Krill
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Sommaire |
Le krill
- Le krill, ce sont les crustacés dont se nourrissent les baleines
- Le mot krill est utilisé par les baleiniers pour désigner les milliards d'animaux planctoniques qui constituent la nourriture des baleines. Le krill est un nom générique (d'origine norvégienne, krill veut direr "menu fretin") de petites crevettes des eaux froides, de l'ordre des euphausiacés. Le krill est un maillon crucial de la chaîne alimentaire des océans et donc de la planète entière. Le krill constitue l'une des plus grandes sources de protéines de la planète.
- Le krill est composé de petits crustacés de pleine eau, qui constituent la nourriture principale des oiseaux de mer et des baleines dans les eaux polaires. Le krill est donc la nourriture de base des baleines, des phoques et des manchots.
- L’espèce la plus abondante est le « krill antarctique », une petite crevette de l’hémisphère Sud. Il se multiplie avec une rapidité extraordinaire pendant l’été et couvre la mer d’une nappe rouge-brun. Il est abondant sur une couche de 9 mètres, mais on en a trouvé jusqu’à 900 mètres de profondeur.
Le krill enprofondeur
- On pensait depuis des décennies que le krill était confiné à la surface de l'océan.
Or, en 2008, un robot sous-marin britannique (un ROV, Remote Operated Vehicle), dénommé Isis, piloté par une équipe du British Antarctic Survey (BAS) et du National Oceanography Centre (NOCS), a filmé du krill antarctique ( Euphausia superba) à 3.000 mètres sous la surface, à peu de distance de la péninsule Antarctique. Le krill grattait énergiquement le sédiment, sans doute à la recherche de nourriture. En cette fin d'été austral, le fond était riche en restes de phytoplancton provenant de la surface après la prolifération estivale.
- Le plancton végétal (phytoplancton) est mangé par le plancton animal (zooplancton) - dont le krill – par des petits poissons... et par des plus gros : thons,
calmars, baleines ! Ils mangent au total plus de 60 millions de tonnes de krill par an.
- Le krill antarctique constitue l'une des espèces les plus abondantes en termes de biomasse sur Terre. Le kril est ainsi l'une des dernières grandes ressources sauvages de la planète.
- Le krill vit environ 5 à 7 ans et passe la plus grande partie de sa vie dans d'immenses colonies, où les concentrations de krill sont très dense sur des kilomètres carrés et atteignent 30,000 krill par m3 Es
- Comme les petites crevettes qui composent le krill restent sous la banquises une bonne partie de l'année, l'évaluation des stocks est assez incertaine mais les scientifiques les évaluent de 50 à 500 millions de tonnes, répartis inégalement sur les 20 millions de kilomètres carrés de l'océan Austral.
L'intérêt des gens de mer pourr le krill, rassemblement en manière d'« essaim » de petites crevettes, si abondant que l'on a pu penser pouvoir, en l'exploitant à grande échelle, doubler, voire tripler, le tonnage annuel des prises maritimes mondiales, lequel est de l'ordre de 130 millions de tonnes par an. Voir les prises de pêche mondiale dans le Planetoscope
Le krill, alimentation des manchots
"Les encyclopédies nous enseignent aujourd’hui que les manchots d’Adélie, qui vivent en Antarctique, se nourrissent principalement de krill. Cependant, ce petit invertébré qui ressemble à la crevette n’a pas toujours constitué la base alimentaire du manchot, selon deux chercheurs nord-américains. Ce n’est que lorsque l’homme a chassé le phoque et la baleine, faisant chuter les populations de deux grands mangeurs de krill, que les manchots d’Adélie en ont fait leur plat principal, expliquent Steven Emslie (University of North Carolina, USA) et William Patterson (University of Saskatchewan, Canada).
Pour connaître le régime alimentaire des manchots, les biologistes analysent le rapport de deux isotopes, le carbone13 et l’azote 15, dans les plumes, les os ou les coquilles d’œufs des manchots. Ces deux isotopes trahissent la dominante de l’alimentation des oiseaux : plutôt poisson ou plutôt krill. Emslie et Patterson ont appliqué cette méthode à des fragments fossiles de coquilles vieux de 100 à 38.000 ans, retrouvés sur les sites d’anciennes colonies de l’Antarctique, et les ont comparés à des coquilles de manchots actuels.
Ils ont ainsi constaté que l’alimentation des manchots d’Adélie (Pygoscelis adeliae) avait rapidement changé il y a 200 ans. Le régime à base de poissons a laissé la place à une régime à base de krill. Cette évolution coïncide avec le début de la chasse intensive aux phoques à la fin du 18ème et au début du 19ème siècle, suivie par l’essor de la chasse à la baleine. Les deux populations ainsi chassées ont été durement touchées et les chercheurs estiment que leur quasi disparition a créé un surplus de krill de 150 millions de tonnes. Les stocks de poissons étant eux aussi réduits par la pêche, les manchots d’Adélie se seraient alors tournés vers le krill pour se nourrir.
Aujourd’hui le krill est à son tour de plus en plus pêché pour alimenter les élevages de poissons. Emslie et Patterson soulignent cependant que si cette source alimentaire décline, il restera peu d’alternative aux manchots. Leurs travaux sont publiés cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences".
source : sciences et avenir, juin 2008
Le krill est en grand danger
Le Krill antarctique (Euphausia superba) est une espèce de krill vivant dans les eaux de l'océan Austral.
Le krill (et ses miraculeuses petites crevettes) occupe la même place dans l'Antarctique que les sardines et les anchois dans les mers froides de l'hémisphère nord
L'’impact de la croissance rapide de la pêche du krill est très inquiétant. Le krill, est devenu une ressource pour plusieurs industries, dont l’aquaculture, la pharmacie et l’agroalimentaire. Le krill est vendu aux aquaculteurs pour nourrir les poissons d'élevage (1 kilos de poisson sauvage pour 1 kilo de poisson d'élevage ...) ou pour fabriquer des compléments alimentaires.
La Norvège, ennemie du krill
- L'année 2010 aura été un tournant dans l'exploitation du Krill :Les flottes de pêche industrielle s'attaquent au krill de l'antarctique, la nourriture préférée des baleines et véritable clé de voûte de l'écosystème austral.
- La Norvège, 1er pêcheur de krill au monde
Il y a avait déjà 2 chalutiers norvégiens dans la zone australe. Un nouveau navire de pêche usine - le Thorshovdi - a été mis en service par les Norvégiens dans l'océan Austral en 2010 pour capturer du krill. Cette usine flottante fait 133 mètres de long peut pêcher et conditionner 250 tonnes de krills par jour.
La société Aker Biomarine basée à Oslo (Norvège), est un bon exemple : elle a modernisé sa flotte en 2009 pour accroître ses captures de krill dans l’Océan australe. Au premier semestre 2010, il a produit 8.600 tonnes de krill pour l’aquaculture contre 6.200 tonnes sur l’année entière en 2009. Globalement, les captures de krill pour la saison de pêche 2010 sont estimées entre 150.000 et 180.000 tonnes, en augmentation d’environ 40% par rapport à l’an passé.
L'Antarctic krill conservation project estime qu'en 2010 la flotte norvégienne pêche jusqu'à 240 tonnes de krill par jour.
En mai 2009, Aker Biomarine avait pourtant été certifiée pour la pêche au krill par le Marine Stewardship Council (MSC), l’organisation basée à Londres chargée de promouvoir des pratiques de pêche durables. Le Pew Environment Group, une association environnementale américaine a toutefois contesté cette décision estimant que les produits de la pêche destinés à nourrir d’autres poissons ne devraient pas être labélisés.
Dans un article d’opinion[1] publié dans le même numéro de Nature, quatre chercheurs de l’université de British Columbia (Canada), ont constesté cette institution, estimant qu’elle échoue à protéger l’environnement et qu’elle nécessite une profonde réforme. “Seafood stewardship in crisis”, Jacquet et al. Nature 467, 28-29 (2 septembre 2010)
Pour ne pas laisser la manne aux Norvégiens, les Japonais, les Coréens, les Polonais et les Russes vont eux aussi envoyer des navires de pêche dans les eaux antarctique en 2010. Le simple accroissement prévisible du nombre de navires de pêche dans l’Océan austral est en soi une perturbation du milieu naturel. La Chine a affrété son premier bateau en 2010 et devrait rapidement accroître ses capacités de pêche au krill. Les Ukrainiens l'envisagent également.
Voici un extrait du Figaro
"Dans les années 1970, le krill antarctique apparaissait déjà comme une manne exceptionnelle. On pensait alors pouvoir en capturer plus de 70 millions de tonnes par an. Bien vite, les projets ont été revus à la baisse pour des raisons à la fois techniques et économiques.
La carapace des crevettes est si fragile qu'elle est broyée une fois dans le chalut, ce qui occasionne des pertes énormes et limite leur conservation. Les coûts d'exploitation sont très élevés, l'océan Austral étant loin de tout port de débarquement. Les conditions de navigation sont extrêmement dures et, autre facteur limitant, les variations saisonnières peuvent être considérables. Jusqu'alors, la flotte soviétique a été la seule à pêcher le krill à grande échelle avec près de 500 000 tonnes par an, de 1970 à 1980."
> Les niveaux de capture annuels jusqu'en 2010 sont restés très bas en regard par rapport aux stocks, autour de 100 000 tonnes.
- Une innovation technique relance la pêche au krill.
Un système d'aspiration du krill à l'intérieur du chalut évite désormais l'écrasement des carapaces. Les crevettes sont remontées directement par un tuyau sur le pont dès leur capture et peuvent aussitôt être conditionnées sans perte.
De plus, les scientifiques ont découvert que le krill est composé de molécules extrêmement précieuses qui peuvent être valorisées dans plusieurs domaines d'activité particulièrement rentables.
Les experts redoutent tous ces nouveaux impacts sur le milieu antarctique .
La petite crevette du krill qui se nourrit de phytoplancton et de diatomées est la principale source de nourriture des poissons, des baleines, des phoques et des manchots. Si on touche à la base de cette fragile pyramide alimentaire naturelle, il pourrait s'effondrer.Ces effets "humains" s'ajoutent à ceux du réchauffement climatique qui affecte déjà les eaux et la faune australes.
La pêche au krill dans l'océan Austral est censée être réglementée par les recommandations des experts de la CCAMLR (Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique). Ce organisme est très conscient des problèmes de conservation, et les quotas de capture du krill ne réprésentent pour l'instant qu'une toute petite fraction des stocks. Reste que comme le krill devient une source importante de profits, notamment du fait de l'essor de l'aquaculture, la pêche illégale va se développer à grande échelle.
La bataille du krill se déroule lors de la réunion d'octobre de la Convention 2010 pour la protection des ressources marines vivantes de l’Antarctique (CCAMLR, selon le sigle anglais), une entité internationale en charge de la gestion des pêches dans l’Océan austral. La limite de capture annuelle de 3,47 millions de tonnes dans la principale zone de pêche du krill, a été au cœur du débat.
Il y a urgence car du fait de la flotte norvégienne, le krill commencerait déjà à se faire rare selon l'Antarctic Krill Conservation Project.
L'exemple du thon rouge, ou du requin, et l'hypocrisie des Japonais et des Norvégiens ne sont pas pour rassurer... les petites crevettes ont du souci à se faire.
Le krill et le réchauffement climatique
- Le krill souffrirait des effets du changement climatique, en particulier de la fonte des glaces, support d’algues nourricières pour les larves de krill. Selon une estimation, la population de krill en Antarctique aurait baissé de 80% depuis les années 70. Toutefois les effets du réchauffement sur le krill sont encore mal connus.
> Sur le krill et réchauffement climatique, vous pouvez consulter le document pdf en anglais de krillcount.org
La fonte des glaces a pour effet de rendre l'eau moins saline ce qui a pour conséquence que le phytoplancton qui se reproduit est plus petit et que le krill en consomme moins.
Une étude a montré que le krill a une influence sur l'effet de serre en sequestrant le dioxyde de carbone : ces petits crustacés se porte à la surface des océans où ils mangent le phytoplancton, ingérant ainsi de grandes quantités de C02. Pendant qu'il s'alimente, le krill plonge régulièrement à des grandes profondeur où il relâche le carbone. Cette étude estime la quantité de C02 ainsi transférée au fond des océans par le krill à l'équivalent des émissions de C02 de 35 millions de voitures. (krillcount.org)
Sources : le Fishing News International dans une série d'articles publiés dans son édition de décembre 2009 et janvier 2010, Planetoscope.com, British Antarctic Survey, Antarctic Krill Conservation Project, krillcount.org