Agriculture biologique
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L'agriculture biologique
L'agriculture biologique : définition
L'agriculture biologique est un mode de production agricole qui n'utilise pas de pesticides ou d'engrais chimiques de synthèse, contrairement à l'agriculture conventionnelle, et s'interdit certaines pratiques comme l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) Elle est basée sur un cahier des charges européen commun contenant les règles à respecter en culture ou l'élevage pour pouvoir être certifié bio. Il définit la bio ainsi : « La production biologique est un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard des produits obtenus grâce à des substances et des procédés naturels. » — Règlement (CE) N°834/2007 du Conseil de l'Union européenne. On parle communément de « la bio » pour désigner l'agriculture biologique, et « du bio » pour désigner l'alimentation bio.
Les principes de l'agriculture biologique
Historique
L'agriculture biologique a fait son apparition en France dans les années 1950, en réaction à l'intensification de l'agriculture et à l'utilisation de pesticides dans l'après-guerre. Ses penseurs principaux sont Rudolf Steiner ou Albert Howard, qui voient dans l'agriculture moderne une vision réductrice du rapport à la culture et à l'alimentation. Il y a plusieurs courants dans la « philosophie » de la bio : ceux qui voient la bio comme un projet de société global, et ceux qui la restreignent à un mode de production agricole différent.
<h3<Les principes de base</h3> L'agriculture biologique se base sur le refus de l'utilisation de produits chimiques de synthèse, et sur des principes liés à l'environnement global de l'exploitation. Le producteur bio va préférer prévenir plutôt que guérir, et donc privilégier des techniques traditionnelles pour éviter les maladies sur ses plantes ou ses animaux.
■ Protéger les plantes sans employer de pesticides chimiques de synthèse Les cultures sont désherbées mécaniquement ou thermiquement, les cultures sont diversifiées et les rotations allongées pour limiter l’infestation parasitaire. La lutte biologique est pratiquée en utilisant par exemple des coccinelles pour lutter contre les invasions de pucerons. ■ Maintenir la fertilité du sol sans engrais chimiques de synthèse La rotation des cultures, l’introduction de légumineuses qui fixent l’azote de l’air et fertilisent naturellement le sol, l’utilisation d’engrais organiques variés (fumier, cultures intermédiaires…), la conservation d’espaces naturels comme les prairies, les haies, les bandes enherbées, contribuent à maintenir la fertilité des sols. ■ Pratiquer un élevage respectant le bien-être animal Les animaux sont alimentés à partir de produits issus de l’agriculture biologique, et provenant au moins en partie de l’exploitation agricole. Des durées minimales d’élevage et des tailles minimales de bâtiment sont réglementées, les animaux ont accès à des pâturages ou parcours extérieurs. Les animaux sont soignés en priorité par des traitements alternatifs (homéopathie, phytothérapie…), en préventif plutôt qu’en curatif. ■ Les produits issus de l’agriculture biologique sont tous garantis sans OGM. Du moins, le règlement européen impose un seuil minime de présence d'OGM dans les produits bio (devant être inférieur à 0,9%).
La bio étant -souvent- vue comme un système global, une exploitation bio favorisera généralement la diversité des espèces et des cultures, elle privilégiera également les circuits courts dans ses débouchés et se souciera du bien-être des êtres humains qui y travaillent.
La réglementation bio
Les principes de l'agriculture biologique sont réglementées au niveau mondial par l'IFOAM (Fédération Internationale des mouvements d'Agriculture Biologique). Des cahiers des charges ont été définis afin d'assurer une qualité définie pour le consommateur. La France est un pays pionnier en la matière. C'est l'association Nature & Progrès qui définit le premier cahier des charges bio français en 1972. C'est celui-ci qui impulse la création du cahier des charges international la même année. En 1978, la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique est créée qui regroupe les producteurs bio français autour d'une association de défense et de promotion de l'agriculture biologique.
Le cahier des charges européen
Le premier cahier des charges bio européen a été défini en 1992, et complété en 2007 et 2008. Il introduit les règles de base à respecter pour qu'une exploitation puisse être certifiée bio. En voici certaines : - Concernant les productions végétales, le principe est le suivant : « La conduite des productions végétales est basée sur l’amélioration constante de la fertilité et de l’activité biologique des sols et privilégie l’apport d’amendements organiques. L’utilisation de produits chimiques de synthèse est interdite. Il s’agit de nourrir le sol pour nourrir la plante. » www.fnab.org - Concernant les conversions : un délai de trois ans avant récolte est nécessaire pour certifier une exploitation en bio lorsqu'elle produisait en agriculture conventionnelle. - Concernant les productions animales (élevage), elles doivent respecter les deux grands principes suivants : le bien-être animal et le lien au sol. Le lien au sol signifie que la vie des animaux et leur alimentation doivent être liées à l'exploitation. Leur alimentation doit être à 100 % bio, produite majoritairement sur la ferme. Les densités sont limitées et l'accès au plein air est obligatoire. - Les produits transformés doivent être composés à 95 % minimum d'ingrédients certifiés bio. Pour être étiqueté bio, un produit (transformé ou non) doit être composé de 95 % d'ingrédients bio minimum. - OGM : si le produit contient plus de 0,9 % de traces d'Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) lors des contrôles, il perd sa certification bio.
La certification bio
Il existe en France neuf organismes chargés de certifier les exploitations et les produits bio. C'est l'INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) qui est chargé de les agréer. Ces organismes – ECOCERT est le plus connu- contrôlent les producteurs et les transformateurs une à plusieurs fois par an.
Le label bio
Pour les produits certifiés bio, le label « feuille verte européenne » est obligatoire depuis 2010 LOGO. Il peut être accompagné (de façon non obligatoire) du label vert et blanc AB.
Des indications sur l'origine des produits (UE/non UE) sont également obligatoires dans l'étiquetage du produit.
Etat des lieux de la bio
L'agriculture biologique est en croissance partout dans le monde. Il est plus aisé de suivre sa progression dans les pays industrialisés qui permettent l'existence d'une certification. Toutefois, l'IFOAM parvient à établir un suivi mondial qui concerne la majorité des pays.
Dans le monde
La surface mondiale cultivée suivant le mode biologique (certifiée et en conversion) a été estimée à plus de 37,7 millions d’hectares fin 2012 (estimation réalisée d’après les données de l’IFOAM et d’autres organismes). Elle représentait 0,9 % de l’ensemble du territoire agricole des 164 pays enquêtés. 1,9 million d’exploitations agricoles certifiées bio ont été enregistrées en 2012. Dans certains pays, les statistiques ne sont pas disponibles, par exemple en Chine. Ce nombre est donc sous-estimé. (source : www.agencebio.org) Malgré sa superficie, le Bhoutan est en passe de devenir le pays le plus « bio » du monde. Il s'est en effet engagé à convertir 100 % de sa surface agricole en bio d'ici 2020 [1]
En Europe
Fin 2013, 257 323 exploitations agricoles cultivaient plus de 10,3 millions d'hectares. La bio représentait 5,7 % de la Surface Agricole Utile (SAU) européenne. Entre 2012 et 2013, le nombre d'exploitations agricoles et la surface bio de l'UE à 28 ont progressé de 1,3 % et 1,1 %. (source : www.agencebio.org) La bio représente un marché de plus de 23 milliards d'euros en 2013. C'est l'Allemagne qui est le premier pays consommateur de bio avec un marché évalué à 8 milliards d'euros. En termes de pourcentage de la SAU (surface agricole utile), c'est l'Autriche qui arrive en tête avec près de 20 % de ses terres consacrées au bio. En termes de superficie, le trio de tête est l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie, toutes avec plus d'un million d'hectares de surface cultivée en bio.
En France
La bio en progrès
Voir l'article : L’agriculture bio progresse dans votre quotidien[2]
2015 a été une année record pour l’alimentation et l’agriculture biologique en France, confirmant sa tendance à la hausse depuis plusieurs années. Ainsi, 2/3 des Français ont consommé régulièrement bio en 2015.
6 Français sur 10 consomment des produits bio régulièrement Si les Français étaient 49 % à consommer des produits bio régulièrement en 2013, ils sont 65 % à le faire en 2015. C’est ce qu’indique le nouveau Baromètre Agence BIO / CSA, qui précise aussi que quasiment 9 Français sur 10 en ont consommé de manière occasionnelle (89 % contre 75 % en 2013 et 54 % en 2003). Le bio est progressivement passé d’occasionnel à habituel. La répartition des produits varie selon chacun mais les fruits et légumes bio arrivent en tête, privilégiés par 78 % des consommateurs de produits bio. Viennent ensuite : les produits laitiers (65 %), les produits d’épicerie bio (51 %), les oeufs bio (53 %), les boissons bio (47 %), la viande bio (39 %), le pain bio (31 %). L’ensemble de ces chiffres est en hausse par rapport à l’année 2014, preuve d’une tendance globale à la hausse de la consommation.
Le lieu d’achat varie aussi mais pour 81 % des gens il s’agit de grandes et moyennes surfaces. Les marchés sont aussi privilégiés pour un tiers des consommateurs bio, puis viennent les magasins bio et la vente directe à la ferme. Les Français ont une bonne image du bio Consommer des produits bio peut se faire pour de multiples raisons. Les Français mettent principalement en avant le fait de consommer des produits alimentaires : plus sains / meilleurs pour la santé (63 %), plus respectueux de l’environnement et en faveur du développement durable (58 %), ayant plus de goût (56 %). Plus de 3/4 des Français considèrent que la bio est une solution aux problèmes environnementaux. Un marché qui se porte bien
On estimait le marché des produits bio à 5,5 milliards d’euros en fin d’année 2015. En un an, les produits bio ont connu une croissance globale de 10 %, tous secteurs réunis. Outre l’achat de produits bio, les Français souhaitent aussi en majorité les retrouver dans d’autres structures comme l’école (88 % des parents le souhaitent) ou même les restaurants (79 % contre 54 % précédemment). Qui dit produits bio dit agriculture bio Le rapport de l’Agence bio ne parle pas que de consommation, il évoque aussi la production. A ce sujet, on apprend que la surface de terres cultivées en agriculture bio a augmenté de 17 % en un an. En 2015, 1,31 million d’hectares ont été cultivés en bio en France. Une partie des produits sont importés mais la création d’emploi est effective, le bio en nécessitant d’ailleurs plus que l’agriculture traditionnelle. A l’heure actuelle, 42 216 personnes travaillent pour l’agriculture bio (producteurs ou transformateurs), soit 7 % de plus qu’en 2014.
L’information circule également mieux et il apparaît que la majorité des Français a de bonnes notions sur la relation entre bio et OGM, le cahier des charges du bio, le bien-être animal et l’alimentation des animaux. L’enquête révèle aussi que la consommation bio fait évoluer sa façon de consommer en règle générale. Des efforts sont réalisés en matière d’achat de légumes de saison et de produits du mois, une attention portée aux produits frais, une sensibilisation à la réduction du gaspillage alimentaire ou encore une préférence pour les produits locaux.
Les politiques de développement de la bio
Le programme « Ambition bio 2017 » mis en place en 2013 vise à doubler les surfaces en bio : l'objectif est de parvenir à 2 millions d'hectares en 2017. Il s'agit également de mettre en place des leviers pour développer la consommation de produits bio. L'objectif est par exemple d'atteindre 20 % de produits bio dans la restauration collective d’État (source : www.agriculture.gouv.fr ) En France, les agriculteurs bio bénéficient d'aides à la conversion et au maintien différentes en fonction des régions. Les producteurs bio bénéficient toutefois globalement de mois d'aides que les agriculteurs conventionnels. Cela est dû notamment au système de la Politique Agricole Commune (PAC), qui privilégie les aides calculées en fonction du nombre d'hectares. Les exploitations bio étant plus petites, les producteurs bio sont pénalisés. C'est en partie ce qui explique le coût plus élevé des produits bio (cf. 5.2 coût de la bio).
[h2]Controverses autour de l'agriculture biologique[/h2] Le succès durable de l'agriculture biologique ces dernières années amène son lot de controverses et de doutes. [h3]Effets sur la santé[/h3] Voir l'article : le bio, dangereux ou bon pour la santé ? [3] On ne peut pas dire que la consommation de produits bio garantisse une bonne santé. Tout dépend de la façon dont on choisit les produits, dont on les cuisine, et de notre mode de vie à côté. Une méta-analyse de l'Université de Newcastle (projet "QualityLowInputFood" et de l'organisation Sheepdrove Trust) menée par Carlo Leifert en collaboration avec des scientifiques de différents pays, dont l'Inra en France, a porté sur 343 publications et a comparé les cultures conventionnelles de fruits, légumes ou céréales et celles issues de l'Agriculture biologique. Conclusion : les fruits et légumes bio ont des concentrations plus élevées (de 18% à 69%) en antioxydants que les fruits et légumes conventionnels. Ils sont plus riches d'antioxydants comme les acides phénoliques, flavanones, stilbènes, flavones, flavonols et anthocynanines. D'autre part, elle montre une présence de résidus de métaux lourds moins importants dans les produits bio (cadmium notamment) D'autres études (notamment celle de la Food Standards Agency anglaise) estiment qu'il n'y a pas de différence nutritionnelle significative entre les produits bio et les produits non bio. Quoi qu'il en soit, les bienfaits sur la santé des producteurs et sur l'environnement sont avérés, et indiscutables. La non-utilisation de pesticides préserve les producteurs bio de maladies liées à leur utilisation et de cancers. D'autre part, elle préserve les sols, les eaux et l'air, et on peut en ce sens considérer qu'elle contribue à la préservation de la santé des hommes et des animaux. Effets de la bio sur l'environnement L'élevage en agriculture biologique utilise moins d'aliments industriels achetés pour les animaux mais plus d'herbes, de luzerne produits naturellement et localement. On estime que du point de vue du bilan carbone, manger la viande nourrie à l'herbe de l'exploitation a un impact d'environ 30% inférieur à la viande de l'élevage intensif traditionnel. Il est donc intéressant de manger moins de viande, et de la choisir en bio. Voir l'article : face à la crise de l'élevage, le choix de produire en bio [4] L'agriculture bio émet de 20 à 50% de gaz à effet de serre en moins que l'agriculture intensive moderne : moins de CO2 car moins de carburants du fait d'une moindre motorisation mais surtout moins d'engrais chimiques synthétiques, les engrais azotés. L'agriculture biologique emploie plus de composts comme engrais naturels. Elle utilise moins d'engrais et notamment de protoxyde d'azote (N2O) dont l'impact nocif en tant que gaz à effet de serre et 300 fois plus fort que celui du C02.
Coût de la bio
Les aliments bio sont globalement plus chers que les produits issus de l'agriculture conventionnelle. D'après une étude de 60 millions de consommateurs de 2013, manger bio coûte environ 65 % plus cher. L'écart tend toutefois à se réduire entre les produits bio et non bio. De plus, l'écart de prix peut s'expliquer de diverses manières. D’une part, parce que les coûts de production bio (main d’œuvre plus importante, plus juste rémunération des producteurs, coûts des contrôles et des analyses) et de logistique (moindres volumes issus de fermes et d’opérateurs moins nombreux et plus dispersés) sont supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. La bio nécessite plus de main d’œuvre et c'est pourquoi elle est plus chère. Toutefois, elle est plus créatrice d'emplois que l'agriculture conventionnelle. D’autre part, car les aides publiques versées à la bio sont nettement inférieures à celles que reçoivent les exploitations agricoles non bio : 80% des aides sont attribuées à seulement 20% de grosses exploitations intensives. Mais aussi parce que la seule comparaison prix/quantité ne reflète ni les qualités organoleptiques des produits bio, ni l’absence de résidus de pesticides, ni leur richesse en nutriments. Enfin, les prix des produits de l’agriculture conventionnelle sont artificiellement bas car ils n’intègrent pas les dégâts environnementaux, sociaux et de santé générés par leur production et leur consommation (externalités négatives). A titre d'exemple, une étude réalisée à Munich estime qu'installer des agriculteurs bio sur des zones de captage en eau coûte 28 fois moins cher que de dépolluer les eaux des contaminants liés à l'agriculture intensive (pesticides, nitrates…) http://www.penser-bio.fr/IMG/pdf/munich.pdf On peut donc considérer que l'agriculture biologique revient donc moins cher globalement, si l'on prend en compte l'ensemble des externalités positives qu'elle a sur l'environnement.
Rendements et productivité
L'un des reproches faits à l'agriculture biologique est que l'on ne peut nourrir la planète avec ce système, dû à des rendements plus faibles. Toutefois, plusieurs études montrent que l'écart de rendement tend à se réduire, voir que l'agriculture biologique serait plus productif que l'agriculture conventionnelle.
Voir l'article : Pour les scientifiques, l'agriculture biologique peut nourrir 9 milliards d'habitants en 2050 [5]
Ce sont deux agronomes, John Reganold et Jonathan Watcher, qui ont publié une étude dans la revue scientifique Nature Plants. Ils démontrent que l’écart de rendement entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle peut être réduit à 9 % avec la polyculture, là où les estimations étaient plutôt de l’ordre de 20 % en 2012. Rendements de l’agriculture biologique : une étude qui fait écho aux précédentes Cette nouvelle étude vérifie les conclusions de différentes études publiées en 2014, dont celle du Proceedings of the Royal Society, l’équivalent britannique de l’Académie des sciences française, ainsi que l’étude dirigée par Claire Kremen, professeur de sciences de l’environnement et codirectrice du Berkeley Food Institute de l’Université de Californie, dans laquelle 115 études de 38 pays, portant sur 52 espèces végétales et couvrant 35 années avaient été analysées. Ces deux études démontraient déjà qu’il était possible de réduire l’écart de rendement entre agricultures biologique et conventionnelle, tout particulièrement en utilisant la polyculture. Avec comme conclusion pour l’étude de Claire Kremen que « des investissements accrus en recherche agroécologique pourraient améliorer les productivités de l’agriculture durable, qui pourraient atteindre, voire dépasser celle de l’agriculture traditionnelle ». Au-delà de l’amélioration des rendements des bienfaits économiques et sociaux Au-delà de cet écart de rendement qui se réduit, l’étude de John Reganold et Jonathan Watcher a mis en avant plusieurs avantages que possède l’agriculture biologique face à l’agriculture conventionnelle. Tout d’abord l’agriculture biologique est plus efficace et résiliente en cas de sécheresse sévère, permettant aux agriculteurs d’obtenir des rendements stables et ainsi de se projeter dans l’avenir malgré des conditions climatiques extrêmes.
Ensuite, sur le plan économique, les agriculteurs dégagent des marges plus importantes. Les produits se vendent en moyenne 32 % plus cher, leur assurant un revenu supérieur de 22 % à 32 % au revenu perçu en agriculture conventionnelle. Une conversion à l’agriculture biologique mais pas que Cependant pour les deux agronomes, si nous voulons réussir à nourrir 9 milliards d’habitants en 2050, il sera également nécessaire de « réduire le gaspillage alimentaire, améliorer l’accès à la distribution de l’alimentation, stabiliser la population mondiale, éliminer les conversion des cultures en biocarburants et nous orienter vers une alimentation plus tournée vers les végétaux ».
Un mode de production ou un mode de vie ?
La dernière controverse fait écho aux précédentes et agite plus le monde interne de la bio. On reproche en effet parfois à l'agriculture bio de n'être qu'un cahier des charges assurant des règles de production plus ou moins strictes. Il peut en effet être vu comme cela. C'est pourquoi on voit apparaître certaines dérives comme le bio « industriel » ou des animaux en souffrance dans des abattoirs certifiés bio. Le bio est toutefois perçu par ses fondateurs comme un mode de vie, un système de pensée global qui a une dimension agricole, mais aussi sociale et politique. Les personnes qui soutiennent cette vision de « la bio » comme système défendent une bio plus large que celle autorisée par le cahier des charges européens. En France, ils ont notamment créé d'autres labels plus exigeants, comme le label Biocohérence ou Nature & Progrès. LIENS ? LOGOS Des nombreux courants sont également apparentés au mouvement bio : - l'agroécologie est un système plus vaste visant à une agriculture respectant l'environnement et l'humain. Aucun label ne le définit toutefois, ce qui peut donner lieu à des dérives. - la biodynamie est encadrée par le label DEMETER LOGO. Elle vise à respecter certains cycles naturels comme les cycles lunaires. - la permaculture est un mode de pensée fondé sur le respect du vivant. En agriculture, il se fonde notamment sur le principe du sol vivant et du non-labour.
- L’AB ou agriculture biologique, facilement identifiable par ce logo vert et blanc, est un signe officiel de qualité reconnu depuis 30 ans par le
ministère de l’Agriculture. Ce label s’est naturellement imposé comme une référence fiable en matière de sécurité alimentaire et de traçabilité pour tous les consommateurs en quête de qualité, notamment depuis les graves crises alimentaires. Chaque fournisseur utilisant ce logo est certifié par un des organismes certificateurs (OC) agrées par le Ministère de l’Agriculture (actuellement 5 OC agrées : Ecocert, Qualité France, Agrocert, Aclave, SGS ICS). Ainsi tous les fournisseurs bio doivent faire apparaître le nom de leur OC sur l’emballage de leurs produits et détiennent également une licence de certification AB de leurs produits dont une copie peut leur être demandé. Principes fondamentaux de l'agriculture biologique :
■ Protéger les plantes sans employer de pesticides chimiques de synthèse Les cultures sont désherbées mécaniquement ou thermiquement, les cultures sont diversifiées et les rotations allongées pour limiter l’infestation parasitaire. La lutte biologique est pratiquée en utilisant par exemple des coccinelles pour lutter contre les invasions de pucerons.
■ Maintenir la fertilité du sol sans engrais chimiques de synthèse La rotation des cultures, l’introduction de légumineuses qui fixent l’azote de l’air et fertilisent naturellement le sol, l’utilisation d’engrais organiques variés (fumier, cultures intermédiaires…), la conservation d’espaces naturels comme les prairies, les haies, les bandes enherbées, contribuent à maintenir la fertilité des sols.
■ Pratiquer un élevage respectant le bien-être animal Les animaux sont alimentés à partir de produits issus de l’agriculture biologique, et provenant au moins en partie de l’exploitation agricole. Des durées minimales d’élevage et des tailles minimales de bâtiment sont réglementées, les animaux ont accès à des pâturages ou parcours extérieurs. Les animaux sont soignés en priorité par des traitements alternatifs (homéopathie, phytothérapie…), en préventif plutôt qu’en curatif.
■ Les produits issus de l’agriculture biologique sont tous garantis sans OGM.
> Voir l'article : [ Produits bio ]
L'agriculture biologique : état des lieux
Agriculture biologique : cultiver des plantes sans pesticides ni engrais chimiques contrairement à l’agriculture traditionnelle. L ‘agriculture biologique obéit à des règles de production strictes (méthodes naturelles). L'agriculture biologique respecte plus la nature que l'agriculture traditionnelle.
Qu'est ce que l' agriculture biologique ?
Un produit issu de l' agriculture biologique ne contient pas d’élément chimique de synthèse. c'est un produit naturel comme avant l’apparition de l’agriculture industrielle et de l’industrie agroalimentaire.
L’agriculture biologique se définit comme un mode de production agricole exempt de produits chimiques de synthèse et d’OGM. C’est aussi et surtout un mode de production durable et respectueux des hommes et de leur environnement. Pour cela, il s’appuie sur une approche globale de l’exploitation et de son milieu, aussi bien dans ses composantes technico-économiques que sociales, environnementales ou historiques.
L’agriculture biologique est basée sur l’équilibre entre le sol, les animaux et les cultures. En favorisant les équilibres et l’activité biologique des sols, c’est celui-ci que l’on nourrit et que l’on fait vivre et c’est la cohérence de fonctionnement du système que l’on vise.
La bio n’est pas seulement un système de production respectueux de l’environnement (1), mais également un modèle d’agriculture efficace économiquement (2) et socialement (3).
La bio, c’est un projet de société, déjà porté par les citoyens et qui doit être désormais davantage porté par les politiques publiques.
1- Un agro-éco-système véritable excellence environnementale et sanitaire Les pratiques mises en œuvre par l’agriculture biologique (rotation des cultures, restauration d’une mosaïque de milieux, suppression des produits chimiques de synthèse, lutte biologique…) ont des effets positifs directs et très sensibles sur :
- la qualité de l’eau,
- la fertilité naturelle du sol (vie microbienne et structure du sol),
- la biodiversité sauvage (flore, insectes, vers-de-terre, papillons, oiseaux, petits mammifères, batraciens…) en particulier les abeilles et autres pollinisateurs,
- la biodiversité domestique (semences et races adaptées au milieu),
- la consommation d’énergie et l’effet de serre (100 unités d’azote chimique sur un hectare équivalent à 9 600 km en voiture),
- la santé des consommateurs mais aussi des agriculteurs, des salariés de l’agroalimentaire et des usagers de l'espace rural.
Même si aucune technique ne peut prétendre à la perfection environnementale, la bio est actuellement le mode de production agricole le plus abouti et le plus efficace en ce sens. Par ailleurs, elle est la seule à offrir une garantie « du sol à la table » : chaque acteur des filières bio est contrôlé une à trois fois par an. Ainsi la bio ne se définit pas seulement par l’interdiction des produits chimiques de synthèse. Cette exigence est l’un des moyens que se sont donnés les acteurs bio (agriculteurs et entreprises) pour atteindre leurs objectifs
2- Une autonomie technique et économique : « faire mieux, avec moins »
- L’agriculture biologique vise notamment à rendre les agriculteurs maîtres de leurs choix, ce qui s’appelle l’autonomie (à ne pas confondre avec l’autarcie : toute ferme est un milieu ouvert, tant d’un point de vue environnemental qu’économique).
L’autonomie technique consiste à ne pas dépendre d’importations d’aliments du bétail, de semences standardisées ou d’engrais chimiques, grâce à l’organisation d’un système de cultures et d’élevage complémentaires dans l’espace et dans le temps. L’autonomie économique consiste à organiser des filières commerciales les plus « courtes » possibles, c’est-à-dire en réduisant le nombre d’intermédiaires et en rapprochant l’agriculteur des consommateurs. « Bio et local, c'est l'idéal ». 3- La bio ne coûte pas plus cher pour la collectivité et crée de l’emploi !
- Le surcoût apparent des produits bio est la conséquence de politiques agricoles inadaptées, qui ne prennent pas en compte les coûts environnementaux, sanitaires et sociaux de l’agriculture industrialisée.
Un exemple illustre bien le caractère illusoire du surcoût de la bio. Face à un début de détérioration de la qualité de l’eau, la ville de Munich a décidé en 1991 de s’engager au côté des agriculteurs pour faire changer les pratiques agricoles sur le bassin versant qui approvisionne la ville en eau potable. Une vaste opération de gestion forestière durable et de passage en bio est ainsi lancée et largement financée par la ville. Rapporté à la consommation d’eau de ses habitants, l’ensemble des aides attribuées aux agriculteurs pour les inciter à changer leurs pratiques correspond à une quote-part de 1 centime d’euro le mètre-cube. En France, la simple dénitrification de l’eau s’élève à plus de 28 centimes d’euro le mètre-cube. Ainsi, le soutien aux agriculteurs bio coûte 28 fois moins cher que la dépollution de l’eau liée aux pratiques agricoles polluantes !
Il en est de même pour les soins des longues maladies provoquées par l'exposition aux pesticides ou pour les coûts de main-d’œuvre qui résultent d’une fiscalité favorable à la mécanisation et défavorable à l’emploi salarié : il s’agit là de choix politiques réversibles
Le prix des produits bio
le prix de la bio : ce n’est pas que pour les bobos. Le prix est souvent cité comme frein majeur à l’achat de produits bio
- Pourquoi ces derniers sont-ils en moyenne plus chers ?
D’une part, parce que les coûts de production bio (main d’œuvre plus importante, plus juste rémunération des producteurs, coûts des contrôles et des analyses) et de logistique (moindres volumes issus de fermes et d’opérateurs moins nombreux et plus dispersés) sont supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. D’autre part, car les aides publiques versées à la bio sont nettement inférieures à celles que reçoivent les exploitations agricoles non bio : 80% des aides sont attribuées à seulement 20% de grosses exploitations intensives. Mais aussi parce que la seule comparaison prix/quantité ne reflète ni les qualités organoleptiques des produits bio, ni l’absence de résidus de pesticides, ni leur richesse en nutriments (de 20 à 75% de plus en vitamines, sels minéraux, protéines et oligo-éléments que dans leurs homologues conventionnels).
Enfin, les prix des produits de l’agriculture conventionnelle sont artificiellement bas car ils n’intègrent pas les dégâts environnementaux, sociaux et de santé générés par leur production et leur consommation (externalités négatives).
- Une récente étude du CGDD montre ainsi que les coûts de potabilisation de l’eau dus à la conduite en agriculture conventionnelle des parcelles situées sur les aires d’alimentation des captages en eau potable se traduisent par des dépenses additionnelles pour les ménages d’environ 500 € / an. Une partie (7 à 12% en moyenne nationale) est répercutée sur la facture d’eau et le reste de ces coûts induits (achat d’eau en bouteille, filtrage domestique, collecte et
traitement des emballages…) étant également mais indirectement à la charge des ménages (montants hors dépenses de santé éventuelles). A ce sujet, aucune enquête sur les prix des produits non bio n’existe pour expliquer le report des coûts réels considérables sur la collectivité au profit des multinationales de l’agroalimentaire de l’agrochimie et de la grande distribution. A quand une véritable transparence de la filière tenant compte des marges des distributeurs et des conditions économiques et sociales de production ? En réalité l’agriculture conventionnelle industrialisée est très chère pour les citoyens, et au final, la bio est nettement moins onéreuse qu’il n’y semble.
La réglementation européenne de l'agriculture biologique
- L’agriculture biologique est encadrée par une réglementation européenne qui définit les principes de production, de préparation et d’importation à respecter, les listes de produits utilisables, les pratiques pour chaque type d’élevage et les principes de contrôle, de certification, de sanction et d’ étiquetage.
Les aides de l’Etat pour passer au bio
Les labels du bio
La mention bio : une garantie
- L’usage du terme « bio » sur les produits alimentaires implique le respect du règlement européen de la bio, qui est le seul à exiger l’interdiction de l’usage des produits chimiques de synthèse avec un contrôle et une certification à chaque étape du produit, depuis la terre jusqu’à l’assiette. En France, il existe huit organismes qui contrôlent producteurs, transformateurs, distributeurs et importateurs, une à plusieurs fois par an. Ils sont agréés par
l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO, chargé par les pouvoirs publics de la mise en œuvre des dispositions règlementaires) et accrédités par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC, chargé d'attester que les organismes et les laboratoires qu'il accrédite sont compétents et impartiaux et que toutes les procédures sont bien respectées).
Au niveau européen, le règlement bio voit le jour en 1991 et sera amendé jusqu’en 2008 avant de faire place à un nouveau règlement européen en 2009. Dans ce nouveau dispositif, l’essentiel de la réglementation européenne précédente a été préservée : les objectifs de la bio, l’interdiction de produits chimiques de synthèse, le refus des OGM et des techniques d’ionisation, l’utilisation de listes limitatives (engrais, fertilisants, produits de traitement…), le système de contrôle. Il comprend quelques modifications positives mineures telles que la mention de l’origine des matières premières.
Mais des modifications apportées réduisent qualitativement la portée de la réglementation. D’une part la suppression des règles nationales : la subsidiarité permettait à chaque membre de la communauté de fixer des règles plus contraignantes. Ainsi l’ancien règlement français concernant l’élevage et la production animale (appelé REPAB-F) a disparu, entrainant une baisse des exigences par rapport aux pratiques des éleveurs bio français : plus d’obligation de produire une partie de l’alimentation des animaux sur la ferme, traitements vétérinaires plus laxistes (notamment pas de limitations des anti-parasitaires), intensification des élevages de volailles.
D’autre part, la tolérance de traces OGM jusqu’à 0,9%, s’alignant ainsi sur la réglementation générale, alors que le seuil de quantification est de 0,1%. Pour pallier ces insuffisances réglementaires, des marques privées collectives ont réalisé leur propre cahier des charges, comme Bio Cohérence, Nature et Progrès ou Demeter.
>> Les labels de l'alimentation bio
Le label agriculture biologique
- Le mot « bio » est un label défini par le ministère de l’agriculture français puis par la communauté européenne. Il signifie que les produits que nous mangeons ou utilisons ne contiennent aucun élément chimique de synthèse fabriqué par l’homme. Les produits bio sont cultivés, fabriqués de manière naturelle ; l’intervention de l’homme est une collaboration avec la nature dans la combinaison des éléments de celle-ci ( engrais vert - rotations - plantes compagnes - ennemis naturels des parasites - ... ).
Les chiffres de l'agriculture biologique
2011- Des agriculteurs pas très bio
Les agriculteurs français restent encore réticents à se lancer dans le bio. Tout d’abord parce que l’agriculture bio offre des résultats plus aléatoires que l’agriculture classique, tout en étant plus contraignante. Ensuite parce que, du label à la certification en passant par les appellations d’origine, les agriculteurs disposent de tout un tas d’autres options pour se différencier et vendre leurs produits plus chers. Enfin parce que les organisations professionnelles ont tardé à s’investir dans l’aide au développement du bio, trop éloigné des intérêts commerciaux des coopératives qui ont longtemps vécu en bonne partie sur la vente d’engrais et de pesticides. Du coup, L’agriculture biologique peine à dépasser les 3% de la surface agricole utile (SAU) française, même si les hectares bio ont fait un bond de 63% depuis 2008, selon l’Agence Bio. La France ne vient encore qu’au 19e rang en Europe. Des progrès techniques restent à faire pour le lever les réticences des agriculteurs. Fin mai 2013, le gouvernement Ayrault, qui veut relancer la filière bio, dévoile son plan Ambition bio 2017. Son objectif est de doubler les surfaces cultivées en bio en France d’ici cinq ans, notamment via des aides aux agriculteurs. (source : Les Echos)
Moins d'antioxydants dans les fruits et légumes bio
Une question en au centre du débat entre les partisans et détracteurs de l'agriculture bio : les aliments bio sont-ils meilleurs pour la santé ? Sont-ils plus riches en antioxydants et moins contaminés par des métaux toxiques et des pesticides ? Une méta-analyse de l'Université de Newcastle (projet "QualityLowInputFood" et de l'organisation Sheepdrove Trust) menée par Carlo Leifert en collaboration avec des scientifiques de différents pays, dont l'Inra en France, a porté sur 343 publications et a comparé les cultures conventionnelles de fruits, légumes ou céréales et celles issues de l'Agriculture biologique.
Conclusion : les fruits et légumes bio ont des concentrations plus élevées (de 18% à 69%) en antioxydants que les fruits et légumes conventionnels. Ils sont plus riches d'antioxydants comme les acides phénoliques, flavanones, stilbènes, flavones, flavonols et anthocynanines.
En réaction à un stress lié à leur environnement, les plantes produisent souvent des métabolites secondaires; ce sont les molécules anti-oxydantes. Les fruits et légumes bio en produisent plus - c'est l'hypothèse de travail - car elles sont moins défendues par des produits chimiques de synthèse et doivent donc se défendre naturellement, plus que leurs homologues d'agriculture conventionnelle.
La différence entre le nombre d'attaques subies par les cultures bio ou non bio serait ainsi à la base de cet avantage expliquent les chercheurs dans un communiqué : "Des différences plus faibles, mais néanmoins statistiquement significatives ont également été détectées pour certains caroténoïdes et des vitamines".
Moins ce polluants : la confirmation
Autre découvert, le cadmium serait également présent en quantité plus faible dans les cultures bio (en moyenne 48% de moins).
Les taux de présence en azote, en nitrate et en nitrite, sont également respectivement 10%, 30% et 87% moins élevés dans les cultures biio. Mais il reste des résidus (comme on l'a vu avec le vin bio), ce qui pourrait être du aux traitements conventionnels à proximité des exploitations biologiques.
Les fruits produits en agriculture bio présentent environ sept moins plus de résidus de pesticides que ceux produits en agriculture conventionnelle (75 à ± 5% près). Pour les légumes cultivés en conventionnel et les aliments transformés produits à base de ces légumes conventionnels, la fréquence des résidus est 3 à 4 fois plus forte qu'avec les produits bio.
Dans son dernier rapport, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estimait que 97,2% des échantillons alimentaires testés présentent des taux de résidus se situant dans les limites européennes légales et que ces taux d'exposition ne présentent pas de risque à long terme dans le cadre d'une alimentation normale et diversifiée.
A l'inverse, d'autres études (comme celle de la FSA, l'Agence britannique des normes alimentaires, qui s'appuyait sur 46 études spécifiques) ont conclu qu'il a peu de différences significatives entre les fruits et légumes issus de l'agriculture biologique et les autres.
Pour trancher définitivement, il faudrait maintenant se poser la question de l'impact de ces différences de concentrations sur la santé. Et pour cela, il faut faire des études lourdes, sur des cohortes entières et pendant des années. En attendant, continuons donc de manger sain ... et bio.
L'agriculture bio en régions en 2010
Que représente la bio en régions en 2010 ?
- le nombre d’exploitations et les surfaces engagées en bio ont évolué positivement dans toutes les régions ;
- 2 régions avaient une part de l’agriculture biologique dans l’ensemble du territoire agricole supérieure à 6% (PACA et Languedoc-Roussillon) ;
- le nombre d’exploitations bio a passé la barre des 2 000 dans 3 régions (Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées),celle des 1 000 dans 7 régions (en ajoutant l’Aquitaine, PACA, Pays de la Loire et Bretagne), ces 10 régions rassemblant au total 67% des exploitations bio de France ;
- près de la moitié des surfaces bio était localisée dans 5 régions (Midi-Pyrénées, Pays-de-Loire, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, PACA).
La première région d'agriculture biologique en 2011 : Rhône-Alpes
Communiqué de la région Rhône-Alpes de janvier 2012 :
- Le nombre d’exploitations mais aussi en nombre de transformateurs. Les surfaces régionales cultivées en bio ont également fortement augmenté en 2011 et atteignent les 6 % de surface agricole utile. Corabio (la Coordination Rhône-Alpes de l’Agriculture Biologique) et Bioconvergence (l’association des transformateurs et distributeurs bio de Rhône-Alpes) analysent la situation en Rhône-Alpes dans l’édition 2012 des chiffres de la production, transformation et distribution en bio. Malgré un certain ralentissement par rapport à 2010, la production biologique a poursuivi son développement en 2011 avec des installations et des conversions en bio en grand nombre dans tous les départements de la région.
- Avec des structures plus jeunes, plus collectives, les exploitations bio de Rhône-Alpes proposent de nouvelles solutions face au recul agricole que fait ressortir le recensement 2010 de l’Agreste.
Corabio dénombre, fin 2011, 2 602 exploitations certifiées en agriculture biologique sur 86 040 ha de surfaces conduites en bio et en conversion. 300 exploitations se sont nouvellement converties à l’agriculture biologique courant 2011 soit une croissance de 13 %, notamment sur les départements de la Savoie, la Haute-Savoie et la Loire.
Bioconvergence recense, fin 2010, 1 230 préparateurs de produits bio certifiés (producteurs transformateurs, artisans boulangers, bouchers, entreprises de transformation, grossistes…), une croissance de 37% par rapport à 2009 ! La bio devient de plus en plus accessible avec 277 artisans boulangers et bouchers, 320 magasins et 112 restaurants proposant du bio. Côté filières, le lait de vache bio est en croissance (45,9 millions de litres de lait en bio), structuré sous l’impulsion d’importantes laiteries qui développent leur collecte en AB. Par ailleurs, les viticulteurs bio sont de plus en plus nombreux en Rhône-Alpes (449 vignerons en bio ou en conversion pour 4 616 ha, ce qui place la région au 4ème rang national en terme de surfaces).
Les chiffres clé de la bio en Rhône-Alpes :
- 6 % de la surface agricole utile en bio (contre 3 % au niveau national),
- 2 602 producteurs bio (+ 13 % par rapport à 2010) sur 86 040 ha (+ 12 %),
- 1 230 préparateurs en bio en 2010 (+ 37 % par rapport à 2009), dont 277 artisans, 386 transformateurs et 188 grossistes,
- 320 magasins bio (+ 8 %) et 112 restaurants,
- 300 exploitations nouvellement converties et au moins 121 nouveaux transformateurs bio en 2011 (+10 %),
- 889 producteurs en vente directe (+ 13 %) et 581 exploitations qui transforment à la ferme (+11,5 %). L’édition 2012 de « L’Agriculture Bio en Rhône-Alpes » propose un panorama complet des chiffres de la production, transformation et distribution téléchargeable sur www.corabio.org et www.bioconvergence.org.
Les chiffres de l’agriculture biologique en 2010
L’agriculture biologique a connu une « croissance historique » en 2010. Selon l’Agence BIO, qui fête ses 10 ans en 2011, « malgré le contexte de crise, l’agriculture biologique poursuit son développement ».
> VOir l'agriculture bio progresse malgré la crise
L'agriculture biologique en 2008
- L'agriculture biologique a progressé en 2008 atteignant 2,12% de la surface agricole utilisée en France, selon l'Agence Bio.
Les surfaces biologiques ou conservatoires représentaient 3300 hectares .
Implantation de l'agriculture biologique en 2009 : le Nord de la France est moins développé en agriculture biologique, que le Sud, l’Est et l’Ouest de la France.
- En 2008, 13.298 exploitations agricoles se sont engagées dans l'agriculture biologique (+11%). Les 4premiers mois de l'année, 1.320 agriculteurs se sont lancés dans l'agriculture biologique malgré la crise économique en Europe.
- La surface en hectares en conversion vers l'agriculture biologique en 2008 a progressé de 36% (580.000 hectares consacrés à l'agriculture biologique).
Les chiffres de l'agriculture biologique en 2010
L'agriculture biologique a connu une « croissance historique » en 2010 :
- Début 2011, il y a avait 20.600 agriculteurs bio en France (on est passé de 2 à 3 % en 2 ans) soit 50 % de plus par rapport à 2008,
La part de Français acheteurs de produits bio reste quant à elle stable.
Selon l'Agence BIO, « Malgré le contexte de crise, l’agriculture biologique poursuit son développement ». « On estime que la croissance du marché total des produits bio s’est élevée à + 10 % en France en 2010 », poursuit-elle.
Le fonds Avenir bio du gouvernement, promu en 2008, a soutenu la croissance par son soutien à 35 programmes de structuration des filières bio.
8,2 millions d’euros ont été attribués en 3 ns à 92 bénéficiaires pour les encourager à développer l’agriculture biologique de manière contractuelle.
Un nouvel appel à projets (le 7 février 2011à vise à renouveler cette approche de soutien.
La loi de finances 2011 a bien réduit de de 4.000 à 2.000 euros le crédit d’impôt dont bénéficient les agriculteurs qui passent à l’agriculture biologique mais le soutient global ne cesse pas pour autant. François Thierry, président de l’Agence bio, qui fête ses 10 ans 2011, a déclaré que « le soutien à l’agriculture bio n’est pas pour autant en baisse. Des aides complémentaires, et le fonds Avenir bio sont là pour aider la filière », précise-t-il.
La superficie des surfaces agricoles utiles (SAU) en agriculture biologique a augmenté de 23,5 % en 2010 par rapport à 2009. « La France comptait, fin 2010, 836.000 hectares conduits en bio : environ 261.000 en conversion et 576.000 en bio »,
En 2009, l'agriculture biologique ne représentait que 2,46 % de surface agricole en bio et environ 2,9 % en 2010 : un taux très faible face à l’agriculture conventionnelle, loin de l'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement de 6 % de terres agricoles exploitées en agriculture biologique d'ici 2012 et de 20 % en 2020.
- La région Rhône-Alpes reste la première région avec 2300 d’exploitations en agriculture biologique
- Le Languedoc-Roussillon compte 2.200 exploitation bio et Midi-Pyrénées 2.100
Les chiffres de l'agriculture biologique en 2009
- Selon le bilan annuel de l'Agence Bio, même si l'objectif fixé par le Grenelle qui est de consacrer 6% des terres agricoles au bio d'ici 2012 n'est pas encore atteint, l'agriculture bio continue son ascension en représentant 3,14% des exploitations agricoles fin 2009, et 2,46% de la surface agricole.
Le nombre d'agriculteurs bio a augmenté de 23,7% entre 2008 et 2009, et le premier trimestre de 2010 montre une progression de 30% par rapport à 2009. Actuellement, plus de 19.594 producteurs cultivent en suivant scrupuleusement les normes de l'agriculture biologique.
D'autre part, avec 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui représente 1,9% du marché alimentaire total, l'agriculture biologique confirme son dynamisme.
Enfin, côté consommation, les achats par le consommateur final ont augmenté de 31% pour les liquides vendus en grande surface et de 16% pour les produits d'épicerie, depuis début 2010. Les grandes surfaces alimentaires vendent 45% des aliments bio, tandis que la part de marché des magasins spécialisés est de 38%.
Selon le gouvernement, sur le site officiel du Grenelle :
- Fin 2009, 16 446 exploitations étaient certifiées « biologiques », soit près d’un quart de plus qu’en 2008, et 2.5% de la surface agricole utile en France. Cette évolution continue à s’accélérer puisque durant la première moitié de l’année 2010, le nombre de nouvelles exploitations en agriculture biologique a été supérieur de 30% à celui de la même période pour 2009. L’objectif fixé par la loi « Grenelle 1 » est d’atteindre 6% de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique d’ici 2012.
Comment est réglementée l’agriculture biologique ?
Le plan d'action officiel Horizon 2012 de l'agriculture biologique
- Le plan d’actions Agriculture biologique : horizon 2012 a été présenté en septembre 2007. Ce plan d’action intègre les thématiques nécessaires au développement de ce mode de production respectueux de l’environnement selon cinq axes : conversion et pérennité des exploitations biologiques ; structuration de la filière ; consommation de produits bio ; la formation, le développement et la recherche ; la réglementation adaptée.
Les exploitants agricoles bénéficient d’aides à la conversion et au maintien de l’agriculture biologique dans le cadre de la Politique agricole commune. En 2011, 84 millions d’euros accompagneront la production biologique contre 71 millions d’euros en 2010 (+ 18 %). Ainsi, la dynamique de conversion constatée en 2009, soit 10 nouvelles exploitations par jour, s’amplifie en 2010 avec 15 conversions quotidiennes.
Agriculture biologique - le saviez-vous ?
- 71% des restaurants collectifs ont indiqué vouloir introduire le bio dans leur menu de façon certaine d'ici 2012.
- 44% des Français ont consommé au minimum un produit bio une fois par mois minimum, selon le baromètre de l'Agence Bio
- Avec un marché de 2,6 milliards d'euros en 2008, le bio ne représente que 1,7% du marché de l'alimentaire.
Certes, les produits issus de l'agriculture biologique ne représentent encore qu'une part infime du marché de l'alimentaire et notamment sur le territoire, mais elle continue de se développer doucement mais sûrement.
>>> En 2008, selon l'Agence Bio, en France, l'agriculture bio s'étendait sur près de 584 000 ha, c'est à dire sur 2,12% de la surface agricole totale seulement.
La France est largement battue en termes de taille des surfaces bio : l'Italie a la palme d'Europe, suivie de l'Espagne (qui exporte l'essentiel de ses produits bio), de l'Allemagne et du Royaume-Uni. La France, quant à elle, est cinquième pour l'importance des terres, mais 21e si l'on considère la part de la production bio dans le total de l'agriculture !
Fruits et légumes bioCependant, alors que l'un des objectifs du Grenelle de l'environnement est de multiplier par 3 les surfaces agricoles bio, ces dernières ont augmenté de 36,4% par rapport à 2007.
En 2006, l’agriculture biologique représentait 31 millions d’hectares dans 120 pays et constituait un marché de 40 milliards de dollars. Le marché français estimé à 1,6 milliard d’euros en croissance de 10% par an depuis 1990. Selon le baromètre 2007 de l’Agence Bio, en 2007 comme en 2006, 4 Français sur 10, 42% exactement, ont consommé un produit bio au moins une fois par mois.
- Selon ce sondage du CSA, 2 Français sur 3 déclarent qu’ils prévilégient l’achat de produits respectueux de l’environnement ou des principes du développement durable. La plupart des consommateurs achètent des produits BIO parce qu’ils ne nuisent pas à l’environnement et car ils sont sûrs d’obtenir des produits sans pesticides ou produits chimiques ET parce qu’ils sont meilleurs pour leur santé que les produits traditionnels.
- Le saviez-vous ? Les produits laitiers biologiques contiendraient 6% d'oméga3 de plus que les produits laitiers classiques non bio car ce lait est fourni par des vaches qui broutent de l'herbe naturelle dans les prés.
Les normes définissant le BIO sont un bénéfice pour l’environnementcar elles excluent tout pesticide, fongicide, fertilisant, antibiotique, polymère, etc…La France est le 1er pays européen pour l’utilisation de pesticides avec 78 000 tonnes de produits phytosanitaires répandus dans les champs.
Les produits phytosanitaires, qui sont présents dans 2/3 des produits classiques non bio, ne se retrouvent pas dans les produits bio. Un rapport officiel du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) britannique confirme que la production de produits biologiques a moins d’impact sur l’environnement que la production conventionnelle moderne qui utilise engrais et pesticides.
L’IFEN, Institut Français de l’Environnement, confirme l’intérêt de l’agriculture bio alors que plus de 96% des rivières et 61% des nappes d’eau souterraines sont contaminées.
Quels sont les avantages environnementaux de l'agriculture biologique ?
- L'élevage en agriculture biologique utilise moins d'aliments industriels achetés pour les animaux mais plus d'herbes, de luzerne produits naturellement et localement. On estime que du point de vue du bilan carbone, manger la viande nourri à l'herbe de l'exploitation a un impact d'environ 30% inférieur à la viande de l'élevage intensif traditionnel. Donc, si vous n'arrivez pas à ne pas manger moins de viande, manger de la viande "bio". (Effet de serre. La viande de bœuf en accusation)
- L'agriculture bio émet de 20 à 50% de gaz à effet de serre en moins que l'agriculture intensive moderne : moins de CO2 car moins de carburants du fait d'une moindre motorisation mais surtout moins d'engrais chimiques synthétiques, les engrais azotés.
- L'agriculture biologique emploie plus de composts comme engrais naturels. Elle utilise moins d'engrais et notamment de protoxyde d'azote (N2O) dont l'impact nocif en tant que gaz à effet de serre et 300 fois plus fort que celui du C02.
- Au global, dans les exploitations agricoles biologiques qui parviennent à obtenir un bon rendement , l'agriculture biologique a un moindre impact sur l'environnement, favorise moins le réchauffement climatique et utilise plus de ressources recyclables ou recyclées naturelles.
Les pesticides dans le bio et le non bio
- Générations Futures a comparé les teneurs en résidus de pesticides des fruits, légumes et céréales provenant de l’alimentation conventionnelle avec ceux issus de l’agriculture biologique. Générations Futures est partie du constat que les sceptiques disent souvent que les cultures ne se font pas sous cloche et que donc les champs bios pourraient être contaminés par des pesticides pulvérisés sur les champs conventionnels.
Les opposants au Bio mettent aussi fréquemment en doute le travail des professionnels de la bio qui pourraient avoir des pratiques non conforme à la législation. De ce fait, on met en doute la qualité des aliments bio au regard de la présence de résidus de pesticides de synthèse.
Les résultats sont sans appel:
- 0 résidu de pesticides dans les fruits et légumes bios contre 37 dans le conventionnel (ce qui représente 27 molécules différentes)
- 1 molécule en résidu de synergisant dans 2 échantillons de pain à des doses très faibles en bio.
- Il y a 223 fois moins de résidus de pesticides en moyenne dans les aliments bios que dans les aliments conventionnels
- 17 résidus de pesticides suspectés d’être cancérigènes ou perturbateurs endocriniens dans les produits non bio contre 1 seul détecté en bio.
> Voir les articles sur les pesticides
Les ventes de produits bio explosent et dopent les importations
Les ventes de produits bio ont progressé dans les grandes surfaces : 39% en 2008 et de 75% en trois ans. En pourcentage de surface agricole consacrée au biologique, la France est loin des objectifs fixés lors du Grenelle de l'environnement et reste l'un des plus mauvais élèves de l'Europe, loin derrière l'Italie, premier pays bio européen,
l'agriculture biologique peut-elle nourrir la planète ?
par Brian Halweil, traduit de World Watch
- L'argument qui veut que le rendement de l’agriculture biologique représente 1/3 ou la moitié du rendement de l’agriculture traditionnelle est basé sur des hypothèses biaisées et un manque d’information. Par exemple, la statistique souvent citée selon laquelle une transition vers l’agriculture biologique aux Etats-Unis ne permettrait de produire qu’un quart de la nourriture produite actuellement est basée sur une étude du Département américain de l’agriculture montrant que tout le fumier des Etats-unis ne pourrait couvrir qu’un quart des besoins en engrais du pays - même si l’agriculture biologique ne dépend pas que du fumier.
- Ces arguments sont contredits par des recherches poussées. Par exemple, une étude récente menée par des scientifiques de l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique en Suisse a montré que les fermes biologiques avaient un rendement inférieur de seulement 20% aux fermes conventionnelles sur une période de 21 ans. En passant en revue plus de 200 études menées aux Etats-Unis et en Europe, Per Pinstrup Andersen (professeur à Cornell et gagnant du World Food Prize) et ses collègues sont arrivés à la conclusion que le rendement de l’agriculture biologique arrive environ à 80% du rendement de l’agriculture conventionnelle. Beaucoup d’études montrent une différence encore moins marquée. Analysant les informations de 154 saisons de croissance sur diverses cultures, arrosées par la pluie ou irriguées, Bill Liebhardt, scientifique agricole de l’Université de Californie à Davis, a découvert que la production de maïs biologique atteignait 94% de celle de la production conventionnelle, celle de blé biologique 97% et celle de soja biologique 94%. La production de tomate biologique quant à elle égalait la production conventionnelle.
Plus important encore, dans les pays les plus pauvres où se concentrent les problèmes de famine, la différence de rendement disparaît complètement. Les chercheurs de l’Université d’Essex Jules Pretty et Rachel Hine ont étudié plus de 200 projets agricoles dans les pays en voie de développement et ont découvert que pour l’ensemble de ces projets - ce qui inclut 9 millions de fermes sur près de 30 millions d’hectares - le rendement augmentait en moyenne de 93%. Une étude sur sept ans portant sur 1000 fermiers cultivant 3.200 hectares dans le district de Maikaal, dans le centre de l’Inde, établit que la production moyenne de coton, de blé et de piment était jusqu’à 20% plus élevée dans les fermes biologiques que dans les fermes conventionnelles de la région. Les agriculteurs et les scientifiques agricoles attribuent les rendements plus hauts dans cette région sèche aux cultures de couverture, au compost, au fumier et à d’autres pratiques qui augmentent la matière organique (qui aide à retenir l’eau) dans les sols. Une étude menée au Kenya a démontré que si la production de maïs biologique était moins élevée que la production conventionnelle dans les « zones à fort potentiel » (avec des précipitations au-dessus de la moyenne et une meilleure qualité de sol), dans les régions plus pauvres en ressources, en revanche, la production des agriculteurs biologiques dépassait systématiquement celle des agriculteurs conventionnels. (Dans les deux régions, les agriculteurs biologiques obtiennent des bénéfices nets, un revenu du capital et une rémunération du travail plus élevés).
Contrairement aux critiques qui affirment qu’il s’agit d’un retour à l’agriculture de nos grands-parents ou que la majeure partie de l’agriculture africaine est déjà biologique, que cela ne peut pas fonctionner, l’agriculture biologique est une combinaison sophistiquée de sagesse ancienne et d’innovations écologiques modernes qui permettent d’aider à maîtriser les effets générateurs de rendement des cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la synergie des cultures. Elle dépend énormément de la technologie - et pas seulement de la technologie issue des usines chimiques.
Des fermes biologiques à haut contenu énergétique
- Nous pourrions donc nous passer des usines chimiques ? Inspiré par une mission de terrain dans la ferme biologique d’un agriculteur de la région qui affirmait avoir récolté la quantité incroyable de 26 tonnes de légumes sur six dixièmes d’hectares dans une période végétative relativement courte, une équipe de scientifiques de l’université du Michigan a essayé d’estimer la quantité de nourriture qui pourrait être récoltée après une transition mondiale vers l’agriculture biologique. L’équipe a passé au peigne fin toutes les études comparant le rendement des fermes biologiques et celui des fermes conventionnelles.
- En se basant sur 293 exemples, elle a établi un ensemble de données globales sur le taux de rendement des cultures mondiales les plus importantes dans les pays développés et les pays en voie de développement. Comme prévu, le rendement de l’agriculture biologique s’est révélé inférieur à celui de l’agriculture conventionnelle pour la majorité des catégories de cultures dans les pays riches, alors que les études menées dans les pays en voie de développement ont montré que l’agriculture biologique améliorait le rendement. Les scientifiques ont ensuite lancé deux modèles.
- 1 - Le premier conservateur, dans le sens où il appliquait le taux de rendement des pays développés à la planète entière, autrement dit, selon ce modèle, toutes les fermes, où qu’elles soient, obtiendrait uniquement les rendements les plus faibles des pays développés.
- 2 - Le second appliquait le taux de rendement des pays développés aux pays riches et leur propre taux de rendement aux pays en voie de développement.
La filière agriculture biologique peine à se développer
Ci-dessous un article faisant un point sur les difficultés de l'agriculture bio en 2008, par Nolwenn WEILER
- "Le marché français des produits issus de l’agriculture biologique est en pleine croissance. De nouvelles marques et enseignes fleurissent et même la grande distribution s’y met. Problème : l’agriculture conventionnelle a bien du mal à se mettre au vert. La filière connaît des pénuries de plus en plus régulières. Pour y répondre, les acteurs de l’agriculture biologique plaident pour la mise en place de filières inter-régionales.
Prendre soin de la terre et de sa santé sont les deux motivations principales des consommateurs de produits bio. Ils ne déambulent pas encore en masse dans les rayons bio des supermarchés, mais ils incarnent une tendance lourde, en nette progression. Face à l’industrie agroalimentaire classique, le marché du bio français est cependant encore loin de faire le poids. Les produits sans pesticides ni engrais de synthèse représentent 2% du chiffre d’affaires global du secteur. Ils bénéficient cependant d’une croissance à faire rêver n’importe quel investisseur : 9,5% par an depuis 1999, pendant que l’ensemble du marché alimentaire progressait de 3,6%. Plus de quatre Français sur dix déclarent consommer des produits bio au moins une fois par mois selon le baromètre Agence Bio/CSA (2007). 77% des sondés estiment que l’agriculture biologique « est une voie d’avenir face aux problèmes environnementaux ». Le succès de la filière se mesure aussi par la diversité des consommateurs : un sur quatre est un converti de fraîche date au label AB. Les acteurs du secteur le confirment : Claude Gruffat, PDG des magasins Biocoop, découvre une nouvelle « clientèle familiale du samedi » ; Bruno Cousquer, codirecteur d’une petite chaîne de magasins bios à Strasbourg (Serpent vert) observe « un intérêt nouveau des très jeunes adultes ». « Beaucoup d’étudiants viennent faire leurs courses chez nous alors que la problématique santé n’est pas une préoccupation habituelle dans cette population. En fait, c’est plutôt l’envie de lutter contre la mal-bouffe qui les motive. »
Le développement des supermarchés spécifiquement bio (Biocoop, La Vie claire, Naturalia…) est l’élément le plus visible de cet essor. Avec près de 2 000 points de vente et un chiffre d’affaires moyen qui grimpe de 15% par an, ces magasins spécialisés offrent une diversité de produits appréciée par les éco-consommateurs purs et durs. Plus faciles d’accès pour les non-initiés, les grandes et moyennes surfaces participent également à la banalisation de ces produits. Fréquentées par les trois quarts des acheteurs réguliers ou épisodiques, elles restent les principales distributrices de la filière. Paradoxe : le bio se porte bien grâce à ces temples de l’hyperconsommation. « Il leur suffit d’élargir leur offre, en allongeant leurs rayons spécialisés ou en réunissant tous les produits bio au même endroit. Auchan l’a fait l’année dernière. Cela a été très efficace. La chaîne a contribué pour moitié à la croissance du marché bio en France en 2006. », se réjouit Jean-Denis Bellon, directeur marketing du groupe Distriborg, spécialisé dans la distribution de produits naturels et diététiques.
Le bio se heurte cependant à un problème de taille. L’offre ne suit pas la même courbe croissante que la demande. Les volumes disponibles sont trop réduits. Producteurs et transformateurs français fournissent encore la grande majorité des produits vendus dans les magasins spécialisés ou dans la grande distribution (entre 60 et 90% selon les enseignes), mais les ruptures de stocks menacent. Un ralentissement du développement du bio dans l’hexagone pourrait en découler. Un grossiste comme Bonneterre, dont environ 80% des fournisseurs sont français, se dit confronté à des pénuries assez fréquentes. En 2007, ils ont été obligés de se tourner vers l’Italie pour s’approvisionner en porc élevé en bio. Une pénurie de porcs en France, on croirait rêver ! « La surface agricole utile en bio est aujourd’hui largement en deçà de la croissance de la demande. Il va y avoir un problème de capacité de la France à être autosuffisante en produits bio. », souligne Jean-Denis Bellon.
Réorganiser les filières de l'agriculture biologique
En dix ans, les surfaces certifiées françaises ont été multipliées par cinq. Le nombre d’exploitations bio a triplé. Mais les cultures ne représentent qu’un ridicule 2% de la surface agricole utile. La France, première puissance agricole européenne, se situe au 20e rang en la matière, loin derrière l’Autriche (13,5%), l’Italie (8%), la Finlande (6,5%) ou la Suède (6%). « Cette faiblesse de la production plombe la dynamique. », estime Vincent Perrot, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Pas facile d’attaquer des gros marchés quand on est si faible numériquement. Peu nombreuses, les exploitations bio sont en plus très éparpillées sur le territoire. L’organisation de la collecte et de la transformation implique d’importantes contraintes logistiques et des coûts peu compétitifs. Des difficultés que n’ont pas nos voisins belges, hollandais ou allemands qui ont mis en place depuis longtemps des bassins de production. « En France, la structure agricole n’est pas faite pour développer le bio. », déplore Cécile Frissur, déléguée générale du Synabio, le syndicat national des transformateurs de produits naturels et de culture biologique.
Héritière des réformes radicales lancées il y a 50 ans, et financée en grande partie par la PAC (politique agricole commune), la filière agricole et agroalimentaire française est adaptée aux gros volumes qui empochent la majorité des subventions. Résultat : « L’industrie agroalimentaire classique est aujourd’hui incapable de gérer les petits volumes de la production bio. », souligne Cécile Frissur. Les Lorrains de Biogam, une petite unité de transformation laitière qui a ouvert en janvier 2007, ont dû se rendre en Belgique pour acquérir une machine à fabriquer des yaourts. Et pour trouver l’appareil - d’occasion - nécessaire à fermer les bouteilles de lait, Georges Prost, le directeur, a épluché les petites annonces des revues spécialisées… « Aujourd’hui, les industries laitières sortent entre 100 et 300 millions de litres à l’année, alors que nous n’en produisons qu’un million. On ne trouve plus de fabricants de petites machines. », regrette-t-il. Difficile aussi de convaincre les transporteurs, peu intéressés par un fret trop maigre pour eux. Que faire ? Un soutien public aux transports des petits volumes et à une mise en réseau des PME serait bienvenu. Les prix proposés aux consommateurs seraient ainsi revus à la baisse. L’encouragement aux petites unités de préparation de produits bio serait aussi bien accueilli par les fournisseurs et distributeurs. « La taille modeste des PME rend le suivi et le contrôle qualité plus aisés. », insiste Jean-Denis Bellon, de Distriborg.
Il ne s’agit pas pour autant de créer un réseau de petites industries alimentaires complètement coupées du reste du secteur. Les capitaux brassés par les grosses entreprises et la grande distribution sont attendus impatiemment. Lactel l’a fait pour le lait. Danone a commencé timidement pour les yaourts, après avoir entretenu la confusion avec ses pots « Bio » au bifidus, qui n’avait rien de bio. On est loin de l’image sympathique mais réductrice d’une agriculture biologique uniquement portée par des associations réunissant producteurs et consommateurs (les Amap) ou des petites entreprises agricoles d’insertion. « Cela ne sert à rien d’opposer les circuits de distribution. », insiste Vincent Perrot, de la Fnab. « Circuits longs et circuits courts se complètent. D’ailleurs, grande distribution ne signifie pas forcément circuit long. Les magasins Leclerc, par exemple, se fournissent auprès de producteurs bio locaux. » Les filières très courtes ont leur limite : « Le marché est trop étroit pour n’être organisé qu’à l’échelle régionale. », précise Cécile Frissur, du Synabio. « L’idéal, pour répondre à la demande, serait une organisation inter-régionale. C’est la prochaine étape. Mais nous partons de loin. »
La PAC : un frein au bio
La réorientation de la politique agricole française vers un soutien à l’agriculture biologique est indispensable à la croissance du secteur. Reste que l’État brille par son absence. « Il faudrait arrêter de plomber le bio avec le soutien à l’agriculture raisonnée. », proteste le directeur marketing de Distriborg. Bénie par le gouvernement actuel, l’agriculture raisonnée est très soutenue par l’industrie phytosanitaire (la France est le troisième consommateur mondial de pesticides). Avec un recours « modéré » aux pesticides, aux engrais chimiques ou à l’arrosage, elle fait office d’intermédiaire entre une agriculture conventionnelle productiviste et l’agriculture biologique. « Cela crée de la confusion chez les consommateurs, freine le rythme des conversions en bio et laisse le terrain libre aux autres pays. », s’agacent les partisans du bio.
À la FNSEA, on ne partage pas cet engouement pour le bio et son essor, au contraire de son ennemi juré, la Confédération paysanne. « S’ils parlent beaucoup du bio, les consommateurs continuent à vouloir des produits toujours moins chers et à acheter du non-bio. Pour que la filière se développe vraiment et que des agriculteurs s’installent, la grande distribution doit arrêter de capter aussi copieusement des marges. », se défend Christiane Lambert, vice-présidente de l’incontournable syndicat agricole. Bref, si le bio stagne, c’est la faute aux consommateurs et aux distributeurs, surtout pas celle des agriculteurs ! Christiane Lambert assure que ses ouailles font « de réels efforts pour diminuer leur impact sur l’environnement ». En juin dernier, quand la France a été condamnée par Bruxelles pour non-respect de la législation européenne en matière de limitation de la pollution aux nitrates, des agriculteurs français ont manifesté leur mécontentement en bloquant une route nationale pendant plusieurs jours… De quoi douter de la bonne volonté de certains en matière de respect de l’environnement et, indirectement, du consommateur et de sa santé.
Paradoxe : les importations bio en augmentation
En attendant que la France rattrape son retard, « la solution, c’est l’importation ! », assène Sylvain Marion, de la Fédération nationale de l’épicerie. Cette tendance lourde à l’augmentation des importations est impossible à chiffrer avec précision. Les statistiques de l’Agence Bio précisent simplement que le nombre de demandes d’importation auprès du ministère de l’Agriculture a doublé entre 2001 et 2007. « Il est quasiment impossible d’avoir une connaissance précise de l’origine et des volumes importés, car il n’existe, hélas, aucun recensement spécifique des flux de produits biologiques. Nous ne pouvons que nous baser sur la déclaration volontaire des opérateurs économiques français, ce qui est toujours sujet à caution. », explique Jacques Caplat, de la Fnab. Que l’offre bio repose, à terme, sur les importations, serait un grand paradoxe écologique. Le Maroc est déjà devenu le premier fournisseur étranger, hors Union européenne, du marché hexagonal. Et les produits bio viennent parfois de beaucoup plus loin. « Il y a en ce moment une grande croissance de l’Asie, notamment pour les produits périssables » souligne Sylvain Marion. « Pour le moment, les coûts de transport sont largement couverts par le moindre coût de la main-d’œuvre sur place. »
En plein essor, l’agriculture biologique des pays du Sud va-t-elle, comme sa grande sœur conventionnelle, passer sa vie à nourrir les consommateurs du Nord de la Planète ? Pas si sûr… Car les consommateurs de bio préfèrent les produits locaux, une attitude finalement assez cohérente, et responsable. Stéphane Lagarde, directeur de Filéane, une société qui importe des produits bio de Chine (gingembre, thé…), s’en est rendu compte à ses dépens. Les consommateurs ont boudé ses pommes bio venues de Chine. Autre importateur, Alterbio privilégie les produits français face aux autres. « Même plus cher, il se vend mieux », confie son responsable d’achat Antoine Géa. Cette demande très forte des consommateurs, qui suppose une réorientation totale de la politique agricole française, est confirmée par le baromètre de l’agence bio qui constate que 80% des acheteurs de produits bio privilégient les produits locaux.
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