Océans
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Les océans
Les océans, état des lieux
- Les océans représentent près de 361 millions de km2
- ils abritent une faune et une flore d’une très grande diversité allant du plancton microscopique au plus grand mammifère, la baleine bleue (30 m, 190 tonnes)
- Les océans recèlent des ressources vitales (les ressources aquatiques fournissent environ ¼ de l’approvisionnement mondial en protéines animales) et fournit des services écologiques indispensables aux communautés vivantes sur terre, tels que la régulation du climat, des cycles biochimiques ou la production d’oxygène (70% de l’oxygène vient du phytoplancton).
- L’océan est également le plus grand réservoir de chaleur de la planète. 30 % de l’énergie stockée est restituée à l’atmosphère par évaporation sous forme de chaleur latente pour former les nuages. Les pôles également jouent un rôle fondamental dans la situation géoclimatique de la « planète bleue ».
Les Océans agonisent sous les déchets et les dommages infligés aux ressources halieutiques sont déjà parfois difficilement rattrapables. Alors qu’1 espèce de poisson sur 3 est menacée d’extinction, que les chalutiers vont toujours plus loin et sont toujours mieux équipés, les eaux de surface de nos océans sont de plus en plus vides et que les modèles informatiques prédisent la disparition globale de tous les stocks de poissons actuellement pêchés pour le milieu du 21ème siècle, c’est un groupe de biologistes et océanographes qui s’émeut.
En effet, selon eux, c’est sur l’ensemble des écosystèmes marins de la planète qu’a été sous-estimé l’impact des activités humaines : seulement 4 % des océans restent intacts , se sont émus ces scientifiques américains le 14 février 2008. Du point de vue de la 'biodiversité', les Océans sont loin de nous avoir révélé tous leurs secrets.
Des tests génomiques menés sur un litre d'eau de mer ont montré que 90% des espèces présentes dans cette eau nous sont encore inconnues(1) ! Donc 90% de la biomasse océanique ne nous sont pas visibles ni à l'oeil nu ni au microscope... Plus de 40 % des océans sont très endommagés et très peu d’eaux marines restent vierges.
- 80 millions de tonnes de poissons sont capturées chaque année dans le monde ; cette quantité n'augmente plus depuis plusieurs années et seule la pisciculture permettra de compenser la baisse annoncée des quantités pêchées.</li>
- Les sacs plastiques constituent 60% environ de la masse des déchets visibles qui polluent la mer, et provoquent la mort d’un million d’oiseaux, de 100.000 mammifères marins et d’un nombre incalculable de poissons.
Les zones les plus touchées sont la Mer du Nord, le sud et l’est de la mer de Chine, le bassin des Caraïbes, la côte est de l’Amérique du Nord, la Méditerranée, la Mer Rouge, le Golfe Persique, la mer de Béring et plusieurs régions occidentales du Pacifique. La mer Baltique est considérée cliniquement morte pour un bon tiers, asphyxiée par l'azote et le phosphore. Les écosystèmes océaniques les mieux préservés sont ceux des régions polaires. Mais ces sanctuaires sont menacés de dégradation rapide par la disparition grandissante de la calotte glaciaire résultant du réchauffement climatique et de la propagation des activités humaines dans ces régions.
Selon la FAO, 2/3 des espèces sont surexploitées dans le monde. On estime qu’une espèce s’effondre quand les prises de pêche ont diminué de 90%, ce qui était le cas de 29% des espèces en 2003. Greenpeace soutient que ce sont 40% de la surface mondiale des océans sur lesquelles il faudrait arrêter de pêcher complètement et soustraire à toute activité humaine. Seuls 0,6% sont exempts d’intervention humaine aujourd’hui. Chaque année, 150 000 tonnes d'hydrocarbures sont déversées dans les océans', soit seulement 2,5% de la pollution marine. Les 97,5% restant proviennent d'un scandale silencieux :
- ce sont les déballastages illégaux et volontaires des bateaux qui inondent la mer de quelque 1,8 million de tonnes de produits toxiques. Sans parler des 6 millions de tonnes de polluants qui proviennent des fleuves ou bien des métaux lourds, du C02, des nitrates provenant de l'érosion des terres. Au total, la pollution marine provient au 2/3 de la terre. Le danger vient du ciel aussi puisque ce sont 200 000 tonnes d'hydrocarbures dispersés dans les airs qui retombent dans l'océan avec la pluie. A cela s'ajoute la centaine de navires qui, chaque année, font naufrage et sombrent au fond de la mer et dont on ne parle jamais.
- Les océans sont des puits de carbone. Les océans absorbent d'énormes quantités de C02 atmosphérique mais cette absorption a une limite. Plus le C02 contenu dans l'eau augmente, plus l'eau devient acide.</p>
- 400 000 tankers parcourent les eaux du globe pour transporter des marchandises.
- Les bâteaux rejettent 20 000 tonnes d'eau de ballast par an dans les mers, déversant ainsi des quantités d'organismes étrangers aux océans.
- L’océan Pacifique (180 000 000 km²) est le plus vaste du globe terrestre. C’est là que se situent les fosses les plus profondes et plusieurs dorsales forment en surface des archipels linéaires exhibant les plus beaux atolls. Il abrite de nombreux récifs coralliens qui s’étendent sur 116 000 km², soit 40% de la surface totale des formations récifales peu profondes. Avec la seconde plus grande barrière récifale située en Nouvelle-Calédonie et près de 120 îles et atolls coralliens en Polynésie française, la France a une responsabilité particulière dans cette région.
- Selon l’Ifremer, les pollutions des eaux côtières ont coûté près de 12,8 milliards de dollars à l’économie mondiale en 2006. La pollution marine résulte des produits rejetés dans les mers et les océans essentiellement par l’homme: rejets domestiques (égouts et ordures, polluants contenus dans les eaux de ruissellement...), industriels (hydrocarbures, métaux, substances chimiques et organiques de synthèse, radionucléides...) et agricoles (engrais, pesticides...). Elle comprend la pollution de l'eau et des sédiments marins, et plus généralement toutes les atteintes aux écosystèmes marins causées par des rejets de substances nuisibles par leur nature ou leur quantité.
- La majorité de la pollution provient du continent, transportée par les fleuves et les vents, et se concentre dans les eaux côtières, qui fournissent 99% de la production totale de poisson. Les pollutions en haute mer, de type industriel, sont surtout le résultat d’accidents ou de malveillances: naufrages, déballastage, dégazage, les marées noires, spectaculaires et catastrophiques lorsqu’elles touchent les côtes, intervenant pour une faible part.
- De 75 à 80% des pollutions marines sont d'origine terrestre, notamment agricole, parmi lesquelles environ 30% sont apportées par l’atmosphère. La responsabilité du transport maritime se situe autour de 12%.
- En Amérique du Sud, 98% des eaux usées domestiques finissent dans la mer sans traitement.
- Les pays qui bordent la Méditerranée y rejettent 50 millions de tonnes de déchets chaque année et, chaque jour, les chinois rejettent 60 millions de tonnes de déchets dans la mer Jaune.
- Les déversements d’hydrocarbures proviennent pour plus de la moitié des continents, pour 5% des accidents de pétroliers, pour 20% des rejets et accidents des autres navires, pour 4% de l’exploitation en mer, et, pour 11 à 15%, ont une origine naturelle.
- Les pollutions accidentelles par hydrocarbures sont en fortes diminutions, ne représentant que quelques pourcents des rejets par dégazage estimés entre 1,5 et 3 millions de tonnes de pétrole par an.
- En 2003, d’après le WWF, entre 0,7 et 1,3 million de tonnes de pétrole auraient été répandues par dégazage en Méditerranée.
- Dans les années 70, à l’initiative de l’Organisation maritime internationale, sont adoptés les principaux textes sur la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures et toutes autres substances, produits chimiques, déchets, eaux usées, polluants atmosphériques: en 1972, la Convention de Londres, et en 1973, la Convention internationale MARPOL pour la prévention de la pollution depuis les navires et les plateformes pétrolières.
- Aux Etats-Unis, en 1990, avec l’Oil Pollution Act, seuls les pétroliers dotés d’une double coque peuvent entrer dans les ports américains. En 1976, avec la Convention de Barcelone, l’Union européenne se penche sur la Méditerranée avec l’objectif de réduire la pollution dans la zone de la mer Méditerranée et de protéger et améliorer le milieu marin.
- L’UE crée, en 2002, l’Agence européenne de sécurité maritime.
- 2007: pétrolier Hebei Spirit, 10.500 tonnes de pétrole brut déversé, 300 km de côtes touchées, Corée du sud
- 2006: bombardement israélien des cuves de la centrale électrique de Jiyyeh, Liban, 15.000 t
- 2003: pétrolier Tasman Spirit, plus de 12.000 t, Pakistan
- 2002: pétrolier Prestige, 64.000 t de fioul lourd, 2.600 km de côtes touchées, Galice (Espagne)
- 2001: plate-forme pétrolière P-36, 350.000 t, Bacia de Campos, Brésil
- 1999: pétrolier Erika, 20.000 t de fioul lourd, 400 km de côtes touchées, Bretagne (France)
- 1996: pétrolier Sea Empress, 73.000 t, Pays de Galles
- 1993: pétrolier Braer, 84.500 t, Iles Shetland
- 1992: pétrolier Aegean Sea, 67.000 t, Galice (Espagne)
- 1991: pétrolier Haven, 144.000 t, Gênes (Italie)
- 1991: pétrolier ABT Summer, 260.000 t, Angola
- 1991: guerre du glofe, 800.000 t, Koweit
- 1989: pétrolier Exxon-Valdez, 38.500 t de pétrole brut, 800 km de côtes touchées en Alaska (Etats-Unis)
- 1983: pétrolier Castillo de Belver, 250.000 t, Afrique du sud
- 1983: puits offshore de Nowruz (Iran), 250.000 t
- 1980: pétrolier Irenes Serenade, 103.000 t, Grèce
- 1979: pétrolier Atlantic Empress, 276.000 t, Caraïbes
- 1979: plate-forme de forage Ixtoc, Golfe du Mexique, entre 500.000 et 1.500.000 t
- 1978: pétrolier Amoco-Cadiz, 227.000 t de pétrole brut, 360 km de côtes touchées, Bretagne (France)
- 1976: pétrolier Urquiala, 101.000 t, Galice (Espagne)
- 1972: pétrolier Sea Star, 115.000 t, Glofe d’Oman
- 1967: pétrolier Torrey-Canyonn, 121.000 t de pétrole brut, 180 km de côtes touchées, Pays de Galles
- Océans : c'est encore pire qu'on le pensait
- Le Vortex, gigantesque poubelle sur l'océan
- Plastiques, pétrole … Les Océans agonisent sous les déchets.
Leurs cargaisons finissent elles aussi par s'échapper et polluer l'eau marine. Bien moins médiatisée que les marées noires, cette pollution insidieuse est pourtant la plus dangereuse car elle est permanente et massive. Les scientifiques l'affirment, la pire pollution pour la mer est celle causée par les déchets chimiques de l'industrie et des activités humaines, notamment l'agriculture. Plus de 80% des eaux usées dans le monde finissent dans l'océan.</p>
Un phénomène, appelé « marées vertes », se produit à l'embouchure des fleuves qui charrient des produits chimiques qui favorisent artificiellement la croissance d'algues, qui étouffent la vie sous-marine. Plus insidieux encore, l'invasion massive du plastique. Des chercheurs de l'université de Plymouth ont découvert que des morceaux de plastiques, invisibles à l'œil, sont contenus dans les sédiments des plages, les bas-fonds des zones côtières et le sable. Cette pollution massive risque de durer car les différentes sortes de polymères des sacs vont mettre entre un siècle et 1000 ans pour se dégrader.
Largement le temps de se décomposer en déchets microscopiques qui pourraient passer dans la chaîne alimentaire avec des conséquences encore mal évaluées. Pour l'heure, c'est la faune marine qui souffre, comme par exemple les tortues de mer qui confondent les sacs plastiques avec des méduses et tentent de les ingérer. Résultat, les sacs plastiques provoquent des occlusions intestinales. Rien que dans le golfe de Gascogne, on estime qu'il y a 50 millions de déchets non biodégradables à moyen terme.
Le rejet de déchets radio-actifs constitue une autre menace.On a du mal à le croire mais en 1975, la Convention de Londres a autorisé le rejet de déchets nucléaires dans la mer. Arrêté en 1982 grâce à la pression de l'opinion publique internationale, ce mode de rejet a permis à une douzaine de pays, dont l'Angleterre, de déverser, selon les experts, 75 000 tonnes de fûts radioactifs enrobés dans du bitume ou du ciment. On sait que le risque écologique demeure aujourd'hui mais on ne sait pas pour combien de temps encore ces fûts résisteront aux attaques de l'eau de mer.
On peut aussi évoquer le cimetière des sous-marins à propulsion nucléaire russes, restes de la flotte soviétique, de Mourmansk, connu pour ses navires à l'abandon. Une trentaine de navires lanceurs d'engins, de satellites équipés de générateurs nucléaires ou de carcasses d'avions porteurs de missiles, abandonnés à la corrosion, laissent échapper une radioactivité importante : sans doute de millions de milliards de becquerels qui reponsent au fond de l'eau, soit plusieurs fois « la dose » de Tchernobyl. Une paille …. Au niveau global, un autre phénomène menace du fait du réchauffement climatique. Le taux de PH - ou d'acidité - des océans augmente régulièrement du fait d'un surdosage en C02. A la fin du siècle, aux pôles, cela pourrait amener à ce que les coquilles de certains crustacés soient dissoutes. . (1) Laboratoire d'océanographie de Villefrancher-sur-Mer cité par Sciences et Vie 1090.
L'augmentation du C02 dans les eaux
L'acidification des océans
Plus l'eau devient acide avec l'augmentation du C02 dans l'eau, plus la croissance des coquilles des mollusques est ralentie. Si on continue à absorber autant de C02 dans les océans qu'aujourd'hui, on estime qu'il ne restera en 2100 que 30% des récifs coraliens des eaux froides. Cela aura des conséquences énormes sur le monde animal et accélèrera la disparition des espèces.
Le saviez vous ?
Au cours des deux cents dernières années, ils ont absorbé près de la moitié du CO2 issu de la combustion des carburants fossiles : charbon, gaz naturel, pétrole, soit 120 milliards de tonnes depuis les débuts de l’ère industrielle.
«Conséquence : le pH de ces eaux est aujourd’hui de 8,1, soit une baisse de 0,1 unité au cours du XXe siècle», précise Eric Douvielle, du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.
Chaque jour, 25 millions de tonnes de gaz carbonique se combinent à l’eau de mer. Les émissions de CO2 poursuivant leur ascension, l’acidification va s’intensifier : au rythme actuel, le pH des eaux de surface océaniques pourrait diminuer, d’ici à la fin du siècle, de 0,3 à 0,5 unité. «Il s’agirait du pH le plus bas enregistré depuis 300 millions d’années», affirme Eric Douville. Un phénomène qui constitue une menace directe pour les coraux, les mollusques, le phytoplancton calcaire, car l’acidification altère le processus de calcification qui leur permet de fabriquer squelettes externes ou coquilles. «Dans le passé, les espèces avaient réussi à s’adapter parce que le processus d’acidification s’était étalé sur 10 000 ans et ne concernait que 0,1 unité de pH, explique Douville. Impossible de savoir si les écosystèmes marins parviendront à s’adapter à de telles variations en un siècle.»
L'océan Pacifique
Le lagon de Nouvelle-Calédonie est réputé pour sa diversité estimée à plus 15 000 espèces. Il est le plus riche en poissons récifaux de tout l’Outre-Mer. Sur les 3000 espèces connues dans l’océan Pacifi que tropical, environ 1700 y ont été répertoriées. Le caractère exceptionnel de ce lagon a conduit la Nouvelle-Calédonie à déposer, en janvier 2007, une demande d’inscription de ses récifs coralliens au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
Les zones côtières fragilisées
La pollution des océans : les faits et les chiffres
La protection des océans
La sécurité maritime, la réduction des pollutions et la protection des milieux marins font l’objet de nombreux traités et conventions, à tous les niveaux, internationaux, régionaux et nationaux.
Océans et réchauffement climatique
Voici quelques extraits d'un article de la Paristechreview sur le rôle des océans dans le réchauffement climatique :
La prise des pêcheurs japonais alourdie par des méduses ayant la taille de petits réfrigérateurs. Des plongeurs sous marins se voient attaqués par une horde de calmars géants, agressifs atteignant deux mètres de long en Californie. (...) Plusieurs scientifiques pensent que ces phénomènes sont les signes précurseurs de la manière dont le réchauffement climatique modifie l’écologie des océans.
(...) Au nombre des questions qu’ils se posent : quelle sera l’amplitude des changements qui vont affecter les océans, comment faire face aux conséquences de ces changements ?
La conséquence dont on parle le plus est que l’accumulation de gaz à effet de serre semble faire fondre les calottes glaciaires des pôles, ce qui pourrait provoquer une élévation du niveau de la mer de quelques centimètres.
Certains scientifiques estiment que le niveau de la mer pourrait augmenter de 19 à 58 centimètres au cours du siècle, en raison, affirment-ils, de la fonte des calottes glaciaires et de l’accroissement du volume des mers qui en résulte à mesure que les eaux se réchauffent ; mais l’impact pourrait être plus significatif que cela à cause de l’inclinaison des fonds marins au niveau des zones côtières « Vous pouvez convertir cela par 20 ou 30 en termes d’impact » affirme D. James Baker, ancien sous-secrétaire au Commerce et administrateur de la National Oceanic and Atmospheric Administration sous l’administration Clinton (ex directeur du Programme Mondial de Mesure du Carbone de la Fondation Clinton).
Des changements sous-marins sont également attendus. Par le passé, l’océan a servi d’éponge géante pour les émissions de dioxyde de carbone mondiales. Les scientifiques estiment que 20 à 35% des émissions d’origine humaine finissent dans l’océan. Mais des recherches récentes effectuées par Samar Khatiwala, un océanographe de la Columbia University publiées dans Nature en novembre 2009, estiment qu’il y a tellement de dioxyde de carbone produit à l’heure actuelle que le pourcentage des émissions totales de dioxyde de carbone que l’océan peut absorber a diminué. « Si les émissions augmentent trop rapidement, alors l’océan ne sera plus en mesure de suivre le rythme » a déclaré Khatiwala. Il avance comme théorie que des changements au niveau de la chimie de l’océan ont également contribué à une diminution de la capacité d’absorption du dioxyde de carbone, réduisant ainsi la capacité de l’océan jusqu’à hauteur de 10% depuis 2000.
Dans le même temps, les scientifiques pensent que la diminution des niveaux de pH de l’eau pourrait avoir un impact catastrophique sur les crustacés et les coraux, inhibant leur capacité à former des coquillages. D’un point de vue économique, cela pourrait conduire à une catastrophe de grande ampleur pour les pêcheurs de crustacés ; cela pourrait aussi entraîner un blanchissement des coraux qui sont à la base des écosystèmes marins les plus riches.
L’eau contient de moins en moins d’oxygène au fur et à mesure qu’elle se réchauffe. Cela pousse plusieurs espèces à migrer vers le nord, vers des eaux plus tempérées où elles peuvent respirer plus facilement. Certains scientifiques pensent que l’arrivée de méduses de 200 kilos dans les eaux nippones, de calmars de 25 kilos au large des côtes californiennes et la prolifération d’algues en Bretagne pourrait être liée à un changement au niveau de l’équilibre des espèces provoqué par un léger réchauffement des océans.
Accentuées peut-être par le réchauffement climatique mondial doublé de la surpêche des poissons prédateurs, ces invasions ont déjà des impacts économiques négatifs. Tandis que l’industrie de la pêche sportive en Californie connaît d’après certaines informations un boom au niveau de la pêche du géant et fougueux calmar de Humboldt, les pêcheurs japonais ont du fil à retordre avec leur envahisseur. Dans certains endroits, ils perdent près de 30% de leur prise à cause de la méduse géante dont la présence peut détruire la totalité du reste d’une prise – dans un cas au moins, elle aurait provoqué le chavirement d’un bateau de pêche.
En fin de compte, certains affirment que nous pouvons nous attendre à plus de changements provoqués par le réchauffement climatique.
Un modèle informatique créé par William Cheung, professeur à l’Université d’East Anglia a étudié l’impact du réchauffement climatique sur 1000 espèces de poissons. Son modèle prévoit que plusieurs espèces parcourront plus de 40 km par décennie en allant vers les pôles Nord ou Sud à la recherche d’eaux plus tempérées, plus riches en oxygène. Ceci aura tendance à diminuer le nombre de poissons sous les tropiques, a-t-il prédit, et pourrait faire diminuer de 50% la population de certaines espèces et dans certains cas même les conduire à l’extinction.
Les poissons d’aquaculture ne seraient pas non plus épargnés par ces changements. « Beaucoup de poissons d’aquaculture sont en fait élevés dans des filets ouverts en pleine mer » a-t-il déclaré, ce qui implique que les poissons d’aquaculture connaissent exactement les mêmes conditions environnementales marines que les poissons sauvages.
(...) le modèle de Cheung indiquait que les mers du nord pourraient en profiter à mesure que les conditions qui se détériorent au niveau du sud chassent les poissons. À présent, Cheung n’en est plus aussi sûr. Son nouveau modèle qui prévoit d’autres changements tels que l’acidification, indique que le nord pourrait ne pas en tirer profit.
L’acidification, par exemple, qui rend difficile la croissance des crustacés et des coraux, peut aussi contribuer à diminuer la taille moyenne des poissons, étant donné qu’une bonne partie de leur énergie est consacrée à garder les propriétés de leur peau équilibrées avec celles de l’eau, a-t-il affirmé.
Naturellement, quelques espèces ont des chances de s’en sortir au cours de la nouvelle répartition générale. Des gagnants possibles que Cheung pointe du doigt sont les parasites des poissons qui pourraient pulluler à mesure que l’environnement leur deviendra plus favorable.
(...) il y en aura bien d’autres qui ressortiront gagnants de ce réchauffement marin annoncé, outre la méduse géante.
Les chargeurs devraient tirer profit de la plus grande navigabilité des eaux du nord, si la calotte glaciaire fond durablement. Les passages du nord-est et du nord-ouest tant rêvés par les explorateurs il y a quatre cents ans de cela sont à présent devenus une réalité, du moins pour quelques semaines en été, et offrent un raccourci maritime de milliers de kilomètres.
Le groupe Beluga, une compagnie allemande de transport maritime a déjà organisé la première croisière commerciale sur le Passage nord-est à l’été 2009, réduisant ainsi le voyage habituel de 17 700 km de la Corée à l’Europe à 6 440 km. La société a déjà réservé un cargo pour sa nouvelle croisière de l’été prochain. Comble de l’ironie, les dirigeants de Beluga se sont aperçus que le passage rendu possible par la fonte de la calotte glaciaire est bien plus respectueux de l’environnement que le passage classique par le canal de Suez, car il consomme moins de carburant.
D’autres secteurs d’activité ont également reçu un coup de pouce. Une entreprise de câblodistribution a trouvé le moyen de tirer profit de la fonte des glaces en reliant l’Amérique du Nord et le Japon directement par le biais d’une ligne installée au niveau du Passage du Nord-Ouest, réduisant ainsi les temps de transmission entre l’Amérique du Nord et le Japon.
Les spéculateurs immobiliers ont également déjà gagné des sommes importantes grâce à la spéculation sur les calottes glaciaires. Ils ont acquis des terrains à Hudson Bay et dans les autres régions situées sur la Côte-Nord du Canada ; la toundra qui coûtait auparavant quelques centimes par hectare se vendrait maintenant à des dizaines de dollars en raison des chargeurs qui veulent y implanter des ports de transit le long de la route dans le Grand Nord, selon Baker. Le pétrole, le gaz et les autres ressources autrefois retenues prisonnières sous la glace pourront également maintenant être plus facilement extraites.
Bien entendu, les décideurs publics et privés cherchent à compenser les risques du changement climatique.
Kunreuther et Michek-Jerjan affirment que l’une des plus importantes mesures à prendre est d’inciter les propriétaires fonciers à s’assurer de plus en plus contre les inondations et à investir davantage dans des mesures de lutte contre les effets des inondations, telles que la surélévation de leurs maisons.
(...) Malheureusement, cette incapacité à réfléchir collectivement et à penser au long terme quand il s’agit de l’océan est une règle et non une exception. « Au cours seulement des cinquante à cent dernières années, soit la durée d’une vie humaine, on a presque épuisé les richesses des océans, même si l’on peut faire remonter les conséquences de la surexploitation encore plus loin », écrit Callum Roberts dans son livre paru en 2007, intitulé An Unnatural History of the Sea.
Roberts, professeur d’environnement à l’Université de York, note que la surpêche est pratiquée en Europe, depuis mille ans au moins. Roberts a découvert que la solution traditionnelle à la surpêche n’était pas de moins pêcher, mais de faire de l’aquaculture ou de trouver de nouveaux fonds poissonneux. Au cours du XIIIème siècle, écrit-il, les bassins de poissons couvraient une superficie de 30 000 hectares au centre de la France et l’on pouvait trouver un nombre important de tels bassins dans le reste de l’Europe également. Plus tard, au cours du XVème siècle, il affirme que quelques-unes des premières expéditions du Nouveau Monde étaient destinées pour partie à la recherche de fonds poissonneux.
Actuellement, les experts disent que l’on n’a pas entrepris de recherche de zones plus poissonneuses. Comme c’est le cas avec le réchauffement atmosphérique, le réchauffement marin est un problème collectif, à multiples facettes et qui requiert également une solution collective et à multiples facettes – exactement le genre de solution que l’humanité a toujours eu du mal à forger.
« Nous savons que tous les problèmes rencontrés en traitant de l’environnement ne sont pas pour autant des problèmes entre l’homme et l’environnement, mais des problèmes entre les êtres humains » a déclaré l’expert en gouvernance maritime internationale Yves Henocque, Responsable Science, Nature et Société à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER) à Issy-les-Moulineaux.
Plusieurs pays disposent de stratégies maritimes, mais il y a des limites à ce qu’une nation à elle toute seule peut faire. L’Australie par exemple n’a pas été en mesure d’empêcher la détérioration de la Grande Barrière de Corail malgré les efforts consentis, a-t-il affirmé. D’autre part, il est difficile de parvenir à des conventions internationales sur la manière de faire face au changement climatique pour une multitude de raisons.
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