Obsolescence programmée
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Version actuelle
L'obsolescence programmée
L'obsolescence programmée est un modèle de croissance aberrant qui fonctionne en dépis du bon sens.
L'obsolescence programmée par les entreprises est une stratégie planifiée dès la conception du produit qui consiste à diminuer la durée de vie ou d'attractivité de celui-ci, en créant en permanence chez le consommateur un besoin d'en racheter un nouveau en substitution.
L'obsolescence programmée ou planifiée est le processus par lequel un bien devient obsolète pour un utilisateur donné, parce que l’objet en question n’est plus à la mode ou qu’il n’est plus utilisable.
En clair, certains produits sont prévus pour ne plus fonctionner ou être passés de mode après un certain temps d'utilisation afin de forcer le consommateur à les remplacer.
Cette technique est particulièrement utilisée par les constructeurs d'appareils électroniques (ordinateurs, téléphones, consoles, etc.) et électroménagers.
Les différentes formes d'obsolescence programmée
L'obsolescence technologique
L'obsolescence technologique (ou technique) est l'ensemble des méthodes techniques pour avancer la fin de vie d'un appareil, en les rendant par exemple irréparables. Seuls 44% des appareils électroniques qui tombent en panne sont réparés selon une étude de l'ADEME (2007).
Les méthodes pour "forcer" les consommateurs à racheter de nouveaux produits sont multiples :
- Indisponibilité ou coût très élevé des pièces de rechange,
- Produits High tech devenus indémontables (ex. avec l'IPad dont la batterie est directement moulée dans le plastique),
- Sophistication des appareils, avec des pannes plus fréquentes et une réparation complexe mais aussi des innovations technologiques moins "durables". Par exemple, le tube cathodique des anciennes télévisions a une durée de vie moyenne de dix à quinze ans alors que celle d'un écran plat est d'environs 5 ans.
- Résistance moindre des appareils de premiers prix.
L'obsolescence psychologique (ou esthétique)
L’obsolescence esthétique ou psychologique est l'ensemble des méthodes consistant à inciter le consommateur à se séparer d'un produit et en acheter un nouveau avant même qu'il soit hors d'usage.
- Selon l'Ademe, la première cause de non-réparation des produits est l'attrait des consommateurs pour de nouveaux produits, au nouveau design, avec de nouvelles fonctions, des tarifs plus attractifs...
A titre d'exemple les téléphones portables sont changés en moyenne tous les 20 mois, alors qu'il fonctionnent encore, leur durée de vie étant de 4 ans en moyenne.
Catégorie de produits particulièrement ciblée par cette obsolescence esthétique : les vêtements avec une mode qui évolue de plus en plus rapidement, créée de toutes pièces par des opérations marketing et campagnes publicitaires des fabricants. Certains vêtements encore utilisables sont ainsi dévalués et jetés parce qu'ils ne sont plus «à la mode».
- Chaque Français jette ainsi 12 kilos de vêtements par an et dépense 616 euros par an pour en racheter de nouveaux (en savoir plus) !
Sources : Rapport (septembre 2010) "L'obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage". Les Amis de la Terre France et le Cniid.
Quand est apparue l'obsolescence programmée ?
’ampoule électrique, produit simple, a été la première victime de l’obsolescence programmée. Fin 1924 à Gèneve fut fondé le cartel Pheobus SA regroupant les principaux producteurs d’ampoules des pays industrialisés, notamment Philips, General Electric et Osram, en vue de limiter la durée de vie des ampoules à 1.000 heures. Le cartel rassemblait les statistiques de durée de vie moyennes et imposait des amendes aux fabricants dont les ampoules avaient une durée de vie supérieure à 1.500 heures. Ce cartel s’est avéré redoutablement efficace. Alors que la durée de vie moyenne des ampoules atteignait 2.500 heures en 1924, en deux ans la durée n’excédait plus 1.500 heures et quelques années plus tard cette durée ne dépassait plus 1.000 heures. En 1942 lorsque le cartel est découvert, le Gouvernement américain porte plainte contre General Electric et d’autres fabricants pour entente sur les prix, concurrence déloyale et limitation de la durée des ampoules à incandescence. En 1953, General Electric et d’autres sont condamnés à lever ces restrictions, mais dans les faits rien n’a changé. Au cours des années suivantes, de nombreux brevets ont été déposés pour des ampoules à vie. Le filament longue durée prévu pour durer 100.000 heures n’a finalement jamais été commercialisé. Lors de la Grande Dépression aux Etats-Unis, un homme d’affaires nommé Bernard London a proposé de limiter la durée de vie légale des biens de consommation pour faire tourner l’industrie dans un ouvrage intitulé « La Nouvelle prospérité ». C’est la première fois qu’apparaissait au grand jour la notion « d’obsolescence programmée ». (source : web4.ecolo.be/?Des-propositions-pour-faire-face-a)
Des exemples concrets d'obsolescence programmée des produits
L'obsolescence programmée des ipod et des baladeurs
Les premiers iPod étaient vraiment cher comme tous les produits Apple. Quand 18 mois après, ses utilisateurs ont vu que la batterie de leur nouveau joujou rendait l’âme et que la firme à la pomme n’envisageait pas de la remplacer, certains d’entre eux se sont mobilisés. Après un procès qui a débouché sur un accord entre les deux parties, l’entreprise a mis en place un service de remplacement des batteries, étendu leur garantie à deux ans et dédommagé les plaignants.
L'obsolescence programmée des machines à laver
Une machine à laver est conçue pour que le roulement du tambour se détériore après 2500 cycles. On constate que toutes les autres pièces ont une durée de vie statistique de plus de 5000 cycles. Le roulement, moulé dans le tambour et le moteur, n’est pas remplaçable sans remplacer l’ensemble moteur-tambour. Pour 2€ supplémentaire par machine, le tambour pourrait être désolidarisé des 2 autres pièces et être remplacé. On pourrait rendre obligatoire le rappel des machines, au remplacement du mécanisme ou à la livraison d’une machine capable d’accomplir 2500 cycles supplémentaires.
L'obsolescence programmée des imprimantes
Difficile de faire réparer une imprimante de nos jours. Les fabricants conseillent de racheter une imprimante neuve si la vôtre est en panne. Dans Prêt à jeter, Marcos LÓpez, un jeune informaticien lâché par son imprimante, décide d’en savoir plus. Sur les forums, il apprend qu’une puce détermine la durée de vie de sa machine. Au bout d’un certain nombre d’impressions, celle-ci sonne le glas du système. Heureusement, le Web fourmille de développeurs malins. Le Russe Vitaliy Kiselev a ainsi inventé un logiciel qui remet le compteur à zéro. Marcos charge le programme sur son ordinateur, et, comme par magie, son imprimante reprend vie.
L’imprimante qui possède une puce pour se bloquer à 18.000 copies. Les consommateurs signaleraient le blocage de l’imprimante au producteur et au guichet central. Le producteur, sachant qu’il est en faute, ne bouge pas.
L'obsolescence programmée des ampoules
À Livermore, en Californie, une ampoule mystérieuse éclaire depuis cent dix ans. Filmée en permanence, elle a survécu à deux webcams. Sans aller jusque-là, ses congénères des années 1920 fonctionnaient en moyenne deux mille cinq cent heures. Mais, en 1925, un cartel d’industriels réduisit cette durée à mille heures, pour forcer les consommateurs à en acheter plus souvent. Cette entente sera condamnée en 1953, sans effet. Depuis, des inventeurs déposent des brevets permettant d’augmenter la longévité des ampoules, jusqu’à cent mille heures pour l’un d’eux. Mais, bizarrement, on ne trouve pas ces produits miracles en rayon !
L'obsolescence programmée des bas nylons
En 1940, le groupe Dupont, fleuron de la chimie fine a commercialisé les premiers bas Nylon. Grâce au nylon, les bas ne filent plus et les consommatrices sont ravies. Mais l’affluence des premiers temps une fois passée, les boutiques désemplissent et les ingénieurs sont sommés d’inventer des produits moins résistants. En variant la quantité d’additifs protégeant la fibre, ceux-ci ont, bon gré mal gré, programmé l’usure du produit. Et les mailles se sont remises à dégringoler sur les jambes des femmes…
L'obsolescence programmée de l'iPad
Au lieu d’être clipsée, la batterie de l’IPAD est soudée, de telle sorte qu’il est difficile de changer la batterie après deux ans, lorsqu’elle est en fin de vie, alors que le reste de l’IPAD est encore fonctionnel. Un autre type de connexion batterie-appareil est par ailleurs tout à fait général et la soudure n’apporte aucun avantage autre. On pourrait imposer sur demande des consommateurs le rappel des IPAD pour permettre un changement de batterie ; l’obligation d’incorporer cette amélioration pour les nouveaux IPAD mis sur le marché ; la publication par voie de presse de la possibilité de faire modifier son IPAD ; l’obligation d’information des clients, au moment de la vente, de la possibilité de remplacement de la batterie.
L'obsolescence programmée des cartouches d’encre
Les cartouches d’encre pour imprimantes à jet d’encre sont constituées d’un réservoir et d’une tête contenant de l’électronique. Le réservoir peut être clipsé et déclipsé de telle sorte qu’il est possible de le re-remplir. Une firme vient de passer d’un réservoir clipsé à un réservoir collé. Une autre conçoit directement des réservoirs collés. Dans les deux cas, on pourraitl, constatant que le clipsage est possible, et que le collage n’est réalisé qu’au profit du fabriquant, rendre obligatoire le retrait des cartouches du marché
La loi Hamon sur l'obsolescence programmée de l'iPad
La loi sur la consommation, dite "loi Hamon", publiée le 18 mars 2014, prévoit, entre autres, 2 disposition phares qui faisaient partie de la proposition de loi sur l'obsolescence programmée de Jean-Vincent Placé.
1 - La durée de la garantie légale de conformité et de la garantie relative aux défauts de la chose vendue est ainsi portée à 2 ans, cela pour pousser les industriels et les marques à commercialiser des produits dont la durée de vie est plus longue. Cette obligation devrait mettre fin aux extensions de garantie coûteuses proposées notamment dans le secteur de l'informatique.
2 - Concernant l'allongement de la durée de vie des produits, l'information des consommateurs des possibilités de réparations ultérieures est réglementée par cette loi. Les producteurs doivent communiquer au public la durée pendant laquelle les pièces détachées nécessaires à leur réparation seront disponibles et ce, sur le lieu de vente des produits.
Cette information doit être délivrée avant la conclusion du contrat, et doit figurer par écrit sur le document scellant la transaction. Le fabricant ou importateur devra de plus fournir ces pièces, dans un délai de 2 mois, aux vendeurs professionnels ou aux réparateurs, agréés ou non, qui le demandent. Les modalités et conditions seront alors précisées par décret.
Des exemples de pratiques d'obsolescence programmée
Vendre un appareil irréparable
Rendre un appareil irréparable est un classique de l'obsolescence programmée. L'exemple le plus connu de cette astuce est celui de l'iPod (première, deuxième et troisième génération), dont la batterie n'était pas amovible. Au bout de 18 mois environ, lorsqu'elle était usée, le baladeur était bon à jeter. Apple a évité de justesse le procès en dédommageant ses clients. Et que dire du radio réveil Phillips simulateur d'aube, dont il est expliqué sur le mode d'emploi que l'ampoule n'est pas remplaçable. "Quand l'ampoule est morte, le réveil à 190 euros doit être jeté",
Ne pas vendre les pièces détachées
Certaines pratiques font gonfler la facture inutilement. Lors d'une panne de la carte d'alimentation sur un écran plat, les réparateurs vont vous proposer de changer la carte entière (600 euros) alors que le remplacement d'un composant coûte... 30 centimes, comme l'a révélé une enquête d'Envoyé spécial de 2010. Une proposition de loi du sénateur écologiste Jean-Vincent Placé propose un accès aux pièces détachées pendant une durée minimale de 10 ans.
Votre réfrigérateur date de plus de cinq ans, il y a fort à parier que vous aurez du mal à trouver à premplacer l'ampoule qui a laché. Et quand bien même elles seraient encore disponibles chez un revendeur, leur remplacement ne serait sans doute pas rentable. Pourquoi payer 25 euros pour remplacer une lampe de four micro-ondes lorsqu'on peut acheter un four neuf à moins de 30 euros ?
Sur l'obslescence programmée des matériels
- Voyez le dossier sur le recyclage] et notamment sur le recyclage des téléphones : Recycler son téléphone