrie alimentaire permet de mettre en pratique et de faire respecter, les bonnes pratiques en matière de sécurité alimentaire.
Que faire en cas d'achat ou consommation de produits contaminés ?
En cas de contamination ou de suspicion de contamination de produits alimentaires par la Listeria, les organismes de veille sanitaire et de protection du consommateur déclenchent - par le biais des médias - une alerte sanitaire, en vue de leur retrait des canaux de distribution (magasins, épiceries, boucheries …).
En cas de rappel de produits alimentaires suspectés ou contaminés par une bactérie, si vous êtes concernés, il est fortement recommandé : soit les rapporter au fabricant ou sur le lieu d'achat, soit les détruire. Si par contre ils ont été consommés, surveillez au cours des 4 semaines qui suivront, les moindres symptômes de Listériose puis, consultez immédiatement votre médecin dès leurs premières apparitions.